Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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épurée mais sensible à tous, où seront fixées
toutes les pensées qui germent dans les cerveaux
des hommes de ce temps.
La Maison de Beethoven a été conçue par
M. Berlage dans la note mystique qui lui est
chère. Mais, il serait injuste de ne pas dire que
lorsque les situations l’y engagent, cet architecte
sait se distraire aussi de ses préoccupations méta-
physiques et redevenir l’artiste habile et sûr
qui, oubliant ses idées novatrices, très sim-
plement, créa ce salon exécuté pour la section
hollandaise de l’Exposition de Bruxelles où il
sait être à la fois pratique et artistiquement
éclectique.
Arthur de Rudder.
LA PARTICIPATION DE LA VILLE DE LIÉGE
Non loin de la Maison de Rubens et du
gracieux pavillon de la Ville de Bruxelles,
s’élève dans la plaine du Solbosch le joli çastel
mosan où s’abrite l’intéressante exposition de
la Ville de Liége. L’architecture en est ferme
et fine, accorte et discrète, et la grande cité
wallonne ne pouvait être plus dignement repré-
sentée. Elle joue un rôle éminent à l’Exposition
comme elle joue un rôle éminent dans le pays.
Liége, en' effet, véritable capitale de la
Wallonie, a, dans lé développement de la Bel-
gique moderne, une importance considérable.
Sa puissante industrie métallurgique a fortement
contribué à la grandeur, économique du pays
et le mouvement intellectuel wallon, dont elle
est le centre, fait au mouvement flamingant
un utile contrepoids. Dans la Belgique bilingue,
Liége est une citadelle nécessaire de la culture
française.
Cependant, si la vieille ville wallonne a très
brillamment participé à la vie commune de la
Belgique nouvelle, elle n’a rien perdu de son
caractère particulariste. Comme les gens d’An-
vers et de Gand, les Liégeois sont de leur ville
avant d’être Belges, et nulle part, pas même
à Gand, on ne sent à quel point le passé des
Pays-Bas communaux et féodaux revit en Bel-
gique dans le présent industriel et administratif.
A Liége, comme à Gand, comme à Bruxelles,
comme à Anvers, la longue et tragique histoire
du pays a laissé plus d’une trace dans l’orga-
nisme social d’aujourd’hui et le passé est tou-
jours vivant dans cette ville active et joyeuse.
Personne, assurément ne regrette l’autonomie,
mais la vie municipale est extrêmement intense
et si les grandes familles industrielles rééditent
par quelques traits l’orgueil et le « mépris du
commun » que professaient les anciens lignages,
les réunions politiques qui se tiennent au local
socialiste La Populaire évoquent sans trop de
peine les assemblées tumultueuses des métiers
dans la cour du palais épiscopal.
Le peuple liégeois a conservé son amour de
l’éloquence et la verve, l’esprit d’à-propos, le
maniement de la plaisanterie locale assurent
toujours à ses tribuns la plus solide popularité.
Ce peuple liégeois, du reste, doit à l’industrie
des armes à feu, vieille de trois siècles, une
indépendance d’allures que ne connaissent point
les ouvriers de la grande industrie. L’armurier
liégeois travaille chez lui, dans un petit atelier
qu’il aménage à sa fantaisie. Chaque semaine,
il vient chercher à l’usine un certain nombre
de pièces à dégrossir, à parachever, car nulle
part, la division du travail n’est poussée aussi
loin. Tel ouvrier fabrique les crosses de fusils,
tel autre les polit ; celui-ci termine les pièces
du mécanisme intérieur, cet autre redresse les
canons, toujours plus ou moins déformés par
le forage, ou cisèle des ornements sur l’acier.
A la manufacture même, on ne fait que le mon-
tage, et si cette organisation a tous les incon-
vénients du travail à la pièce, elle a du moins
l’avantage de maintenir intacte la famille ou-
vrière, si souvent désorganisée par l’industrie
centralisée, et de conserver au peuple ses habi-
tudes, ses traditions, son originalité d’esprit.
Le trait essentiel de cet esprit liégeois, c’est
la gaîté, une gaîté solide, une gaîté que rien
ne tue et qui explique l’énergie vivace de cette
ville si souvent ruinée par les gens de guerre,
et qui toujours se réveilla plus forte et plus
vaillante. Dans la bourgeoisie, cela se traduit
trop souvent par une insouciance flâneuse qui
s’attarde en projets et se complaît aux vaines
parlottes de la -vie de café. Dans le peuple,
c’est une bonne humeur accorte et vaillante,
une résignation gentille aux duretés de l’exis-
tence, une propension au rire, à la joie, aux
réjouissances bruyantes des kermesses. Et ces
kermesses ne se traduisent pas nécessairement
par l’interminable beuverie flamande. Certes,
il convient qu’on y mange de la tarte, qu’on
y boive du « péquet » et de la « saison » (bière
populaire). Mais ce qui en fait l’essentiel, c’est
la danse et le spectacle. La danse, c’est le
Cramignon, sorte de ronde chantée ou de faran-
dole pour lesquelles il existe des airs spéciaux
sur de très vieilles paroles wallonnes souvent
empreintes de la plus charmante poésie. Le
spectacle, c’est le Guignol populaire, un Guignol
qui est peut-être plus près de celui de Lyon
que de celui d’Anvers. On y joue de vieux
drames traditionnels : Geneviève de Brabant,
Charlemagne et Les Quatre fils Aymon, ou
Le mystère de la Passion. Mais au milieu de
ces nobles aventures, on voit toujours intervenir
le bon Liégeois Tchantchet qui commente le
drame à la manière du clown shakespearien
et le rattache par des saillies satiriques aux
incidents locaux et contemporains. Le peuple
liégeois a également ses sports favoris qui sont
la lutte et le canotage. Aussi, les dimanches
PAVILLON DE LA VILLE DE LIÉGE.
d’été, les bords de la Meuse et surtout de
l’Ourthe, moins gâtés par l’industrie, sont-ils
animés d’une gaîté populaire qui rappelle les
beaux dimanches de la banlieue parisienne. Tous
les villages qui entourent Liége ont leur fête
particulière, les unes fort anciennes, les autres
de fondation récente. Kinkampois couronne une
rosière, Esneux a sa fête des arbres, Chaud-
fontaine ses bains et ses guinguettes. Pas un
hameau de la banlieue qui n’ait son cabaret
célèbre, ses bals, ses tonnelles, et pour peu
que l’été soit beau, tout cela s’anime d’une
gaîté communicative qui fait reprendre plus
vaillamment le dur travail de la semaine.
Cette gaîté active, le décor de la ville en
porte l’empreinte. Du vieux Liége, de la ville
telle qu’elle était au moyen âge, il ne reste rien
ou presque rien, sauf la tour de Notger, quel-
ques églises — • encore les plus anciennes ont-
elles été si profondément remaniées qu’on a
quelque peine à distinguer en elles ce qui reste
des temples primitifs. C’est que Liége, en effet,
fut pour ainsi dire complètement démoli lors du
sac de la ville par les troupes de Charles le
Téméraire. La cité d’aujourd’hui date, en somme,
du règne réparateur d’Erard de la Marck, qui
fit construire le magnifique palais épiscopal qui
sert aujourd’hui de Palais de Justice, èt Liége,
au point de vue architectural, peut difficilement
se comparer aux grandes villes flamandes.
Mais ce qui en fait le charme,' un charme qui
lui est très particulier, ce sont les vieux hôtels,
les vieilles maisons, les fontaines, les coins pitto-
resques qui y abondent. Ici, c’est une demeure
patricienne construite autrefois par Lambert
Lombard et transformée en maison de com-
merce. Là, c’est une venelle escarpée qui grimpe
entre les jardins et s’amorcent dans une rue