Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
y ait quelque intérêt à agir de la sorte. C’est
pourquoi il importe de laisser au personnel
enseignant une liberté d’action sans laquelle sa
mission perdrait la souplesse nécessaire pour
travailler efficacement à l’éducation intégrale des
enfants. En supprimant cette initiative intelli-
gente qui caractérise le bon instituteur, on ré-
duirait son rôle à celui d’un automate dont
l’action serait fatalement superficielle, vague et
fugitive, alors qu’au contraire l'influence de
l’éducateur doit être profonde, décisive et du-
rable.
Mais il y a un abîme entre cette façon d’in-
troduire occasionnellement des notions dans une
leçon déterminée, et l’enseignement occasionnel
prévu, organisé, systématisé. Autant le premier
procédé est naturel et pédagogique, autant le
second système est artificiel et antipédagogique.
Il est désirable que les élèves reçoivent des
leçons sur la tempérance, la protection des ani-
maux et des plantations, l’épargne, la mutualité,
les droits et devoirs civiques. Faut-il, à cet effet,
créer parmi les enfants des sociétés de tem-
pérance, des sociétés pour la protection des
animaux, des plantations et des édifices publics ?
Non, car ces moyens sont inopérants. Que l’ins-
tituteur mette à profit tous les cours de l’école,
les récréations, les jeux, les promenades, les
mille incidents de la vie scolaire pour éclairer
la conscience des élèves, pour fortifier les bons
penchants et détruire les mauvais, pour exercer
et cultiver la volonté dans ses applications au
bien. L’éducation morale doit être la résultante
de tous les enseignements ; elle doit se mêler
directement ou indirectement à tous les exercices,
à tous les conseils, à tous les avertissements que
le maître peut avoir à donner soit en classe,
soit en dehors de la classe. Elle doit s’adresser
à tous les enfants, quelles que soient les idées
philosophiques ou religieuses des parents, en
ayant soin de respecter toutes les convictions.
Il est utile que lés élèves soient exercés aux
travaux manuels. Qu’on organise sérieusement
cet enseignement au lieu de le laisser au hasard
de l’inspiration. Les occupations manuelles à
l’école primaire, sans viser à la préparation
directe à des métiers spéciaux, sont en effet
considérées aujourd’hui comme des moyens de
développement et de perfectionnement physique,
intellectuel et moral des enfants.
Il est nécessaire que les jeunes- filles soient
initiées théoriquement et pratiquement à l’éco-
nomie domestique. Qu’on institue un cours, d’une
façon régulière, dans la classe supérieure des
écoles primaires ; les futures ménagères en tire-
ront un réel profit.
Il est utile que les élèves (garçons et filles)
de la classe supérieure des écoles primaires
aient quelques notions de droit constitutionnel
et d’économie sociale. Qu’on communique ces
connaissances, d’une manière simple et par des
exemples pris dans la réalité, au cours d'une
série de leçons régulièrement données.
Il est indispensable que les enfants reçoivent
des leçons intéressantes sur des sujets empruntés
aux éléments primaires des sciences naturelles.
Qu’on organise avec le soin le plus attentif,
sur des bases sérieuses, cet enseignement dont
le but est de développer l’intelligence des élèves
par la méthode expérimentale, de leur appren-
dre à observer les phénomènes et les êtres du
monde sensible, le travail humain (métiers, pro-
fessions, industries), de leur faire tirer de ces
exercices des connaissances positives et des di-
rections morales, de leur faire comprendre la
véritable signification des mots en les asso-
ciant intimement aux idées qu’ils expriment.
Or, aucune de ces matières ne figure au
programme-type publié par le Gouvernement.
Il y a là une grande lacune. Heureusement que
la loi permet aux communes de modifier ce
programme-minimum et de le compléter, de
manière à en faire un ensemble de connais-
sances logiquement enchaînées, réalisant les
desiderata de l’éducation moderne. Plusieurs
villes ont profité de cette disposition pour ré-
diger un programme complet d’éducation inté-
grale. Signalons principalement Bruxelles, dont
le programme d’enseignement primaire, édité
l’année dernière, tout en étant susceptible de
nouvelles améliorations, est une œuvre péda-
gogique de haute valeur. 11 est à souhaiter que
BANC-PUPITRE A HAUTEUR ET INCLINAISON RÉGLABLES.
l’autorité supérieure imite cet exemple et trans-
forme le programme-type obligatoire, en tenant
compte évidemment de la situation spéciale dans
laquelle se trouvent les instituteurs et les insti-
tutrices qui exercent leur mission difficile dans
les petites communes ou dans les villages.
*
* *
La section de l’enseignement normal comprend
quatre compartiments dont trois sont affectés
àl’enseignement occasionnel dans les treize écoles
normales de l’Etat. Dans le quatrième compar-
timent sont exposés des photographies relatives
à des leçons de gymnastique et à des séances
de jeux, des modèles de travaux manuels exé-
cutés par des élèves instituteurs et des élèves
institutrices, etc.
On a voulu montrer la contribution apportée
à la culture professionnelle, littéraire, esthétique
et scientifique des élèves instituteurs et des élèves
institutrices par l’enseignement occasionnel de
certaines matières d’instruction préalablement
déterminées. L’enseignement occasionnel orga-
nisé dans les écoles normales de l’Etat embrasse
les matières énumérées ci-après : l’histoire de la
pédagogie, la pédologie, la puériculture (écoles
de filles), l’histoire de la littérature de la langue
maternelle, la géologie et la technologie, l’éco-
nomie sociale et l’économie politique appliquées
à l’expansion belge, l’histoire de l’art. L’orga-
nisation de cet enseignement occasionnel a donné
lieu à l’élaboration de programmes qui servent
de guides aux écoles ; mais les matières que les
professeurs y choisissent, loin de se juxtaposer
aux études du programme obligatoire et de
devenir ainsi l’objet de cours réguliers, vont
se fondre dans les matières de ce programme.
Les programmes des branches à traiter par
l’enseignement occasionnel sont exposés dans les
compartiments. Pour en montrer la mise en
pratique, on les a accompagnes: i° de plans
de leçons associant à l’enseignement direct des
notions qui font l’objet d’un enseignement
occasionnel ; 2° de plans de dissertations péda-
gogiques ou littéraires respectivement orientées
vers l’enseignement occasionnel de l’histoire de
la pédagogie ou de l’histoire de la littérature ;
3° de plans de conférences mensuelles se rap-
portant aux matières occasionnelles ; 40 de plans
de conférences faites par des élèves à leurs
condisciples et se rapportant à des matières
similaires ; 5° de plans de comptes rendus de
lectures recommandées, orientées dans le même
sens ; 6° de plans de comptes rendus d’excur-
sions pédagogiques, artistiques, géologiques et
technologiques.
Il y a là des choses excellentes, faisant hon-
neur aux professeurs qui les ont exposées.
Dans la section se trouvent en outre des
albums composés de travaux d’élèves institu-
teurs et d’élèves institutrices, des appareils de
pédologie, des objets d’intuition pour les leçons
de puériculture, des cartes géographiques et
démographiques, des plans, des cartes en relief,
des estampes coloriées, des diagrammes, des
échantillons de produits industriels, des dessins
d’élèves, des photographies de classes et de
salles d’études, les planches publiées par la
ville de Bruxelles représentant les principales
régions de la Belgique.
Tout cela est présenté dans un cadre agréable
qui charme et attire. Mais les critiques que j’ai
faites au sujet du principe ayant servi dç base
à l’organisation de la section de l’enseignement
primaire doivent être également adressées à la
section de l’enseignement normal. L’enseigne-
ment occasionnel ne permet pas de traiter d’une
façon suffisante des matières aussi importantes
et complexes que l’histoire de la pédagogie, la
pédologie, la puériculture, l’histoire de la litté-
rature française ou néerlandaise, la géologie,
l’économie sociale, l’archéologie. Pour que les
faits principaux empruntés à ces différents do-
maines puissent être compris et assimilés con-
venablement par les jeunes gens et les jeunes
filles des écoles normales, il faut qu’ils fassent
l’objet de cours réguliers. Actuellement, aucune
de ces rubriques ne fait partie du programme
des écoles normales de l’Etat, programme qui
est également celui des écoles normales pri-
vées.
Or, ces matières présentent un intérêt majeur
pour de futurs éducateurs. Le problème de
l’éducation a pris, à notre époque, une telle
ampleur qu’il ne suffit plus d’avoir fait des
études élémentaires ou tronquées pour se consa-
crer au développement des intelligences et à la
formation des caractères. L’instituteur et l’ins-
titutrice doivent posséder des connaissances
générales et professionnelles étendues pour
pouvoir remplir utilement leur mission. C’est
qu’en effet l’école primaire a subi une forte
évolution, surtout pendant ces trente-cinq der-
nières années, c’est-à-dire depuis la création
de l’Ecole modèle par la Ligue de l’Ensei-
gnement. Elle n’a plus pour but d’enseigner
uniquement la lecture, l’écriture, le calcul et
quelques autres petites notions; son idéal
consiste à assurer le développement complet de
la totalité des enfants de la nation par une
éducation intégrale qui fortifie le corps, déve-
loppe le cerveau et ennoblit le cœur.
A cette évolution de l’école primaire doit
correspondre une transformation progressive de
l’école normale. Il faut que la formation des
instituteurs et des institutrices soit sans cesse
perfectionnée, de manière à élargir graduelle-
ment leurs connaissances et à augmenter leur
savoir. A cet effet, il est indispensable d’élever
le niveau des études normales. Aujourd’hui
encore, l’examen d’admission dans les écoles
normales de l’Etat et dans les écoles normales