Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
L’EXPOSITION DE BRUXELLES
331
dans l’éther à la vitesse de 300,000 kilomètres
à la seconde.
On peut prendre comme comparaison le phé-
nomène suivant. Si dans une pièce fermée se
trouve un piano, et qu’à une certaine distance
de ce piano, on ait tendu une corde entre deux
points, lorsque l’on frappera sur une touche
du piano, celle-ci donnera naissance à des ondes
sonores qui se propageront à travers l’atmos-
phère et rencontreront la corde tendue entre
deux points : elle aussi se mettra à vibrer. A
ce moment les ondes sonores ont été employées
comme propagatrices d’une force. Les phéno-
mènes de la télégraphie sans fil sont un peu
du même ordre, mais le piano y est remplacé
par une antenne.
Nous voyons donc qu’un appareil convenable-
ment disposé peut émettre des ondes qui se
propagent dans l’éther, milieu impondérable et
partout existant. Si par des moyens appropriés
on arrive à déceler dans l’air ces ondes voya-
geuses, la télégraphie sans fil est née. Voici
comment on reçoit ces ondes émises.
Un peu de patience encore, la merveille en
vaut la peine ; ce n’est, d’ailleurs, que légè-
rement plus compliqué :
Si l’on dispose un appareil constitué par un
fil de platine très fin, au centième de millimètre,
affleurant la surface d’un liquide composé
d’acide sulfurique et d’eau, avec lame de platine
plongeant dans le liquide, et qu’on dispose une
pile aux extrémités de ces deux électrodes (le
fil et la lame), on constate qu’il y a décom-
position du liquide : une bulle gazeuse se forme
sur le fil de platine, elle disparaît pour céder
sa place à une autre, et le même phénomène
se reproduit jusqu’à épuisement du liquide. Mais
si l’on calcule convenablement le voltage de la
pile, la bulle gazeuse qui se produit cette fois
demeure. D’autre part, on a constaté que les
ondes hertziennes ont la propriété curieuse de
faire disparaître, en partie, cette bulle de gaz.
On monte donc un appareil constitué par une
antenne reliée au petit fil de platine ; l’autre
lame se trouve à la terre. On monte, sur ces
deux mêmes points, le fil et la lame, une pile
dans le circuit de laquelle on a branché des
écouteurs téléphoniques, et il se passe les phé-
nomènes suivants:
Lorsqu’on ferme le circuit de la pile, un
TABLE DE RÉCEPTION POUR LV TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. (MARINE ET GÉNIE MILITAIRE FRANÇAIS.)
courant circule à travers l’appareil électroly-
tique (représenté par l’eau acidulé', le fil et la
lame de platine), une bulle gazeuse se forme
et le courant est interrompu. Mais si. l’on envoie
une onde hertzienne dans la zone de réception,
cette onde est recueillie par l’antenne et elle fait
disparaître en partie la bulle gazeuse. Comme
nous l’avons déjà dit, celle-ci se régénère, c’est-
à-dire se reforme dans son intégrité en em-
ployant le courant de la pile. Comme ce courant
passe par un écouteur téléphonique, celui-ci est
actionné, et on entend un point ; puis une autre
onde donne naissance à un autre point, et ainsi
de suite. Les ondes se succédant très rapidement,
on entend une série de points, très rapprochés
les uns des autres. Le bruit correspond à un
roulement que l’on appelle un trait ; si l’onde
est seule, on n’entend qu’un point. Par ce sys-
tème, on peut recevoir un « radiotélégramme »
puisque la télégraphie sans fil emploie l’al-
phabet Morse, composé de points et de traits.
Voilà, sommairement expliquée, la merveil-
leuse télégraphie sans fil.
La France compte actuellement l’installation
de près de trois cents postes de radiotélégraphie,
en dehors des installations des colonies.
II nous reste peu de choses à dire pour achever
cette revue de la télégraphie à l’Exposition.
En France, nous trouvons encore quelques
types des appareils Hugues, déjà cités ; les
appareils de télégraphie sous-marine de Terrin
et Ficard ; ainsi qu’un relais de câble, également
pour télégraphie sous-marine.
L’Italie expose, en France, un appareil Morse,
et elle expose, chez elle, ses bronzes phospho-
reux pour ligne télégraphique, ainsi qu’un
modèle de système de traversement des lignes
d’énergie électrique (lesquelles transportent par-
fois des forces de 13,000 volts) au-dessus
des lignes télégraphiques ; ces dispositions ont
été ordonnées par le ministère italien, afin
d’éviter les accidents par chute de câbles.
Comme on le voit par cet exposé des moyens
actuellement en pratique, la télégraphie est en
bonne posture par le monde et fait belle figure
à l’Exposition.
LE FOLKLORE
Qu’est-ce que le Folklore ? Le mot, comme la
science qu’i1 désigne, sont relativement récents.
Ils datent l’un et l’autre de cinquante ans à
peine. Qu’est-ce que le Folklore ? Pour répondre
à cette question, nous ne pouvons mieux faire
que de citer un passage du discours prononcé
par M. Vanderlinden le jour de l’inauguration
de cette exposition au palais du Cinquantenaire :
« Le Folklore, ce sont nos fées, nos nutons,
nos kaboutermannekens, les êtres étranges qui
sortent de la solitude et de la nuit, réminiscences
des cultes disparus. Le Folklore, c’est l’expan-
sion chrétienne qui les a suivies ; ce sont les
légendes des saints, les pèlerinages aux ora-
toires réputés, les patrons locaux, ceux des mé-
tiers et des professions.
» Le Folklore, ce sera la façon dont les ancêtres
se sont attachés au sol en y construisant leurs
demeures, ce sera l’habitation avec ses types
empruntés aux races celtique, germanique, la-
tine, avec les transformations qu’elle a subies
dans le cours des siècles, avec ses infinies loca-
lisations, diversifiées suivant le génie et la na-
ture propres à chaque région.
» Le Folklore, ce sera la vie privée des ancêtres
autour du foyer, avec le mobilier, les costumes,
la coiffure, les bijoux, avec les jeux et les jouets,
avec les ustensiles de l’agriculture et des métiers,
avec les coutumes relatives aux fiançailles, au
mariage, à la naissance des enfants, à la mort,
avec les lieux juridiques qui naissent de la vie
sociale. Ce sera la vie extérieure et publique.
Ce seront les corporations avec leurs insignes,
leurs statuts, leurs cortèges, leurs ommegangs.
Ce seront les personnages empruntés aux formes
mystérieuses de la légende, contemporains de
la fondation des villes ou nés simplement de
l’humour de la race.
» Le Folklore, ce seront encore, avec les patois,
les proverbes, les locutions de terroir, les in-
nombrables produits qui composent la littérature
populaire, ceux que fournit la plastique appli-
quée au bois et aux métaux ; la peinture, la mu-
sique, le théâtre, aussi longtemps qu’ils restent
tels qu’ils sont sortis de l’imagination prime-
sautière et féconde du peuple, étrangère à toutes
règles autres que celles que lui dicte l’origina-
lité de leur esprit.»
Le Folklore est donc, dans ce qu’elle a de
plus simple, de plus naïf, de plus enfantinement
vrai, l’expression de l’âme populaire. L’esprit,
pas encore dégrossi, du peuple erre un peu à
l’aventure à travers un monde de superstitions,
de coutumes singulières, mais combien pitto-
resques. Etudier les modalités de cette fruste
intelligence, noter les caractéristiques de cette
psychologie si profondément humaine, telle sera
l’œuvre du flokloriste.
L’exposition du folklore, qui occupe plusieurs
salles situées près de l’annexe de la section
belge des beaux-arts, au Parc du Cinquante-
naire, a été organisée par un comité en tête
duquel se trouve le député Julien Van der
Linden, un des folkloristes les plus distingués
de notre pays. Dans l’esprit des promoteurs de
cette exposition, celle-ci doit constituer l’ébauche
d’un musée du folklore national. Souhaitons que
cet espoir devienne une réalité. A côté de ses
gloires artistiques incontestées, une nation doit
réserver une place, petite si l’on veut, aux
vagissements de l’âme populaire. Il est juste
que ses essais imparfaits, ses timides esquisses
où le caractère du populo minuto se révèle
d’une manière si intense, soient recueillis avec
soin, nous allions dire avec amour.