ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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332 L’EXPOSITION DE BRUXELLES Dans la rapide visite que nous ferons de l’ex- position du Folklore national, nous suivrons l’ordre du catalogue, habilement rédigé par le secrétaire du comité, M. Is. Teirlinck. De suite, LA CHAISE DE LA FEMME ADULTÈRE. des figures amies s’offrent à nos regards. Ce sont les bons géants familiers. De tous temps le peuple belge aima ces géants. Ce ne sont plus pour lui les êtres grandioses et farouches de la fable antique, mais de bonnes gens bienveil- lantes, une force qui s’adoucit aisément, de pe- tites divinités ridicules, dont on se moque un peu, mais qu’on affectionne, la joie peut-être du faible devant une puissance qu'il sait débonnaire et pas dangereuse, qu’il mène à son gré et dont il s’imagine être le triomphateur. Jadis, chaque ville possédait son géant. C’était le palladium de la cité. Il jouait son rôle dans toutes les cérémonies publiques. Parfois, il accompagnait les processions religieuses. C’est la domination espagnole qui introduisit cette coutume et, il y a vingt ans encore, en 1890, on put les voir réunis dans ce cortège qui par- courut les rues de Bruxelles. Il y avait là Druon, Antigon et Pallas d’Anvers, les géants d’Ath, Samson et Goliath, ceux de Grammont, ceux plus petits de la capitale Mieke et Jan, le chevalier Bayard, les quatre fils Aymond, etc. Pour rappeler l’affection des anciennes popu- lations flamandes, nous reproduirons ici, d’après la traduction qu’en a faite M.Teirlinck dans son Folklore national, un charmant Reuzelied, un des plus anciens, paraît-il : « Celui qui dit : le géant qui vient — le géant qui vient — en a menti! — Retourne, petit géant, petit géant, retourne — Reuzegom ! » Holà ! mère, coupe une tartine, — une tar- tine, — le géant est fâché ! — Retourne, petit géant, petit géant, retourne — Reuzegom ! » Holà ! mère, verse de la meilleure bière, — de la meilleure bière, — le géant est ici ! — Retourne, petit géant, petit géant, retourne, Reuzegom ! » Holà ! mère, bouche le tonneau — le ton- neau — le géant est saoûl ! — Retourne, petit géant, petit géant, retourne, — Reuzegom! » Ne vous semble-t-il pas que cette naïve chan- son introduise le bon géant dans la demeure du peuple et que d’un geste familier et tendre, après lui avoir ouvert toute grande la porte du logis, elle le fasse asseoir, à la table commune, près du foyer ami ? Nous voyons dans la première salle six géants sur onze que notre ville possède. Ce sont Sultan, Sultane, Janneke, Mieke, Papa, Marna. Ces amusantes appellations parlent d’elles-mêmes. Voici, placée au mur, une estampe qui nous représente le géant d’Anvers. Ce personnage important n’a pas voulu se déplacer, sans doute. Il s’est contenté d’envoyer son image. « Colassus gigantens antwerpianus » inscrivit sous l’estampe l’ironique et spirituel graveur du XVIIe siècle. Des photographies nous rap- pellent les traits et l’aspect farouche des géants de Termonde (Man, Goliath, l’Indien), de Wet- teren, de Mons, de Malines, de Nieuport, de Nivelles et — à tous seigneurs tout honneur — de Gayant et de sa femme, originaires de Douai. Voici maintenant la Roue de la Fortune, de Malines, qui date de 1615. Ces roues de la fortune rappelaient à nos ancêtres les vicissi- tudes de la Fortune. Huit personnages, un avo- cat, une dame, un mendiant, une paysanne, un arlequin, une bigotte, un chasseur, une men- diante, sont placés obliquement sur un traîneau qui en s’avançant la fait tourner. Au milieu, dame Fortune, nue comme il convient à une déesse d’humeur légère, avec simplement quel- ques voiles qui la couvrent à peine. A côté de la Roue, le Op Sinjoorken de Malines. Autre palladium de la vieille cité flamande. Ce mannequin, nous dit le catalogue, fut sculpté en 1648, à l’occasion de l’Ommegang, par Va- lentin Van der Lantscroon. Dans les cortèges, il faisait suite aux géants et était berné par quatre hommes. A la suite d’une prétendue tentative de vol, par un Anversois, Jacques de Leeuw, lors de la seconde sortie de la cavalcade du Jubilé de Saint-Rombaut (1778), parut pour la der- nière fois dans les cortèges. Les jours de visite de la famille royale ou de l’inauguration d’un nouveau bourgmestre, on le place dans une lucarne de l’hôtel de ville où il applaudit joyeu- sement. Des géants, passons aux hommes. Voici Gille CUISINE FLAMANDE. de Binche, un Gille magnifique qu’on a placé sous verre, tellement il a paru riche et précieux. Ses plumes ont au moins un mètre de hauteur. « C’est un honneur pour une maison binchoise, dit M. Maurice des Ombiaux dans son beau livre l’Ornement des Mois, de fournir un Gille au cortège du mardi-gras. Dès le matin, la famille réunie procède à la toilette du héros. On entasse à grands coups de poing de la paille fraîche dans les deux bosses. Un expert surveille l’opération, car il y a des rembourreurs de bosses, des professionnels qui vont comme les barbiers, de maison en maison, prêter leurs bons offices à ces singuliers clients. Les bosses rebondies, le Gille chausse ses sabots, coiffe son chapeau de plumes ; il s’attache une ceinture de grelots et une clarine sur l’estomac. A peine le Binchoux a-t-il reçut les grelots que la folie les lui agite dans la tête ; il se sent tout à coup en proie à une sorte de danse de Saint-Guy qui ne l’abandonnera pas jusqu’au soir. Le voilà parti, suivi d’un gamin qui lui porte les oranges à lancer dans les rues, gambadant, gesticulant, pirouettant sans prendre jamais un instant de repos. » La mascarade des Gilles remonterait à l’an- née où Pizarre découvrit le Pérou. Pour célébrer cette victoire, Marie de Hongrie, qui habitait près de Binche, ordonna des réjouissances. Puisqu’il était question d’Incas, un groupe de courtisans imagina de les figurer en se coiffant de chapeaux à plumes d’autruche. » On s’étonnerait sans doute de ne pas trouver à côté de ces personnages le Manneken-Pis, de joyeuse mémoire. Il est là, et son histoire nous est rapportée par l’imagerie populaire. La section voisine nous offre des spécimens curieux de l’ancienne habitation en Belgique. Il s’agit d’une collection de vues et dessins de pignons, façades, détails, comprenant un choix de planches classées géographiquement en allant de l’Ouest à l’Est du pays, en passant par les diverses provinces. Le détail en serait trop long. Mais de l’extérieur nous pénétrons à l’intérieur. Nous voici dans une cuisine fla- mande. Rien n’y manque, ni le vieux bahut cher à nos ancêtres, ni le rouet auquel pendent encore quelques débris de laines, ni le chandelier de cuivre, ni même le parapluie qui semble oublié par le paysan parti pour le grand voyage éternel.