Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
LA COMPAGNIE DU KASAÏ
A L’EXPOSITION COLONIALE DE TERVUEREN (')
Acheter des produits aux indigènes en les
payant le moins cher possible et les. vendre
en réalisant un bénéfice maximum, telle est
l’unique raison d’être de la plupart des sociétés
commerciales installées aux colonies. La puis-
sante Compagnie du Kasaï a prouvé qu’elle
LE STAND DE LA COMPAGNIE-DU KASAI A TERVUEREN.
avait une conception plus haute de son rôle
et que le trafic du caoutchouc, de l’ivoire et
du copal ne devait pas accaparer toute son acti-
vité. En multipliant ses comptoirs et ses facto-
reries, elle a. fait œuvre de civilisation. Une
visite au magnifique stand qu’elle a organisé
à l’Exposition coloniale de Tervueren est, à
cet égard, concluante.
Jamais nous n’avions vu l’initiative privée
réunir, pour une région congolaise de l’impor-
tance du Kasaï, autant de documents scienti-
fiques, autant de richesses de toute sorte pro-
venant du pays, autant d’œuvres d’art constituant
un ensemble d’une originalité charmante.
Aux murs, sont de superbes frises décoratives
exécutées d’après les dessins du maître déco-
rateur Crespin et représentant les rapides de la
Lulua, en amont de Muana Kapanga, le San-
kuru et la factorerie d’Idanga, enfin d’autres
paysages- de la région du Kasaï. En dessous
de ces frises, des tissus indigènes, provenant
pour la plupart du pays Bakuba, étalent leurs
couleurs chatoyantes. Des fétiches, statuettes
naïves auxquelles sont attribués, par les noirs,
des pouvoirs mystérieux, surmontent Les consoles
des cloisons du stand. De ravissantes aquarelles,
dues au talent de M. Norman Hardy, constituent
des documents ethnographiques inédits d’une
haute valeur artistique. On remarque- encore,
sur les murs, de belles panoplies d’armes indi-
gènes, des lances aux fers capricieusement dé-
coupés, des flèches dont les pointes affectent
une infinie variété de formes, des boucliers artis-
tement façonnés.
(l) Ce stand a obtenu la plus belle récompense
avec félicitations du Jury.
Dans une petite vitrine, se dresse la statue
de Misha Pelenge, qui fut le chef de Bakuba
au XVIIe siècle. Sur d’autres étagères sont des
objets de toilette, des instruments de musique,
des ustensiles de ménage employés par les indi-
gènes, des articles de fumeurs, etc. D’autre part
sont exposés des échantillons de bois du Kasaï,
de café de Sankuru, de cacao, de copal, de
cire et de caoutchouc. Des bocaux contiennent
d’autres produits du sol, du manioc, des fruits
d’élaïs, du maïs, du millet, du sel végétal, etc. ;
des fourmis comestibles, des échalottes, des hari-
cots indigènes, du riz, des noix de Kola.
Les principales industries du Kasaï sont rap-
pelées par des instruments aratoires et des armes,
LE STAND DE LA COMPAGNIE DU- KASAI A TERVUEREN.
des poteries, des bois sculptés et décorés, des
objets de bonneterie et de vannerie, des tissus
et des nattes. Des animaux empaillés, des oiseaux
ajoutent à l’intérêt de ce petit musée installé
avec un goût parfait. On a multiplié les photo-
graphies qui aident le visiteur à se transporter,
en pensée,, sous les tropiques. On a fait mieux.
Voici un très beau plan en relief de Dima,
le siège principal de la Compagnie en Afrique,
plan exécuté sous la direction du commandant
du génie Tollen ; puis une admirable vue pano-
ramique de la même station qui donne une idée
très exacte de ce joli poste, pourvu de tout un
outillage naval, d’un chantier de constructions,
de réparations, de montage de steamers, d’ate-
liers de forgerons et de charpentiers, de nom-
breuses habitations, de vastes magasins, d’une
briqueterie. Dima est d’ailleurs une petite ville
très animée. Elle a une population moyenne de
trente Européens et plus de cinq cents indigènes
employés aux travaux du poste et des chantiers.
De beaux panneaux de M. R. Wytsman repré-
sentent une plantation de cacaoyers et une ferme.
Il y a bien encore dans le stand de la Com-
pagnie du Kasaï d’autres choses qui mériteraient
d’être signalées à l’attention du public, notam-
ment les très curieux tabourets et les sièges
en bois sculptés d’origine Kioko et Bakuba
qui rappellent le style égyptien, les masques
de danse et de féticheurs, les boîtes, à rasoirs
et à poudre rouge de tukula...
Mais quel que soit l’attrait de ces objets,
il n’apparaît pas aussi clairement aux personnes
qui n’ont pas voyagé sous les tropiques et qui
ignorent dans quelles conditions se trouve l’indi-
gène du Congo pour réaliser de telles œuvres
d’art. Avec les outils rudimentaires qui sont à
leur disposition, il a fallu aux Noirs des trésors
de patience pour produire ces sculptures amu-
santes, expressives, d’une vie intense malgré
leurs lignes raides, évoquant avec beaucoup
d’originalité des types de Congolais ou d’Euro-
péens.