Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
dire combien nous sommes sensibles à l’honneur
qu’elle veut bien nous faire en présidant person-
nellement, dans cette salle des fêtes si gracieuse-
ment mise à notre disposition par le Comité
exécutif belge, l’inauguration de la nouvelle section
britannique. Le désastre qui, il y a quelques
semaines, la frappait ainsi que sa sœur belge, n’a
LE ROI RÉPOND A SIR ARTHUR HARDINGE.
seryi qu’à faire ressortir encore une fois ce courage
tenace et cette indomptable volonté de triompher
de tous les obstacles qui ont si souvent joué un
rôle décisif dans les annales de nos deux nations
amies.
Un grand poète de l’antiquité classique com-
parait autrefois le peuple romain, battu, mais jamais
vaincu, à un chêne retrouvant de nouvelles forces
et une nouvelle vie sous les coups de hache qui
élaguaient ses branches. Ne nous est-il point dès
à présent permis, devant ce spectacle de nos deux
sections renaissantes, de nous écrier, non moins
fièrement, à notre tour Per damna per cardes ab
ipso ducit opes animunque ferro! Aussi fut-ce avec
un sang-froid vraiment digne de ces vieux Romains,
achetant aux enchères après Cannes ‘le sol du
champ de bataille occupé par l’envahisseur victo-
rieux, que les commissaires -généraux belges et
anglais refusèrent de se laisser un seul instant
intimider par l’immensité de l’affreuse catastrophe.
Leur premier souci, parmi les décombres encore
fumants où gisaient les tristes restes de tant de
richesses, fut la prise immédiate de mesures des-
tinées à réédifier la grande œuvre que le sinistre
avait certes compromise, mais qu’il devait pire
impuissant à détruire. L’opinion, tant en Angle-
terre qu’en Belgique, applaudit à leur attitude;
les autorités publiques, le commerce, les exposants
des deux pays répondirent comme il. le fallait à
leur appel. Comment d’ailleurs hésiter, quand le
beau geste de Votre Majesté, accourue du fond du
Tyrol, où elle goûtait un repos mérité, pour en-
courager ce louable effort, ralliait toutes les éner-
gies, ranimait tous les espoirs et toutes les con-
fiances, et préparait déjà cette fête de réouverture
qu'elle vient couronner aujourd’hui de sa présence.
Au nom du gouvernement, du Roi mon maître,
de la commission royale des expositions, et du
pays que j’ai l’honneur de représenter auprès d’elle,
je remercie respectueusement Votre Majesté de la
façon dont elle a tenu à s’associer, d’abord à notre
chagrin et à nos regrets, et ensuite à l’heureuse
restauration de notre œuvre. Mes compatriotes y
verront un nouvel et précieux gage des sympathies
traditionnelles rattachant le Royaume-Uni à la
Belgique, que viennent de renforcer les souvenirs
d’un commun malheur et de communs et vaillants
efforts pour le réparer. Je prie très humblement
Votre Majesté de daigner déclarer rouverte la
section britannique de l’Exposition de Bruxelles.
On applaudit chaleureusement.
Une nouvelle Brabançonne retentit et le Roi
prend la parole en ces termes :
Messieurs,
J’ai écouté avec un vif plaisir le beau discours
de Son Excellence M. le ministre d’Angleterre
et je tiens à le remercier cordialement des paroles
si aimables qu’il m’a adressées et des sentiments de
ses compatriotes dont il s’est fait l’éloquent inter-
prète.'
11 y a quelques mois à peine, nous nous réjouis-
sions ici même du grand succès de la section
britannique. Son caractère artistique, la variété et
la perfection des objets exposés contribuaient lar-
gement à la réussite de notre Exposition interna-
tionale.
Hélas I en quelques heures, le fruit des longs
efforts de votre comité a été anéanti. Des trésors
d’art ont été ravis pour toujours à ceux qui ve-
naient, en nous les envoyant, de nous donner
une preuve précieuse de leur intérêt et de leur
sympathie.
Laissez-mbi, Messieurs, vous dire encore aujour-
d’hui combien j’ai déploré ce triste événement,
combien j’ai pris part à l’affliction que causait
ici comme en Angleterre la perte de tant de travail
et de tant de belles choses. Mais votre fermeté
et votre énergie ont été à la hauteur des circons-
tances ; en vous remettant immédiatement à l’œuvre,
Messieurs du Comité, vous et vos dévoués collabo-
rateurs, vous, avez réalisé un tour de force incompa-
rable.
Grâce à vous et aux autorités britanniques, aux-
quelles je suis heureux d’offrir l’expression de ma
gratitude, la section anglaise se trouve reconsti-
tuée. Par votre vaillance vous avez procuré à notre
vaste entreprise un nouvel élément d’attraction,
et, à nous autres Belges, vous avez donné un nou-
veau témoignage d’amitié que nous n’oublierons
jamais.
Monsieur le ministre. Votre Excellence associe
le peuple britannique et le peuple belge dans
l’éloge qu’elle fait en termes si heureux de l’œuvre
de réparation du désastre produit par l’incendie.
Certes, les Belges ont déployé là leurs belles
qualités de courage et de persévérance qu’aucun
malheur ne peut abattre, et je les félicite haute-
m'ent. Mais que dire des Anglais, du gouvernement
comme des exposants, qui, - en refaisant dans l’es-
pace de quelques semaines une nouvelle section
belle et intéressante à souhait, ont montré une fois
de plus ce dont est capable cette ténacité indomp-
table, apanage de la nation britannique. Je ne
trouve pas de mots pour exprimer à Votre Ex-
cellence mon admiration et ma reconnaissance.
C’est l’air national anglais qui retentit et, au
milieu des acclamations, le cortège royal s’avance
vers la nouvelle section anglaise.
Le Roi visite celle-ci en détail et, à diverses
reprises, il exprime cette opinion qui est parta-
gée par tous les assistants.
- Mais c’est magnifique ! C’est presque plus
beau que votre ancienne section.
Il est Ii h. 30 quand le Roi quitte la section
anglaise, la musique joue la Brabançonne, puis
les ouvriers anglais massés à l’extérieur chantent
le God save the King et successivement poussent
trois hourras retentissants en l’honneur du Roi
et de la Reine.
Au dehors la foule est énorme et l’enthou-
siasme règne partout.
La visite des journalistes anglais.
Les membres de l’Institute of Journalists, au
nombre de 150 environ, furent dimanche les
hôtes de l’Exposition.
A midi et demi un déjeuner offert par le co-
mité exécutif les réunissait autour des tables,
joliment garnies, du Chien-Vert.
Le baron Janssen présidait cette réunion, ayant
à ses côtés sir Arthur Hardinge, ministre d’An-
gleterre à Bruxelles ; lord Greenvill ; MM.
Wintour et Reyntjens, commissaire-général et
commissaire-général adjoint , •MM. Lawson, di-
recteur du Daily Telegraph, président de l'In-
stitute ; M. Mitchell, président pour 1911;
M. Borter, directeur du Daily Graphie; MM.
Dupret, Lemonnier, vice-président, et Grimard,
membre du comité exécutif ; Keym et van der
Burch, Raoul van den Bulcke, Gody et Storms,
l’architecte Acker et les membres du comité
de la presse belge.
A l’heure des toasts, le baron Janssen a porté
la santé de ses hôtes en ces termes :
En toutes circonstances, j’aurais considéré comme
un honneur très distingué de recevoir, au nom
du comité exécutif de l'Exposition de Bruxelles,
les membres de votre ancien et célèbre Institute
of Journalists, car non seulement la presse de
tous les pays, mais les intellectuels du monde
civilisé connaissent votre remarquable organisme
professionnel où se forment des générations de
journalistes éprouvés et, ce qui est mieux encore,
des contigents d’hommes de foi et d’honneur, péné-
trés de cet idéal fécond qui, sous toutes les lati-
tudes, s’appelle la Liberté, la Justice et la Paix!
C’est une vive satisfaction pour tous ceux que
passionnent le progrès de la pensée et l’élévation
de la mentalité moderne de saluer les moissons
fleuries de connaissances et de lumières nouvelles
qui ont grandi et qui grandissent encore jour-
nellement sous vos auspices.
Mais au plaisir d’accueillir en vous une élite
de professionnels qui passent pour être les pre-
miers journalistes du monde, se joint chez moi
la fierté de montrer à vos yeux exercés d’écri-
vains, de critiques, de reporters, une Exposition
que l’on disait complètement mutilée par un dé-
sastre et qui, grâce à un énergique effort, semble
poser aux visiteurs d’aujourd’hui cette énigme
triomphante: Où, par où, jusqu’où l’élément des-
tructeur s’est-il ici manifesté ?
C’est cette énigme, messieurs, que je me plais à
poser devant vos regards.
Dans cette grande cité internationale que l’on
prétendait détruite, vous trouverez, profusément
répandues, toutes les inventions du monde, depuis
les géants de la métallurgie jusqu’aux mécanismes