Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
milieu des témoignages de sympathie, des marques
d’amitié qui, de tous les points du globe affluèrent
vers nous au lendemain de la sinistre nuit du
14 août, il n ’y eut pas, il ne saurait y avoir un
plus vif témoignage de solidarité généreuse que
celui dont nous fûmes l’objet de la part de l’An-
gleterre.'
Permettez-moi, messieurs, de négliger le proto-
cole et d’oublier les préséances pour revivre un
instant cette journée d’immense douleur qui succéda
au désastre du 14 août. Devant tant de ruines, la
stupeur nous accablait, et c’est à peine si nous
osions croire nous-mêmes à la décision que nous
venions de prendre de restaurer l’œuvre mutilée
par le feu, lorsque nous vîmes l’honorable lord
Lytton et MM. Wintour et Reyntjens qui s’avan-
çaient vers nous la main tendue, eux dont l’expo-
sition, ouverte naguère dans des jours de deuil,
venait de périr tout entière au milieu de la fournaise.
Sans un mot de regret ni d’amertume, avec le
regard clair d’hommes de cœur et d’énergie qui
ont pris un parti, ces messieurs nous dirent simple-
ment: « Nous partons pour Londres ce soir, afin
d’y organiser une nouvelle section britannique de
l’Exposition de Bruxelles ».
..Je vivrais cent ans, Messieurs, que je n’oublierai
ni ces paroles, ni le geste si simple et résolu qui
les accompagnait ! Car ce geste, j’y insiste, n’était
pas seulement celui de l’homme d’action aux prises
avec le malheur: c’était aussi, vis-à-vis de notre
douleur, une souveraine attitude de galant homme.
L’attitude de Messieurs les commissaires bri-
tanniques était bien faite pour galvaniser nos cou-
rages et décupler nos efforts ; et j’atteste, devant
vous tous, que cette impressionnant exemple de
stoïcisme courtois est pour beaucoup dans la res-
tauration, dans la résurrection si complète que
l’on admire aujourd’hui.
L’Angleterre, de son côté, a répondu avec une
générosité, avec un enthousiasme émouvants à l’ap-
pel de ceux qui venaient lui dire: « Vos trésors
sont détruits ; hâtez-vous d’en envoyer d’autres I »
Ah I Messieurs, ce n'est pas une main amie, c’est
une main fraternelle que vous nous avez tendue, et
c’est à cette main que l’Exposition de Bruxelles
doit en ce moment d’avoir effacé jusqu’à la trace
du funeste incendie, puisqu’il ne manque plus une
seule section à sa Cité rajeunie !
Grâce à vous, toutes les ruines sont relevées et
nous pouvons, de nouveau, dans l’Exposition en
fête, chanter un hymne à la beauté !
,Chantons-le, Messieurs, comme le chantait votre
grand romancier George Eliot, lorsqu’il s’écriait :
.« Honneur et respect à la divine beauté de la
forme ! Respectons -la, cultivons-la le plus que nous
pourrons dans les hommes, les femmes, les en-
fants, dans nos maisons, dans nos palais, et dans
nos œuvres ; mais aimons aussi cette autre beauté
qui ne réside pas dans les secrets de la propor-
tion, mais dans les secrets de la profonde sym-
pathie humaine! »
Avec reconnaissance et avec émotion, Messieurs,
je lève mon verre à la sympathie de la grande
Angleterre !
M. Askwitt, délégué du Board of Trade, donne
lecture d’un télégramme de M. Buxton, sous-
secrétaire d’Etat de ce département, disant toute
la sympathie du gouvernement anglais pour
l’Exposition de Bruxelles et les vaillants efforts
de ceux qui se sont dévoués à son relèvement.
Il dit sa haute sympathie pour la presse an-
glaise, « la première du monde ».
Sir Arthur Hardinge s’associe à ces dernières
paroles en un toast acclamé.
Milord E. Brains, notre confrère du Times,
boit à la santé de M. Wintour ; le duc d’Ursel
lève aussi son verre à celui-ci, et nos confrères
anglais entonnent un chant de circonstance en
l’honneur du sympathique commissaire-général,
dont un toast simple et ému clôt cette fête de
fraternité anglo-belge.
Belgique'
La nouvelle section belge, inaugurée le lundi
19 septembre, marque de la part de nos compa-
triotes un effort admirable et il mérite qu’on
proclame hautement l’énergie et le désintéresse-
ment patriotique des exposants belges.
Ajoutons que le salon de la couture est tout
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LE ROI VISITE LA
SECTION ANGLAISE.
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simplement merveilleux ; incomparablement plus
beau que son devancier, il conquerra tous les
suffrages.
Une foule énorme de notabilités était accourue
pour saluer les magnifiques efforts réalisés par
la section belge.
M. le ministre Hubert était là et aussi le duc
d’Ursel, le baron Janssen, MM. Amelin, Baste-
nier, Dupret, Lemonnier, Delannoy, Keym, van
der Burch, van den Bulcke, François Vaxelaire,
Pavoux, Fontaine, Droeshout, etc.
Le duc d’Ursel, souhaitant la bienvenue au
ministre, dit tout d’abord :
Nous n’avons ici que des installations de fortune,
mais l’ensemble démontre la vigueur de notre race,
dont César disait la force et la vaillance. Le
comité exécutif, dont je suis heureux de féliciter
le président et les membres, nous a donné un
magnifique exemple de courage, qui a entraîné tous
les exposants. Voici les résultats de leurs efforts,
ils sont dignes du pays.
C'est le baron Janssen qui parla ensuite :
C’est devant l’adversité que se marquent les
caractères et s’affirment les hommes ; ce qu’aujour-
d’hui nous avons sous les yeux met quelque orgueil
dans notre cœur de Belges.
L’élan patriotique qui surgit au jour même du
sinistre dont notre Exposition fut frappée fit
prendre à tous la virile résolution de reconstituer
ce que le feu avait atteint.
Ce n’était point là un généreux emballement ;
ceux-là qui doutaient de voir cet enthousiasme de
la première heure s’affirmer par des faits et réa-
liser le miracle à tenter y assistent aujourd’hui
et applaudissent à la renaissance d’une œuvre natio-
nale dont la Belgique est fière.
Ces heures pénibles que nous avons traversées
ont provoqué l’explosion des énergies et des volon-
tés, latentes toujours dans le cœur de nos com-
patriotes.
Et si l’Exposition est un triomphe pour notre
industrie, cette volonté, cette promptitude dans
l’action sont une autre gloire pour la nation.
Cette gloire est vôtre aussi, messieurs, et je viens
vous en apporter notre tribut d’hommages.
Nous avons assisté à un identique effort chez
nos amis, voisins de la section belge. L’Angleterre
et la France, dans une manifestation nouvelle d’en-
tente cordiale, ont, comme nous, pansé leur plaies ;
aujourd’hui l’Exposition de Bruxelles est entière,
complète de nouveau.
Et le baptême du feu ajoute au spectacle mer-
t
veilleux qu’elle offre un admirable élément de
grandeur: le courage calme et l’énergie résolue
déployés de toutes parts.
Ainsi l’événement que nous déplorons a ete la
douloureuse occasion, mais aussi l’initiateur d’un
mouvement magnifique de volonté forte, de soli-
darité agissante, de sympathie et de cordialité.
Et, de même que nous rendons grâces aux nations
amies, touchées avec nous et qui se sont redres-
sées, elles aussi, devant la brutalité de l’élément
destructeur, de même nous vous disons, à vous,
messieurs, merci du fond du cœur i
Vous avez, une fois de plus, montré que sur le
sol belge aussi des cœurs d’hommes battent dans
les poitrines !
Les acclamations partent, nourries, et M. le
ministre Hubert prend enfin la parole :
Ce matin, dit-il, lorsque nous avons assisté à la
réouverture de la section anglaise, ce nous fut
une joie profonde d’entendre le Roi et le ministre
d’Angleterre parler de la façon avec laquelle s’est
affirmée l’énergie des Anglais, des Français et des
Belges.
Lorsque le Roi et le ministre d’Angleterre eurent
prononcé leurs discours et que les deux hymnes
nationaux ont retenti, nombreux furent ceux qui
parmi nous sentirent leurs yeux se mouiller.
Dans cette Exposition où nous avions pris une
si grande part, nous ne pouvions pas rester plus
longtemps absents.
Tous les exposants ont tenu à faire preuve de
zèle et de dévouement et à prouver que la vigueur
des Belges n’était pas atteinte. Le même jour,
les Anglais et les Belges, fraternellement .unis,
décidaient de reconstituer leurs sections.
Honneur au commissariat-général belge, au comité
exécutif qui, malgré les pires difficultés, a su triom-
pher et encourager tout le monde.
"Bravo aux exposants qui, en deux fois quinze
jours, ont refait le travail de deux ans!
Vous avez montré que l’on pouvait compter sur
vous et je suis heureux de célébrer ces résultats
brillants de vos efforts.
De vifs applaudissements saluent ces paroles
et le ministre, suivi du cortège des autorités,
entreprend la visite des stands.