Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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LA PARTICIPATION JAPONAISE
Le gouvernement japonais, dont l'accord avec
le gouvernement anglais reste très ferme en
dépit de toutes les attaques, a voulu participer
brillamment à l’exposition anglo-japonaise de
Londres. Il crut donc ne point participer à
l’Exposition internationale de Bruxelles pour ne
point faire tort à cet effort fait en Angleterre
par ses nationaux.
Mais il s’est ravisé fort heureusement ensuite,
et il a accordé son patronage officiel à la section
que les commerçants japonais avaient organisée
avec beaucoup d’entrain à notre World’s Fair.
Ce n’est point qu’on y trouve tous les produits
japonais ni même un tableau très résumé de
l’activité japonaise. Mais du moins on y voit
un art de la distraction ingénieux et subtil,
des jouets qui étonnent par leur originalité,
de fort beaux spécimens de soie nipponne, et
tous ces accessoires légers qui font des maisons
de papier du Japon des boîtes à bibelots que
le vent semble devoir emporter. C’est le vieux
Japon, celui de Chrysanthème et de Loti. Ce
n’est pas le Japon des plaines de Moukden
et des chantiers navals de Satebo et de Kuré.
Celui-ci maintenant est dans l’histoire. Il est
le maître de la civilisation de l’Asie. A son
exemple, la Chine se transforme, les Indes
s’agitent, un souffle ardent de nationalisme et
de liberté politique anime maintenant ces peuples
séculairement assoupis...
Quand j’ai parlé ici de la Chine, j’ai parlé
surtout de réformes. L’avenir dira si elles ont
abouti. Parlant du Japon, je n’ai à parler que
de réalités. Et c’est un examen bien rapide
de ce qu’est actuellement l’Empire du Soleil
Levant que je ferai donc aux lecteurs.
A la tête du pays, l’empereur. Nous l’appe-
lons Mikado. C’est par erreur. Ce mot signifie
« Porte ». Quand nous disons « le Mikado »,
c’est comme si nous disions « la porte ». Il
est vrai que cela désigne une porte fleurie, une
porte ouverte sur un jardin délicieux et secret.
Voilà bien de la poésie sur un mot qui l’est
si peu. Mais le nom véritable de l’empereur
est « Tenno ». Il y avait autrefois, au Japon,
le « Tenno » et le « Chogun », l’empereur et
le maire du Palais. Maintenant, il n’y a plus
que le « Tenno », et considéré comme s’occupant
des affaires extérieures ; l’empereur est appelé
« Kotei », mot d’origine chinoise. Vous pouvez
choisir entre « Tenno » et « Kotei ». Mais rap-
pelez-vous que lorsque vous dites « Mikado »,
un Japonais ne vous comprend pas. Ou, s’il
vous comprend, ce n’est qu’un Japonais d’expor-
tation.
Mutsubito, « tenno » ou « kotei » actuel, a
58 ans. Il règne depuis 1867. A peine fut-il
sur le trône qu’il montra sa rare énergie et sa
volonté de réformer le pays. Voici comment :
L’empire japonais existe depuis plus de 600 ans
avant J.-C. A cette époque, Jimmu se fit pro-
clamer « tenno » au milieu des chefs de clans
qui formaient les nombreuses tribus des îles.
Ses descendants ont conservé sans interruption
le titre d’empereur. Mais au XIIe siècle de notre
cre, un seigneur particulièrement puissant s’em-
para du pouvoir sans détrôner le souverain.
Le « Chogunat », la maîtrise du Palais, fut con-
servé de père en fils dans sa famille pendant
près de trois siècles et pendant ce temps,
l’empereur ne jouit donc que d’une autorité
nominale.
Ce simple exemple montre toute la différence
de situation intellectuelle et politique qui existait
entre l’Asie et l’Europe, entre les peuples chré-
tiens et les peuples enlisés dans les vieux sys-
tèmes païens. Chez nous, la maîtrise du Palais
n’a duré que deux siècles. Elle s’est emparée
du trône dans une incessante progression et ce
ne furent que luttes aboutissant à une vaste
organisation de l’Europe et à une civilisation
qui vise depuis mille ans à l’appropriation com-
FAÇADE DE LA SECTION JAPONAISE.
plète de la planète et de ses habitants, selon
l’ordre du Christ : « Allez, évangélisez toutes les
nations ». L’Europe a vécu sur un volcan et a
toujours eu un volcan d’activité dans le cœur.
Tout au contraire, au Japon — inutile de parler
de la Chine — le « Chogunat » se contente de
son pouvoir réel, le trône de son pouvoir fictif.
Le Japon vit replié sur lui-même, livré à des
querelles de clans qui n’aboutissent à rien.
Et il faut arriver à la seconde année de règne
de Mutsubito, à l’année 1868, pour voir enfin
un réformateur monter sur le trône, un empereur
qui veut gouverner.
Mutsubito, en effet, déclara la guerre au Cho-
gun ; il le bat, il lui enlève tout pouvoir ; il le
supprime. Trois ans après, en 1871, il s’attaque
définitivement au système féodal. Il anéantit
le pouvoir politique et administratif des clans.
Il centralise l’Empire. Il abolit toute guerre
intestine et donne au Japon une organisation
moderne.
Cette organisation centralisée, l’Europe l’avait
depuis des siècles. C’est elle qui lui avait permis
de découvrir, de conquérir et de peupler une
grande partie de la terre. Ce sont les rois qui
ont guerroyé au loin et qui ont donné à la race
blanche et au christianisme la maîtrise du monde
et celle des âmes. Et le Japon, profitant de
notre expérience vieille de mille ans et plus,
dans le domaine matériel, va faire des progrès
prodigieux.
Le 11 février 1889, l’empereur promulgue la
Constitution. Les premières réformes ont été
accomplies automatiquement. La nation prend
sa part à l’œuvre à poursuivre. L’empereur
institue une Diète composée de deux Chambres.
II conserve par devers lui tous les droits de
souveraineté et tout le pouvoir exécutif avec
l’assistance d’un cabinet dont les ministres ne
sont responsables que devant lui et sont nommés
par lui. Il établit en outre un Conseil privé,
qui est consulté par lui dans les matières impor-
tantes. L’empereur exerce le pouvoir législatif
« avec le consentement de la Diète impériale ».
Il sanctionne les lois, convoque les Chambres ,■
il ouvre, clôt, proroge et dissout la Chambre
des députés.
Bientôt, le Japon a un système financier stable.
L’instruction prend un développement énorme ;
l’administration du pays est parfaitement orga-
nisée ; un régime nouveau est institué en matière
de justice. L’agriculture est l’objet de soins cons-
tants et sur elle repose la prospérité du pays.
L’industrie moderne essaie ses premiers pas.
Enfin, une armée admirable et une flotte puis-
sante mettent aux mains de l’empereur le grand
instrument d’expansion dont tous les peuples
se sont servis.
Tout cela est prêt en vingt-cinq ans. Le
Japon, sûr de sa force nouvelle, regarde au
dehors. En 1895, il bat la Chine. En 1905,
il bat la Russie. En 1910, il commence à se
tourner vers les Etats-Unis. -
Dans l’intervalle, il est entré dans la société
des grandes nations. Il a conclu une alliance
avec l’Angleterre ; il vient de conclure un accord
avec la Russie. Tout le monde le craint. Beau-
coup l’admirent.
C’est sa situation qu’il nous faut examiner.
Ce sont quelques-unes de ses institutions qu’il
nous faut analyser. Et il n’en est pas de plus
importantes que ses Chambres législatives.
La Chambre des pairs est composée de cinq
catégories de membres.
Il y a d’abord les membres masculins et ma-
jeurs de la famille impériale ; puis, les princes
et marquis ayant au moins vingt-cinq ans (il
y a quinze princes et trente-quatre marquis) ;
ensuite les comtes, vicomtes et barons élus par