Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
orfèvres, avec les vaisselles de vermeil et d’ar-
gent ; les libraires, les relieurs, les compagnies
de navigation, qui toutes ont fait venir de diffé-
rentes villes ces jolis navires-joujoux qui servent
de réclame à l’étranger ; déjà installées aussi
dans leur vitrine des gravures anciennes, qu’un
procédé nouveau débarbouille et nettoie ; dans
un large corridor, qui mène vers les postes,
télégraphes et téléphones, nous trouvons, termi-
nés ,à peu près, une série de salons anciens,
de petites chambres de styles divers et riches,
toutes pareilles à celles qui eurent tant de succès
à la première exposition ; mêmes panneaux de
vieux chêne sombre, mobiliers de cuir et de
velours, tapis moelleux, glaces à cadres du plus
bel or ancien ; on est surpris de retrouver à
nouveau ces mobiliers, ces pièces antiques, d’un
goût si choisi qu’ils semblaient devoir être uni-
ques I Une agréable pénombre a été ménagée,
comme la première fois, faisant valoir l’ensemble
de l’incendie ; celles qui n’ont eu à supporter
que le feu sont intactes , • celles qui sont cassées
l’ont été par des chutes de corps lourds, tels que
poutrelles.
Plus loin ce sont les vitrines multicolores de la
pharmacie, de la papeterie ; ailleurs, on range
les objets de physique et de marine ; les engins
de pêche ; une série de navettes aux fils de
toutes couleurs. Des petites chambres de style
qui s’apprêtaient hier, quatre sont entièrement
terminées.
Voici venue la journée du 17. Pour les vail-
lants Anglais, elle est commencée depuis long-
temps, cette journée ! On a travaillé toute la
nuit ! L’idée de collectivité, qui domine toutes les
grandes entreprises, s’est affirmée de mille ma-
nières. Nous en citerons une, pittoresque et
démonstrative. Toutes les vitrines qui garnissent
ici les sections sont d’un beau laqué blanc. La
peinture était indiquée pour les bois ordinaires,
rusé qui, pour tout au monde, ne veut pas
perdre un seul instant :
■—■ Si, si, vous parlez français, je vous ai
entendu, tout à l’heure, reprend-elle, avec éner-
gie et volubilité.
Et le monsieur, voyant, lui aussi, à qui il avait
affaire, comprit qu’il en aurait plus vite fini de
parler le français que de se dérober !
C’est ainsi que tout le monde se dépêchait,
évitant les conversations, évitant les importuns,
déclouant, déballant sans relâche, installant, tout
en déjeunant à petites bouchées, puisées dans les
poches I
Enfin le 18 arriva, veille de l’inauguration 1
Que dire ! C’était dimanche à Bruxelles comme
à Londres ! Et cependant on travailla. Il est vrai
que l’occasion était exceptionnelle. L’honneur de
l’Angleterre engagé! Etre prêt le 19, à dix
heures du matin !
Et l’on fut prêt !
LA NOUVELLE SECTION ANGLAISE : ROTONDE DE LA CÉRAMIQUE ET SALLE DANS LE STYLE DES PREMIERS STUARTS.
par l’aspect authentique de la demeure et l’at-
trait du mystère.
La journée du 16, dans cette installation
mémorable, pourrait s’appeler la journée des
caisses. Des camions, à la file, les amènent. Le
terre-plein, devant le bâtiment, suffit avec peine
à ranger charrettes et chevaux ; le ciel, toujours
aimable, fait choir sur tout cela une intarissable
pluie qui délaie le sol, mais on s’en moque.
C’est à l’intérieur des sections qu’il faut voir
travailler et les caisses s’empiler ! Partout ce ne
sont que pyramides ; des planchers, on ne voit
plus que de petits sentiers où apparaît le vert
des linoleums, c’est une marée de caisses cra-
quantes, circulantes, où émergent comme des
recifs, avec leurs hautes glaces, les vitrines.
Cependant, un ordre admirable ne cesse de
régner. Chacun trouve ses colis, attaque les
planches au ciseau et au marteau, retire, nettoie
et range ses objets. Aujourd’hui prennent leur
place un modèle de torpilleur, une série de
navires réclames des grandes lignes de naviga-
tion internationales, un Lusitania, frère du Mau-
retania brûlé et qui, lui aussi, vapeur à turbine,
à quatre hélices, fait la traversée de l’Atlantique,
service New-York, en quatre jours et demi. Ci
et là, dans les vitrines, les vins, liqueurs, étoffes,
cotonnades d’exportation imitant le célèbre batik
des Indes néerlandaises ; les vêtements, dont un
costume d’aviateur, espèce d’imperméable, fin et
transparent comme de la baudruche ; le vitrosil,
quartz fondu dont on fait des récipients pour
chauffer les acides ou des éprouvettes destinées
à supporter sans bris des refroidissements brus-
ques ,• la plupart de ces pièces ont été retirées
mais il en est qui sont d’un beau fil et qui
eussent gagné à garder leur simple poli.
- Pourquoi peindre un si beau bois ? disait,
hier, quelqu’un.
- Parce qu77 n’a pas de goût, lança en ré-
ponse, à la volée, une personne qui passait et
qui avait entendu la question. En effet, la riposte
semblait juste, hier, dans l’encombrement géné-
ral. Mais aujourd’hui plus d’ordre règne, l’har-
monie est déjà sensible et l’on saisit la portée
du sacrifice fait par ceux qui ont consenti à
laisser passer une couche uniforme de couleur
sur les beaux bois de leurs vitrines. Certes,
chacun de ces meubles, pris à part, est peut-
être maintenant moins bien, mais, si j’ose ainsi
m’exprimer et d’un si petit exemple déduire une
si grande conséquence, à cette couche de couleur,
à l’aspect de toutes ces armoires devenues les
unités d’un même régiment, le prestige de l’An-
gleterre a gagné beaucoup !
En Belgique aussi l’on dit que l’Union fait
la force, mais Ton y va toujours par quatre
chemins I
Menuisiers et peintres partis, la besogne s’ac-
complit avec une ardeur sans égale. Tout le
monde, seul à seul avec ses vitrines et ses
caisses, ne perd pas une minute. Pas une minute,
disons-nous, au sens strict. Une exposante,
éplorée, ne trouve pas son emplacement, elle
s’informe, s’adresse à un monsieur d’une cin-
quantaine d’années qui, vigoureusement, fait
sauter les cercles d’un tonneau :
— Monsieur, voulez-vous me dire...
— Madame, je ne comprends pas le français !
Mais la dame le connaît le vieux commerçant
Eh bien ! c’est ce tour de force-là qui est à lui
seul aussi admirable que la nouvelle exposition.
Ce fut un coup de baguette d’enchanteur! La
Grande-Bretagne se montra claire, nette, propre,
toute en ordre, ornée d’étincelantes vitrines,
riches et nombreuses, parée de joyaux neufs et
inédits, avec tout son monde d’exposants, alertes,
frais et corrects, comme si tous ne venaient pas
de se livrer à un labeur incessant, et comme
s’ils avaient eu bien le temps de se reposer des
fatigues de la victoire.
Bravo pour l’Angleterre et l’endurance des
Anglais !
Oui, c’est une exposition entièrement nouvelle
offerte par la Grande-Bretagne à notre Expo-
sition. Toutes les maisons qui étaient représen-
tées dans les sections détruites sont participantes
ici encore ; il s’en est même ajouté trois nou-
velles ! Et quelle aubaine pour nous ! Ce sont
tous autres spécimens. Deux expositions succes-
sives ! Les amateurs de beaux vases sang de
bœuf ont-ils assez déploré un néfaste incendie
qui détruisit tant de merveilles ! Il en est revenu
d’autres, plus beaux peut-être I Et les cristaux,
les porcelaines, les bronzes d’art, les livres et
reliures de la célèbre imprimerie de l’Université
d’Oxford, les produits d’alimentation, les bois-
sons, les industries, les mines, les installations
usinières hygiéniques proposées par le Home
Office, les tabacs, la parfumerie, les chaussures,
les dentelles.
L’attrait considérable de la participation an-
glaise, les événements ont voulu qu’il fût encore
doublé. Et une exposition nouvelle a traversé la
mer !