Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
La visite des Conseillers municipaux de Paris
Samedi après-midi est arrivée à Bruxelles une
importante délégation du conseil municipal de
Paris.
Dimanche, vers midi, une longue file de
landaus pénétrait dans l’Exposition et amenait
LA VISITE DES CONSEILLERS MUNICIPAUX DE PARIS.
à l’entrée de Bruxelles-Kermesse nos hôtes
français.
Et bientôt, autour des tables joliment fleuries
du Chien-Vert, près de 200 convives étaient
réunis sous la présidence du baron Janssen, aux
côtés duquel on notait MM. Beau, Bellan, les
membres du bureau du conseil municipal pari-
sien et du comité exécutif de l’Exposition, les
bourgmestres et les échevins des villes de Bru-
xelles et d’Anvers, etc., etc.
Le baron Janssen parla tout d’abord, et sa
verve fut grande. Rarement, en effet, le maître
toasteur qu’est le président du comité exécutif
fut plus joliment inspiré.
« Il y a quelques semaines, dit-il, un certain
nombre d’entre vous, assis à cette même table,
célébraient avec nous l’éclatant succès de la
section française, sa richesse, son élégance, sa
beauté souveraine ; vos compatriotes applaudis-
saient en même temps l’Exposition de Bruxelles
qui, au milieu de la sympathie des peuples,
prenait son essor vers de triomphantes destinées.
Je me rappelle — et ne les oublierai de long-
temps — les paroles ou plutôt les explosions de
cordialité qui marquèrent cette fête française où
nos âmes fraternisèrent, au mépris peut-être du
protocole et de l’étiquette, mais dans un immense
besoin de nous dire les sentiments affectueux
qui faisaient battre nos cœurs.
» Quelques jours plus tard, la population pari-
sienne faisait à notre jeune couple royal le plus
chaleureux accueil ; vous-mêmes, messieurs, vous
receviez avec une princière hospitalité les repré-
sentants de notre magistrature communale, et
nous apprenions avec joie que le conseil muni-
cipal de Paris viendrait visiter bientôt notre
capitale et son Exposition.
» A peine avions-nous eu le temps de nous en
réjouir qu’un effroyable malheur s’abattit, en
pleine fête, en plein triomphe, sur cette cité
internationale qu’un magnifique concours des
peuples avait faite si vaste et si majestueuse.
En quelques heures le teu dévora une immensité
de merveilles qui étaient le fruit de plusieurs
années de labeur, et l’Exposition de Bruxelles
n’apparut plus que comme un bel oiseau blessé
portant au flanc une plaie large ouverte.
» Que fallait-il faire devant un tel désastre ?
Laisser, comme Hamlet, se replier sur elle-
même sa douleur lourde et dévorante et s’abîmer
dans un silence pitoyable ? Nous ne l’avons
point voulu ! Nous avons fait ce que nous im-
posait le devoir, ce que nous dictait le patrio-
tisme. Nous avons secoué l’accablement, nous
nous sommes élevés au-dessus du malheur, pen-
sant qu’en escaladant les ruines nous trouverions
sur la hauteur un air plus vivifiant, peut-être des
cœurs plus dilatés et des mains plus amies...
Nous y avons trouvé nos compatriotes tout rem-
plis de foi et d’enthousiasme, et nous avons vu
venir à nous, la main tendue, la France et l’An-
gleterre, jalouses toutes deux d’éclairer des
cendres douloureuses d’un reflet d’humanité !
» Après les moments d’angoisse, messieurs,
quelles heures de réconfort, d’admiration et de
mâle attendrissement nous avons connues ^u
milieu de la fièvre du travail et de la résurrec-
tion ! Que de traits simples et beaux, et que nous
ne pourrions oublier ! Je ne vous parlerai pas
du magnifique élan de la Belgique, dont l’hon-
neur national était impérieusement engagé. Mais
quelle chevaleresque et quelle émouvante attitude
que celle de la République française et de la
Grande-Bretagne, dont l’entente cordiale s’affir-
mait tout à coup dans un même mouvement de
solidarité et de générosité !
» Sans murmurer une plainte, la nation bri-
tannique, en moins d’un mois, a reconstitué ses
trésors totalement détruits.
» En moins de trois semaines, sans qu’aucun
autre mot sortît de leurs lèvres que des paroles
d’encouragement et d’affectueuse estime, M.
Fernand Chapsal et ses dévoués collaborateurs
ont réorganisé la galerie de l’alimentation et
rendu sa magnificence première au prestigieux
salon d’honneur de la France.
» Il me déplaît de froisser une fois de plus la
simplicité et la modestie de l’éminent commis-
saire-général de la République française ; mais
lorsqu’il vous accueillit, souriant, au seuil de
cette Exposition de la France, qui est un des
plus purs joyaux de notre splendide écrin inter-
national, je ne pus m’empêcher de chercher la
trace, sans la trouver, au travers de cette phy-
sionomie sereine, des heures de lutte, d’angoisse
et de fièvre que ce parfait galant homme avait
vécues au lendemain du désastre.
» Ah ! laissez-moi vous le redire, messieurs :
aussi longue que soit ma vie, jamais je ne per-
drai le souvenir des générosités que j’ai rencon-
trées dans ces jours de deuil et de détresse.
L’âme s’épanouit et s’exalte dans une telle atmo-
sphère de fraternité, et l’on est tenté de s’écrier,
avec le poète :
Je connus mon bonheur et qu’au monde où nous sommes
Nul ne peut se vanter de se passer des hommes,
Et depuis ce temps-là, je les ai tous aimés !
» Aujourd’hui que la résurrection de l’Expo-
sition de Bruxelles est superbement accomplie,
sur les ruines relevées et rendues à leur splen-
deur, il y a trois drapeaux qui flottent joyeuse-
ment, célébrant à la fois la fin d’une dure
épreuve et la fraternité des nations. Parmi ces
trois drapeaux est celui de la France : Je m’in-
cline avec une reconnaissance émue devant ses
trois couleurs dans lesquelles notre nationalité
naissante acclama jadis le réconfort et le salut,
et je vous dis, messieurs, avec tout ce que inon
cœur contient de gratitude, d’ardente sympathie
et d’enthousiasme : Merci à la France ! Merci
au peuple français! »
Une brillante ovation salua ce toast prononcé
avec une belle flamme d’enthousiasme et une
chaleur communicative.
Puis M. Bellan, le distingué président du con-
seil municipal de Paris, prit la parole :
« On est fier d’être Français, dit -il, messieurs,
quand on constate les sympathies qui, de partout,
vont à la France. Je vous remercie des paroles
si cordiales, si vibrantes que vous venez de pro-
noncer. Vous nous faites aujourd’hui, monsieur
le président, les honneurs de votre Exposition.
Vous avez parlé tantôt des blessures faites à
celle-ci par l’incendie du 14 août, mais, tout
à l’heure, en pénétrant dans vos jardins, nous
n’avons plus aperçu les traces de l’événement
auquel vous avez fait allusion. Vous avez raison
de vous féliciter de l’effort accompli. On a dit
que les expositions constituent des tournois paci-
fiques ; c’est vrai, car les peuples ne s’y ren-
contrent que pour fraterniser. Peu d’expositions
ont obtenu le succès qu’a remporté l’Exposition
de Bruxelles à laquelle est allé le concours de
toutes les nations.
» Nous sommes, quant à nous, heureux d’y
venir, car cette visite nous donne l’occasion de
rencontrer les bons amis que vous êtes. La
France — permettez-moi de le rappeler — a
donné à la Belgique quelque appui dans un
moment douloureux. Aujourd’hui nous sommes
heureux de vous exprimer nos sentiments d’ami-
tié et de fraternité. Quand nous nous rendons
à l’étranger, nous sommes toujours heureux de
rencontrer des compatriotes. Mais en Belgique
nous nous considérons toujours comme chez nous.