Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
376
L’EXPOSITION DE BRUXELLES
LES ROSES
Les roses sont l’ornement principal du jardin
français, où elles sont en abondance, aussi bien
que celui du jardin hollandais, qui en a ménagé,
lui aussi, quelques parterres. Il n’y a pas de fête
sans roses ! On les voit de loin, au milieu de
toutes les autres fleurs ; la France, aussi bien
que la Hollande, leur ont donné la place d’hon-
neur, comme il convient à des reines.
Si vous voulez, lecteur, nous ferons, dans ces
royaumes fleuris, une promenade et nous la com-
mencerons par le jardin français. Comme il est
vaste, nous procéderons par ordre. Le jardin est
en contre-bas des pavillons qui l’encadrent de
leurs architectures variées, descendons-y par
l’escalier, où déjà des fleurs nous ac-
cueillent aux rampes, en face des bâti-
ments de la France -ét de l’Italie.
Aimables, les architectes de la ville de
Paris, auteurs des dispositions heureùses
du jardin, ont mis au centre du rectangle
immense occupé par les roses trois vas-
ques où miroite une eau brillante ; c’est
évidemment une attention, ce sont les
miroirs dont ils ont voulu que ces reines
fussent dotées pour soigner leur beauté.
Et Ton peut croire, en vérité, qu’elles
s’y mirent, tant elles apportent, à se
faire belles, de soins délicats,
jeune fille aurait leur teint ?
haute dame, leur toilette ? Les
menteurs disent que parfois cela
Quelle
Quelle
poètes
se ren-
contre I II faut les voir, le matin, avant
dix heures, les belles reines, avant que
la foule des guichets ait encore envahi
les avenues, il faut alors les voir, pres-
que seules, faisant leurs confidences aux
jardiniers qui les aident dans leur toi-
lette ; elles se penchent, recueillies, dans
l’air encore frais, comme si elles s’exa-
minaient avant la venue des regards
humains. Est-ce modestie pour les éloges
qu’elles vont entendre, et qu’on ne leur
marchande certes pas ? Ah I vous croyez,
passant, que les roses n’entendent pas,
que la roseur de leurs pétales n’est pas
quelquefois l’illumination du plaisir !
Tenez, dans le silence du matin, la
voix d’un jardinier s’élève, sans doute il
leur chante quelque compliment.
Tout à l’heure, elles en entendront
bien d’autres ! Ce sera toute une série
d’amateurs qui se presseront. Non pas
seulement de simples admirateurs ou des
cu-
rieux. Les horticulteurs, eux, vont venir faire
leur choix ,■ nous les verrons se pencher sur les
rosiers, lire les étiquettes qui portent les noms,
et d une ecriture pénible, car les horticulteurs ne
sont pas calligraphes, inscrire sur leurs carnets
le nom de ces belles. Ils ont examiné leurs
qualités, supputé les chances qu’elles ont de
plaire à la clientèle.
Maintenant que nous avons un coup d’œil
d’ensemble, approchons-nous, descendons la
derniere marche dans le jardin. De gracieuses
statues nous accueillent, de-ci de-là. Quelque
demi-dieu dont l’urne, renversée, répand sur la
douce terre la fécondité ; plus loin, un joueur
de flûte, joyeux berger d’Arcadie, dont le souffle
habile court harmonieusement le long du roseau
troué.
Puis les roses !
Le parterre qui nous arrête le premier, long de
cinquante pas de front, c’est celui des roses
lyonnaises. Dans le Lyonnais, comme partout
ailleurs, les roses sont des personnes et comme
telles portent des noms. Les autres plantes en
ont aussi, me direz-vous. Oui, mais c’est seule-
ment pour les savants, ce sont en général d’hor-
ribles noms latins que nul ne prononce et que les
familiers de la botanique savent seuls. Mais les
roses s’appellent monsieur et madame, princesse,
marquise et duchesse ; ce sont des noms pour les
honorer, parce qu’elles ont, de tout temps, fait
les délices de l’humanité, et qu’on a cherché
en retour, pour elles, des honneurs spéciaux à
leur décerner parmi les fleurs.
Les roses lyonnaises sont de celles qui ont le
LES AMATEURS PRENNENT DES NOTES ET DES ADRESSES...
privilège de fleurir toute l’année ; parfois, un
peu lasses vers le milieu de l’été, dans les années
où il est torride, elles font une petite pose, dé-
fleuries, pendant laquelle la plante se recueille,
amasse de nouvelles sèves, puis la floraison re-
prend avec une incomparable somptuosité. On a
dit même que cette seconde éclosion est la plus
parfumée et on accuse ses effluves de faire
perdre la tête aux jeunes filles, dans le Midi,
car si l’une d’elles a mal
des roses ! s’écrie-t-on.
Voici la rose Bengale «
nomination, qui n’a rien
tourné, c’est la faute
Aurore », dont la dé-
d’usurpé, dit
seule toute la fraîcheur et tout l’éclat.
Savez-vous comment on baptise les
C’est très simple. Et cette simplicité
à elle
roses ?
fait la
justesse des dénominations. La rose nouvelle,
on la montre, on en parle, on en jase et toujours
il se rencontre un homme dont le cerveau, même
fruste, trouve par hasard la comparaison. Le mot
lancé, il frappe par son image, on le retient et
désormais l’on s’en sert pour reparler de la
fleur. Cela, c’est le grand baptême, celui de la
popularité, de la gloire.
Il faut voir cette rose « Aurore », quand elle
est ouverte du matin même, encore humide de la
rosée et que le premier rayon du soleil illumine
ses pétales. Il faut arriver à ce moment de sa
jeunesse, quand, encore entr’ouverte seulement,
elle n’est pas plus large qu'une petite pomme
et que sa chair délicate est si traversée par la
lumière que la fleur semble contenir une clarté
intérieure ; après, c’est trop tard, en quelques
heures la rose a quarante ans 1
Et voici celle qui se nomme « Beauté incon-
stante », une rose thé, qui a de petits
travers, paraît-il 1 En voilà encore une
qui est bien humaine, très féminine et
très près de nous. Quel est le péché
mignon de Beauté inconstante ? Elle
varie de la couleur thé jusqu’à prendre
parfois celle du corail rouge !
Souvenir de David d’Angers, souvenir
d’Aimée Terrel des Chênes! N’est-ce
pas charmant cette immortalité donnée à
un nom par une fleur ? Voilà de la mé-
tempsycose sous la plus poétique des
formes ! Et quel plaisir délicat, pour un
créateur de variétés, d’offrir ce don de
perpétuité sous les auspices de la fleur
la plus belle que les cieux aient jamais
éclairée ! Car, bien que par exception,
quelques personnes lui préfèrent d’autres
fleurs, la rose est la reine partout, de
New-York à Lima et sa gloire fait tout
le tour de la terre. Partout, comme ici,
même les enfants, crient à leur mère dès
qu’ils en aperçoivent : « Viens voir les
belles fleurs I »
On a toujours brûlé l’encens sur les
autels de la rose. Pour la Rome impé-
riale, l’Italie entière ne produisait pas
assez de roses. Pour les festins et les
fêtes on les faisait venir jusque d’Egypte.
Le forçage était cependant déjà connu
à cette époque et les Romains connais-
saient les moyens d’avoir chez eux des
roses en toutes saisons. Au moyen âge
la rose était adorée des Persans et des
Arabes. Les Musulmans avaient, en
Espagne, des jardins qui n’étaient que
de roses et de violettes et les légendes
racontent que la tête y tournait sous les
parfums, qui parfois endormaient les amants du
sommeil éternel. Ces Musulmans, dit-on, avaient
même trouvé une variété de roses dont le secret
est perdu : elles étaient bleues.
Cependant, la rose que ces peuples anciens
adoraient déjà, était loin d’être comparable à
celle que nous admirons. Ils ne connaissaient
que quelques espèces sauvages ; que diraient-ils
aujourd’hui. La rose nouvelle date de nos jours.
Au commencement du XIXe siècle la vogue com-
mença avec les Provins et les Cent-feuilles. La
rose, excessivement plastique, devint tout ce que
l’on voulut et donna de suite des centaines de
variétés. Aujourd’hui, pour être un peu com-
plète, une nomenclature des variétés de roses
s’élèverait facilement à plus de 12,000 déno-
minations !
Les roses dont nous avons parlé tout à l’heure
appartiennent à la classe des Roses de l’Inde.
Celles-ci ont accompli dans le genre Rosa une
véritable révolution et apporté des principes