Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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nouveaux dans la culture du rosier. La rasa
indica et la rosa sempervirens, qui sont les types
de rosiers de Bengale et des rosiers Thé, sont
toutes deux originaires de la Chine.
La rosa indica ou la rosa sempervirens, en
croisant leur famille avec des formes du groupe
des Gallicæ, ont donné naissance aux rosiers
remontants, dont nous parlerons plus loin et.
dont les variétés sont actuellement légion. La
rosa Wichnariana, qu’il importe de nommer
comme souche, assez nouvellement connue, a
originairement ses rameaux couchés sur le sol,
couvrant les rochers, au Japon. La rosa multi-
flora, une souche également, a produit par croi-
sement les Crimson, que nous rencontrerons
aussi, tout à l’heure, dans les jardins.
On croit assez généralement que la petite
églantine, ou rosier sauvage de nos bois, repré-
sente la rose originelle, dont sortirent par l’art
et la culture, toutes les variétés actuelles. Non,
il a fallu le concours de plus amples cicons-
tances pour nous donner la fleur somptueuse.
Nous voyons que la rose a dans ses veines
délicates un sang très complexe, à la composi-
tion duquel ont contribué la Chine et le Japon
pour l’Asie, la Floride et la Californie pour le
continent américain, enfin tout le bassin méditer-
ranéen pour l’Europe et l’Afrique.
Douze mille variétés ! avons-nous dit. Com-
ment dénombrer une pareille légion ? Quittons
l’histoire et revenons à notre promenade mer-
veilleuse, dans l’allée où les roses nous regar-
dent. Oublions les absentes, pour les présentes,
plus belles.
La Tosca, une rose dédiée à Sarah Bernhardt,
qui, elle, a déjà tant de moyens d’immortalité !
Nous avons dit comment on baptise les fleurs.
Ce n’est pas la même chose de les dédier ou de
les baptiser. Les horticulteurs ont comme tous
les hommes leurs admirations. Par exemple,
cette rose que voici s’appelle le « général Gal-
lieni ». C’est évidemment un baptême de poli-
tique ou de vieux soldat, car on pense bien que
la chartnante rose n’a rien qui rappelle son
énergique parrain ! Mais, par contre, « Mes Fil-
lettes », voilà un rosier bien dénommé. La plante
est mignonne, toute foisonnée de fleurettes rou-
gissantes, de-ci de-là, à la débandade sur les
rameaux, comme des fillettes qui jouent dans
le bois I
Maintenant, abordons le grand quadrilatère,
où triomphent en masse les reines de France,
autour des miroirs limpides reflétant l’azur du
ciel ou du moins sa lumière.
C’est, d’abord, de chaque côté des trois mar-
ches qui descendent à leur niveau, des touffes du
Rosier impérial.. Une des souches de l’espèce,
originairement corolle simple, a cinq larges pé-
tales. Les rosiers que l’on voit ici sont déjà en
évolution, légèrement doubles ; il faut aller dans
les jardins de l’Observatoire, à Uccle, pour les
trouver dans toute leur originaire beauté. De
l’espèce sauvage ceux-ci ont encore la teinte des
fleurs, le vert surprenant des feuillages, qui sont
excessivement robustes, avec cette autre particu-
larité, générale à la souche, de présenter neuf
folioles à la feuille, tandis que tous les rosièrs
n’en présentent jamais plus de sept.
Enfin, nous arrivons devant les rosiers à têtes,
à grandes fleurs. Magnifiques et fiers, ils font
la haie le long des grands côtés du quadrila-
tère. Ce sont des merveilles. Tous fleuris, ils
ne cèdent en rien le pas à la beauté, malgré
leur air martial, sur les hautes tiges, à côté des
roses basses aux airs dolents et nonchalants.
Quelle profondeur de corolle, quel développe-
ment de petales, quel harmonieux groupement
sur le calice, quelles colorations d’opale, quel
soleil couchant, quelle nacre offrent à nos yeux
tous ces clairs visages !
Quelqu un a songé à dédier une rose à
Homère. C’est une rose blanche, qui semble
faite d’un tulle léger, volant à la brise comme
la petite jupe en corolle des danseuses s’envole
et se plisse aux girations de l’artiste. Elle porte
un liseré rose, d’abord d’une teinte égale, puis
qui se fond et disparaît. Ce n’est pas d’une
allure très épique pour le poète de VIliade, mais
LE CONCERT MILITAIRE.
c’est infiniment gracieux et aérien, comme les
nuées quand elles passent, légères, sur la mer
Ionienne.
Le « Soleil d’or », une belle rose, en effet, un
globe d’or qui, par les beaux jours, regarde
l’autre d’un air un peu narquois.
Dirons-nous la grâce de la rose « France » ?
C’est elle, bien connue, qui fait la gloire des
vitrines de nos grandes fleuristes, en hiver. La
vraie est rare. Grande, le pétale déchiré pu
milieu, les coins retournés, le cœur jaune d’or !
Nous sommes arrêtés un instant au milieu du
quadrilatère par la vue de quatre femmes, à
corps de griffons, habillées de manteaux de
levrette, et qui lèvent la tête et tendent leurs
bustes gracieux, au bord de l’eau, vers les pas-
sants et vers les roses. Mais ces êtres au sou-
rire de pierre sont moins femmes que les roses
vivantes, dont les parterres enchanteurs ne
cessent de nous convier à l’admiration.
La « Gloire de Dijon », une des premières
roses thé qui firent leur apparition en grand en
Belgique, il y a quelque cinquante ans. C’est
elle que l’on dispose près des murailles, que ses
rameaux envahissent si le soleil vient quotidien-
nement les chauffer et qui transforme en jonchée
de fleurs la brique aride. Aujourd’hui, l’ancienne
« Gloire » est dépassée par une foule de belles
rivales, qui ont trouvé pour se farder des teintes
plus lumineuses, plus fines ; pour s’habiller, des
formes plus délicates ou plus morbides. Mais
comme variété robuste, elle est restée la belle
paysanne, fraîche et vigoureuse.
Quelles diverses beautés ont toutes ces roses !
Le soleil les parfume et les illumine ! Mais il
faut aussi les aller voir après une fine pluie, par
un jour sans vent. Alors, le pétale est une soie
semée de diamants, et la fleur est devenue tout
à fait immatérielle ; sous sa nouvelle parure
éclatante et prête à ruisseler, on ne saurait la
cueillir ; un souffle de vent, un rayon de soleil
vont la lui enlever !
Nous abordons la troisième rangée de par-
tenes et une nouvelle sorte de rosiers. Ce n’est
plus seulement le rosier à tête, c’est le rosier
arbuste qui élance son léger tronc, terminé par
une boule de roses, serrées parfois comme les
fleurs d un arbre d aubepine. Ce ne sont plus
des roses, ce sont des bouquets de roses, par
vingt à la fois, des pompons de roses, qu’il n’y
a qu a cueillir pour piquer dans un liarnais de
Longchamp fleuri, ou dans la noire chevelure
d’une Espagnole. Ce sont les Crimson, rouges
comme des fleurs de grenadier, ou roses comme
du pêcher, ou blanches à fleurs simples en forme
d’églantine. Capricieux, ces arbustes varient non
seulement leurs couleurs, mais leurs formes ;
leur floraison se masse en tête ronde, ou pend
en lianes, ou bien elle est jetée, de-ci de-là, sur
d’élégants rameaux souples, qui se balancent
comme des bras étirés pour chercher des appuis.
On a disposé ces élégants arbustes parmi des
parterres de roses noisettes, les plus petites du
monde, qui leur font un tapis mignon dont le
contraste est charmant.
Au sortir du jardin français, un admirable
parterre, divisé en plates-bandes, prolonge le
royaume des fleurs. Ce sont les roses du grand-
duché de Luxembourg. L’effet de ces longues
bandes de roses, tassées à la suite, de toutes
teintes, est prestigieux. C’est un éblouissement.
Plus loin encore ce sont les jardins de la Hol-
lande, eux aussi sont fleuris de roses.
A travers les trois jardins les belles reines
triomphent, on ne saurait faire de belles fêtes où
elles fussent absentes, répétons-le !
Les visiteurs les plus pressés, que l’on voit
se diriger vers les halls, allant aux nouveautés
de l’industrie, ne peuvent s’empêcher de se sur-
prendre tout à coup, en des arrêts extasiés,
avec des hochements de tête qui sont un hom-
mage à la splendeur de la nature. « Voilà ce
qu’il y a de plus beau ! », dit la campagne, aussi
bien que la ville. Là-devant, tous les progrès
se trouvent vaincus, ou du moins dépassés par
le mystère, et ce n’est pas ce qu’il y a de moins
curieux de voir tous ces visiteurs avides de
courir aux enseignements pratiques d’une expo-
sition, s’arrêter tout à coup pour regarder un
instant la beauté inutile des fleurs I
Hommage soit rendu à cette humanité en qui
jamais ne périt l’Idéal I