ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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414 L'EXPOSITION DE BRUXELLES LE ROYAUME DES JOUETS « Les hommes sont de grands enfants » et « les enfants sont déjà de petits hommes », singulier hasard, voilà deux phrases complémen- taires, dites dans une même journée, à l’Expo- sition, ce rendez-vous mondial, où se rencontrent les extrêmes, la frivolité et le génie, les éven- tails et les machines-outils, les guignols et les torpilles, image vive de la vie européenne et même universelle, en cette foire des nations qui contient au moins un échantillon de tout ce qui se fait de nos jours dans le monde entier ; y compris, comme on voit, la philosophie. N’est-il pas étrange et ne faut-il pas un rare concours de circonstances, dans ce capharnaüm, pour que deux pensées se rencontrent, comme au jeu des petits papiers, et s’accordent comme si un même profond esprit les avait dites ! Et cela précisément dans le royaume des petits, la salle des jouets, que connaissent si bien tous les amis de l’Exposition. « Tu traînes plus que le petit, dit une jeune mère à son mari qui guide le garçonnet par la main , • allons, viens ! Tu es plus enfant que l’enfant ! » Et cela est souvent vrai, pour un moment, court, hélas ! Papa revoit le cercle de la famille, en sa propre enfance, les jouets familiers qu’éclairait la lampe, les troupeaux, l’arche de Noë, les soldats qui s’alignaient sur la nappe ; puis, plus grand, l’école finie, les devoirs bâclés, les toupies ronflantes, la lantèrne magique, les bo tes de patience, chacun retrouve là un peu de ses jeunes journées, des souvenirs, la mémoire du papa, de la maman disparus, de la vieille bonne, du petit Noël, du grand saint Nicolas, de tous les clairs anniversaires du calendrier ! Ça dure ce que ça dure, ce souvenir, mais ça remonte au cœur, et, un moment, ça pince ! Les jouets ont progressé, comme tout le reste ,• il semble aux parents d’aujourd’hui, devant les joujoux parfaits, compliqués et artistiques, que leurs jours de jeunesse remontent à l’enfance de l’humanité. Les chevaux à bascule avaient, au lieu de poils, une robe peinte gris pommelé, une crinière de carton, comme tout le corps, faite d’une raie noire, à la couleur ; les locomotives LES JOUETS. marchaient au doigt et ne roulaient pas à l’élec- tricité ni à la vapeur I On construisait soi-même, pour les trains, des tunnels de livres, de boîtes superposés, que sais-je, on les faisait circuler LES JOUETS. entre les pieds des tables, il fallait être ingénieux pour s’amuser ! Ces petits trains-là, ces maigres machines ne sont plus, de nos jours, que pour les marmots de trois ans. A sept ans nos fils sont ingénieurs, ils ont des trains sur rails, avec tunnels en roche, gazonnés, arbori és, ils tour- nent des rhéostats, un coup de sifflet, le train part ! La boîte à outils de charpentier, elle aussi, ne convient plus aux marmots. Nos garçonnets sont industriels à l’âge de la première culotte. La scie, le vilebrequin, le rabot ont cédé le pas aux machines-outils, pour les petits comme pour les grands. Le groupe électrogène qui fournit vapeur, mouvement, électricité, fera, si l’on veut, fonctionner mécaniquement l’atelier ! Que n’y a-t-il qui ne montre aux adultes d’au- jourd’hui quels barbares ils étaient chez père et mère ! Avaient-ils des torpilleurs, des cuiras- sés, des automobiles, des aéroplanes, des dirigea- bles, des lions, des ours, des singes en peluche, et même, ne vous en déplaise, avaient-ils une écuyère ? Je vous dit que tout a changé d’âge ! L’écuyère en question est ici le centre d’une scène innocente et charmante, quelque chose comme un incident de la vie de Miarka, la petite chanteuse bohémienne, la joyeuse héroïne du roman de Jean Richepin. L’ingénieuse scène qui nous est offerte par le metteur en scène des jouets, si l’on peut dire, a bien, elle aussi, sa poésie et le pittoresque ne lui manque pas. C’est la foire en quelque petite ville d’Alle- magne. Sur la place publique, elle répand sa gaieté faite de musique, de nouveau.é, de l’allée et venue des voyageurs, de parents qui se visi- tent, de diligences qui déversent leur monde au seuil des auberges, de petites baraques d’ambu- lants, la marchande de friandises, grand’mère vieille et cassée, autour de laquelle se rangent les petits enfants, le marchand de poupées, cli- nique de bras, de jambes, de regards de verre, pour les poupées infirmes, le moulin de chevaux de bois, tournant, brillant, le tir aux pipes, et mille autres choses... Tout le monde est là, s’amuse, sourit, mange et boit ; on est venu de toutes parts, en costumes du pays, divers et bariolés, la fête bat son plein quand arrive la grande attraction, le clou de la foire, le Cirque ! Vous pensez si le monde s’en donne aux yeux, si l’on accourt curieux, intéressé. Il y en a pour tous les âges dans le défilé. En avant, marche le bon nègre — sans doute avaleur de plumes et mangeur de lapins crus, — montrant, en attendant, ses trente-deux dents très blanches, comme il convient, exhibées dans un large rire, en harmonie d’humeur avec sa musique, cymbales retentissantes et bondissants coups de grosse caisse. Puis, derrière lui, le mélancolique Romanichel, à la belle moustache, au teint olive, aux yeux