Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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fatals, conduisant par la bride, couvert d’un
harnais authentique sur sa vraie peau, le petit
cheval fringant de l’écuyère, sérieuse celle-ci,
décolletée, rose en son maillot rose, un peu
déteint, comme l’exige la couleur locale, par la
poussière des routes. L’ours est aussi de la
bande, un ours qui fut authentique, à en juger
par le poil ; un boule-dogue qui fut de race, s’il
faut en croire ses dents ricanantes, trotte auprès
de l’ours, en bon compagnon, prêt à lui rappeler,
toutefois, que l’on ne fait pas toujours ce que
l’on veut en ce bas monde, par quelque robuste
coup de gueule, à l’occasion. Le philosophe de
la troupe, c’est le chameau, qui suit et domine de
sa haute encolure cette petite compagnie de gens
étranges. Il regarde sa route, rien que sa route,
sans lever les yeux sur personne, et sans s’in-
quiéter non plus de ce qui se passe sur ses
bosses, où deux macaques font des singeries. Il
a des songes merveilleux pour distraire son mar-
tyre, le vaisseau du désert, et pose doucement ses
pieds tendres sur le pavé dur, fidèle aux maximes
d’Allah, qui ordonne de supporter avec résigna-
tion ce que l’on ne peut empêcher. Il porte ses
rêves altiers sous sa paupière de peluche, ornée
de longs cils, où le fabricant de jouets a montré
avec art ce que l’on peut mettre de sentiment
dans une étoffe ! La peau d’un chameau coûte
cher, et ce chameau-ci ne doit rien à la nature.
Ce charmant tableau, composé avec humour,
vraie scène de vie, petit roman de jouets, amuse
autant les grandes personnes que les enfants. A
ceux-ci il échappe des cris d’admiration, de dé-
concertantes paroles, qui con iennent tout l’infini
et tout l’indé.ini du désir, et après lesquelles on
s’arracherait les cheveux, tel ceci : « C’est dom-
mage qu’ils ne soient pas vivants ! » N’en est-il
pas de même de tout progrès ? On s’évertue, on
s’échine, on sue sang et eau, on conquiert la
terre, la mer, les airs, et l’on n’est pas plus satis-
fait ! Un monde admirable s’organise autour de
nous et nous demeurons la plus imparfaite de
toutes les machines !
Sur un autre panneau de la petite salle, voici
les montagnes, les collines, les bois du Wurtem-
berg, avec la vie des bêtes et des gens qui les
habitent. Les troupeaux de moutons pâturent les
prés d’un vert appétissant ; les pasteurs veillent
avec les chiens, et pour charmer leurs loisirs
jouent de la cornemuse ; des vaches qui retour-
nent à l’étable passent des ponts ; des excursion-
nistes gravissent les rocs, des fanfares joyeuses
de paysans joufflus les suivent ; ils ont dérangé
un renard songeur, qui vient pousser son museau
roux et darder ses prunelles luisantes, avec pré-
caution, au-dessus d’un roc en balcon. Plus bas,
ce sont les travaux d’ingénieurs, voies de chemin
de fer, creusement de canaux, déchargement des
bateaux de commerce, foule, rues, agitation, dé-
linquant aux prises avec la rude poigne de la
police allemande. Délinquant pour ivresse ! Les
jouets aussi ont leurs défauts !
Tout cela est fort beau, mais le jouet par excel-
lence, dont on fait ce que l’on veut, facile, rela-
tivement solide, accommodant, par fi'.e à droite !
par file à gauche !... arche ! c’est le soldat,
jouet des enfants et des princes ! Les joyeux
soldats de Nuremberg vont à la guerre pour rire,
dorés, chamarrés, vifs de couleurs, variés et,
peut-être, un peu terribles, en leur symbole, pour
les garçonnets. Les enfants qui savent tant de
choses et, dès sept ans, presque tout le principal
de la vie, malgré le peu d’étalage que ces petits
ignorants font de leur savoir, présentent déjà là,
sans doute, quelque chose de peu commode, qui
répond à leurs instincts confus.
Nos futurs petits traducteurs de VIliade et de
César ont ici de quoi s’initier. Voici les armées
de l’Histoire, Romains, Germains de Tacite,
guerriers en costumes anciens d’Allemagne et
de France. Nos soldats belges, en grande tenue,
figurent en bonne place. Même le roi Albert,
minuscule, la face pas plus grosse qu’un ventre
d’abeille, et ressemblant, marche, très fier, à la
tête d’un brillant état-major. Il y a là toute une
revue de l’armée belge, lanciers, guides, carabi-
niers, grenadiers, génie, etc.
Mêlant ensuite le plaisant au sévère, nous
voyons que Guignol n’est pas mort. Son théâtre
a toujours du succès. Rideau levé, on voit le
gendarme, le pierrot, la mégère, avec ses canines
de sanglier, le Peau-Rouge, le meunier, tous les
éléments des drames chers au cœur humain.
Est-il surprenant que ce soit la grave et stu-
dieuse Allemagne qui ait composé cette salle de
jouets, si amusante ? Est-ce un problème psycho-
logique ? Non, il y a déjà longtemps que le plus
populaire de tous les présidents a conseillé aux
jeunes gens qui cherchent des camarades de
s’unir, dans les collèges et les écoles, à ceux qui,
aux heures de récréation, jouent avec ardeur et
s’amusent de bonne foi. Pour devenir un bon
homme, dans l’acception large et sociale du mot,
il faut avoir été un garçon qui a bien joué. C’est
être de son âge, et tout est là.
LE GÉNIE CIVIL
EN ITALIE ET EN ALLEMAGNE
Deux grandes préoccupations dominent, en
Italie, le génie civil : i° la conservation du sol,
par l’établissement de travaux d’art de toutes
natures, appliqués à la régularisation du cours
souvent désordonné des fleuves et à l’action ron-
STAND DU PORT DE GÊNES.
geante des eaux de la mer ; 2° l’enrichissement
industriel, par la mise en valeur, électrique, de
la force motrice développée par le réseau fluvial
dans sa marche.
On saisit de suite l’importance de ces deux
questions si l’on considère la géographie monta-
gneuse de l’Italie. Couchée sur la planète du
N.-O. au S.-E., l’Italie, bordée par les Alpes,
puis partagée en deux versants, dans sa lon-
gueur, par l’admirable chaîne des Apennins, doit
à ses montagnes un puissant réseau fluvial et
celui-ci en fait une contrée tout indiquée comme
productrice d’énergie électrique. Les entreprises
sont innombrables qui naissent pour l’exploita-
tion dynamique des cours d’eau ; la mise en
valeur de ces forces est capable de centupler la
richesse de l’Italie : application de la force élec-
trique — transportable — aux travaux d’art des
ports, construction des quais et manutention des
marchandises, éclairage des villes, circulation des
vicinaux, production des produits chimiques à
bon marché par l’établissement d’usines d’élec-
trochimie qui en emploient les procédés nou-
veaux de l’électrolyse, voie toute moderne et
pleine d’avenir.
La régularisation des cours d’eau, qui est,
avons-nous dit, l’une des grandes préoccupations
du génie civil, a pour but : i° la conservation
du sol ; 20 la captation régulière des forces dy-
namiques , ■ 3° la navigabilité ; 4° l’assainissement
de toutes les provinces de l’Italie.
A ces différents objets se rapportent les plans,
vues et modèles exposés par le Ministère des tra-
vaux publics italien. Une curieuse figure en
relief montre l’état des fonds stratifiés du Lido,
à Venise, en 1882, à côté d’une autre figure
comparative qui montre l’état des mêmes fonds
en 1904 : on voit que la mer a rongé des