ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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426 L’EXPOSITION DE BRUXELLES de ces nègres dont l’envahissement chassa peu à peu la race décimée des Indiens paisibles. Plus tard, ce fut l’aventure tragique de Tous- saint Louverture, ce héros noir mort captif au fort de Youx et qui eut la gloire — platonique il est vrai pour lui - d'inspirer un drame poi- I.E CORTÈ.GE DU TRAVAIL. — LES MUTUALITÉS. gnant à Latnartine. Ce fut la revanche ensuite de Jean-Jacques Dessalines, le libérateur de l’île, qui massacra ou chassa les Français de Rocham- beau. Ce furent les discordes du nord et du sud se ralliant autour du nègre Christophe ou du mulâtre Pétion. Ce sont les partages, les dé- membrements, les protectorats, les révolutions successifs pendant une moitié du siècle dernier, tantôt au profit des Français, tantôt des Espa- gnols, tantôt des indigènes. C’est un instant, il y a cinquante ans, la brève épopée burlesque de ce despote sauvage, sinistre personnage d’une opérette qui tournerait au macabre, de ce Sou- louque proclamé empereur sous le nom de Faustin Ier. Tant de traverses ne sont évidemment pas faites pour aider à la prospérité matérielle et au développement intellectuel d’un Etat. Haïti a voulu nous apporter des preuves, cependant, de ce que trente ou quarante ans d’existence natio- nale bien organisée, de réformes sages, d’appli- cation à l’ordre et au travail ont été capables de produire. Et voilà comment rien ne doit nous être indif- férent de ce que le vaillant petit peuple haïtien offre à nos regards sur les 344 mètres carrés de superficie de son rustique palais de bois pein- turluré d’ocre et d’indigo. * * * Comme toutes les autres participations de 1 Amérique centrale — et elles sont nombreuses au Solbosch - celle d’Haïti s’ingénie à nous affirmer la richesse et la variété des produits du sol. La canne et le café en sont les ressources les plus fameuses. Si la fabrication du sucre n’utilise plus autant la première qu’elle le faisait autrefois, celle du rhum en fait une consomma- tion considérable. Et dans le pavillon se dégustent les trois articles qui constituent l’essentiel de l’exporta- tion et sur lesquels les planteurs comptent le plus pour assurer la prospérité de l’avenir. Je veux parler du café, du rhum et des cigares. J’ai bu le premier, savouré le second, fumé le troi- sième et je ne m’en suis pas repenti. Cafés en parches, rhums en fûts ou en flacons, tabacs en feuilles ou façonnés occupent donc une large place des installations. Mais le miel y a aussi la sienne, et les liqueurs variées, succé- danés du rhum, et les fruits et les légumes sa- vamment conservés, et le coton et le cacao, et le vin de kola et la gomme cajou, et le manioc et Ic sucre. Des vastes forêts qui s’élèvent sur les flancs des monts de la Hotte, sur les bords du lac del Fondo ou dans les hauts bassins du fleuve Arti- bonite, sont venus les bois rares aux brillantes polissures, aux jeux admirables de nervures marbrées. Des rochers gigantesques de la presqu’île de Tiburon ont été extraits des spécimens des mine- rais les plus féconds en or, en argent, en pla- tine, en fer, en cuivre, en étain et qui n’attendent qu une main-d’œuvre abondante et des moyens de transport pratiques pour enrichir d’opulentes exploitations. Ailleurs voici les échantillons des quelques industries élémentaires de l’île : quelques pierres réfractaires, des tissus, des sacs et corbeilles en fibres de lataniers servant au transport des cafés à dos d’animaux, des fleurs artificielles même et des broderies. * ■ * * Mais les organisateurs se sont préoccupés de mettre en évidence, et par conséquent en valeur, le degré de civilisation et la prospérité intellec- tuelle, le bon ordre administratif auxquels la République est parvenue. Celle-ci a su, en ces dernières années, appliquer fructueusement sa devise nationale, — une devise qui ne manque pas de ressembler à celle que nous connaissons bien. Haïti, qui a le français pour langue natio- nale, inscrit en effet ces mots sous ses armoiries belliqueuses : L’Union fait la force. De nombreuses photographies nous font voir par exemple que Port-au-Prince est une capitale dotée de fort beaux monuments : cathédrales, banques, gares, palais du Sénat et de la Chambre la décorent magnifiquement. Signa- lons, en passant, que la cathédrale de Port-au- Prince est l’œuvre de M. Paul Perraud, ingé- nieur-constructeur à Bruxelles, et qu’un vitrail, exposé dans le pavillon, vient, à destination de cette église lointaine, d’être exécuté d’après les dessins de M. Paul Hagemans. L’artiste belge y a représenté, dans une ligne et des colorations harmonieuses, une touchante Sainte-Marie-Mag- deleine. Tel cimetière haï.ien, dont des vues sont pré- sentées au visiteur, évoque le souvenir des mo- numentales nécropoles de Milan et de Gênes. Les écoles d’enseignement secondaire pra- tique ont envoyé de délicats objets peints ou brodés. Le pensionnat Sainte - Rose de Lima montre les artistiques travaux de ses élèves et, entre autres, un superbe rochet de prêtre en dentelle au fuseau qui ne serait pas indigne de la patience habile de nos célèbres dentellières flamandes. S’il y a des écoles à Port-au-Prince, il y existe aussi un Laboratoire Séjourné, où se pré- parent toutes les variétés d’ampoules médica- menteuses, et la notoriété des instruments de chirurgie inventés et confectionnés par le doc- teur haïtien Casséus a dépassé les bornes de l’île. Enfin, il est bon de signaler que nos compa- triotes ont d’excellentes raisons de ne pas passer indifférents devant les échantillons et surtout les documents mis sous leurs yeux, puisque plu- sieurs importantes sociétés belges ont de gros intérêts aux Antilles. La Société des plantations d’Haïti, à Bayeux, qui traite le caoutchouc, le cacao, la canne et le rhum, est du nombre et elle participe à l’Exposition actuelle. * * * Et, au centre de tous ces témoignages de l’ac- tivité productrice et commerciale d’un peuple en somme primitif et rude, se dresse le buste en bronze de Jean-Jacques Dessalines, tenu là-bas pour le vrai fondateur de l’indépendance haï- tienne. Le bicorne emplumé crânement planté sur ses cheveux crépus de nègre aux grands yeux énergiques, l’habit b-odé surchargé d’épau- lettes et d’aiguillettes lui donnent l’aspect d’un général décoratif du premier Empire. Mais le contraste est éloquent entre la collection de poteries et de rudimentaires ustensiles exposés comme des vestiges des anciens Caraïbes dispa- rus, la noire (majesté rude de ce soldat de fortune et les preuves de l’état actuel de prospérité d’un pays que nous ne pouvons pas ignorer. Paul André.