Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
437
LE BRÉSIL
Alors que venait de s’ouvrir, sous les plus
brillants auspices, cette Exposition mémorable
dont l’éphémère existence s’achève parmi la
vogue la plus persistante, nous imprimions dans
un des premiers numéros de cette publication :
« On ne saurait trop insister sur la part active
que le Brésil prendra à la prochaine Exposition
de Bruxelles. Il s’agit, en effet, d’un pays dont
le prodigieux et rapide développement s’est sur-
tout manifesté en ces dernières années dans
toutes les branches de l’activité économique,
attirant sur lui l’attention de l’Europe tout
entière, qui voit en lui un superbe débouche
industriel et commercial. »
Aujourd’hui que le palais grandiose érigé
dans les jardins du Solbosch par les
soins d’un comité officiellement consti-
tué par le gouvernement du plus impor-
tant des Etats de l’Amérique du Sud a
fermé ses portes en même temps que
tous les autres auxquels nous dûmes de
connaître et d’admirer les richesses et
l’activité de tant de pays du vaste monde,
il ést un légitime hommage que nous
devons apporter à ceux qui réalisèrent
une des plus magnifiques contributions,
et des plus abondantes, à notre World’s
Fair.
Dans le nombre de millions de visi-
teurs qui ont pénétré dans l’Exposition,
je crois bien qu’on n’en trouverait pas
un seul qui soit passé indifférent devant
le monument, élégant et majestueux à la
fois, que l’architecte Van Ophem édifia
non loin du décoratif pavillon de la ville
de Bruxelles.
C’est que l’ampleur de cette construc-
tion, d une harmonieuse architecture, n’a
d’égale que sa beauté. C’est aussi que
l'intérêt et la variété de ce qu’elle con-
tient, la façon dont tout y est ordonné,
présenté, n’ont d’égal que le luxe exté-
rieur de l’édifice.
Il n’y eut qu’un regret : unanimement
on déplora qu’un palais aussi imposant,
une façade, un dôme, un perron, des
abords aussi superbement réalisés n’eus-
sent point trouvé le bénéfice d’une si-
tuation plus avantageuse.
Quel parti n’eût point tiré de la pré-
sence en bordure de ses pelouses et de
ses parterres de ce blanc palais sédui-
sant, le jardin de Bruxelles encombré de
trop d’édicules mesquins et sans caractère ? Quel
merveilleux coup d’œil eût été réservé au
visiteur si, devant lui, au bout de la grande
allée qui part de l’entrée principale il eût pu
apercevoir, en fond prestigieux de décor, ce
monument fastueux et gracieux tout ensemble ?
Mais ces regrets tardifs sont superflus et je
me suis laissé dire que des circonstances aux-
quelles il n’appartient à personne d’apporter
remède imposèrent le choix d’un emplacement
défectueux, qui présentait cet essentiel défaut de
ne ménager aucun recul à un bâtiment dont la
beauté totale ne pouvait s’apprécier que dans un
regard d’ensemble, d’un point de vue suffi-
samment éloigné.
* *
Aussi bien le succès de la participation
brésilienne en elle-même n’a-t-il été en rien
compromis par le désavantage de la situation
topographique qui dut lui être assignée.
Que de pas ont foulé les marches de ces deux
spacieux escaliers qui donnaient accès à l’entrée
du palais et dont la double courbe enfermait la
fontaine dans laquelle, le soir, se jouaient des
jets et des gerbes savamment colorés de toutes
les nuances du chatoyant arc - en - ciel ! Que
d’yeux ont admiré aussi l’illumination du dôme
aux glauques transparences qui, dans la nuit,
prêtait des aspects de château de légende ou
de féerie à ces heureuses audaces de plâtre,
de staf et de verre !
On comprenait tout de suite, à peine avait-on
franchi le seuil du hall aux proportions gigan-
PAVILLON BRÉSILIEN.
tesques, que beaucoup d’orgueil s’attestait dans
tout ce qui se présentait aux yeux. Mais un
orgueil fécond et légitime, celui qui peut être la
forme prise par la fierté d’un peuple conscient du
labeur de son passé, de la prospérité de son pré-
sent et surtout des heureux présages de son avenir.
Quel chemin a parcouru en effet ce pays si
diversement habité, si changeant d’aspect et de
ressources, si ballotté entre des destinées poli-
tiques contradictoires depuis quatre siècles que
Vespuce, Vincent Pinzon, Pedro-Alvarez Cabrai
et d’autres abordèrent ses rivages qu’ils crurent
ceux d’une île à laquelle ils donnèrent le nom
de Vera-Cruz I
Dès les premières années de l’immigration
européenne les villes se fondèrent, aussitôt après
que, l’erreur initiale reconnue, les explorateurs
changèrent le nom de Vera-Cruz en celui de
Brazil, emprunté par eux à un bois de teinture
rouge très abondant sur ce sol éminemment
forestier. Ce fut San-Salvador, ce fut Rio-de-
Janeiro, vite industrieuses et peuplées où Portu-
gais, Français, Hollandais organisèrent le négoce
avec les nègres, les mulâtres et les indiens.
Hollandais et espagnol jusqu’en 1654, le vaste
Etat, rapidement prospère, mais fréquemment
troublé par des discordes, devint portugais. C’est
ainsi qu’en 1808, l’invasion du royaume euro-
péen par les Français ayant obligé la famille
royale à s’exiler, Jean VI et sa famille trou-
vèrent asile à Rio-de-Janeiro.
Mais le peuple brésilien n’attendait qu’une
occasion favorable de secouer le joug étranger
qui lui pesait. Il profita, en 1821, du retour
de Jean en Portugal, pour proclamer
son indépendance et nommer empereur
le régent dom Pedro, fils aîné du roi.
Le règne de dom Pedro et celui de
son fils en faveur duquel il abdiqua en
1821 furent une ascension constante
vers la puissance commerciale, le déve-
loppement économique, social et indus-
triel, même vers la grandeur artistique
et intellectuelle d’un empire aujourd’hui
admiré et respecté dans le monde entier.
Le régime nouveau eut cependant à lutter
de plus en plus contre les efforts des ré-
publicains fédéralistes et contre d’inces-
sants mouvements séparatistes. Ces dis-
sensions intestines devaient aboutir au
facile coup de force de 1889, qui permit
au maréchal Deadoro da Fonseca de
proclamer et de faire reconnaître la
République des Etats-Unis du Brésil.
En vingt ans la population des vingt
capitaineries primitives avait passé de
10 à 13 millions d’habitants. De 1889
à 1909, soit pendant les vingt années
suivantes, elle passa de 13 à près de 25
millions.
*
* *
Les organisateurs de l'Exposition bré-
silienne à Bruxelles ont montré d’une
façon ingénieuse et saisissante ce qu’est
leur grand pays. Deux cartes murales
leur ont suffi pour cela. L'une est une
carte économique situant dans leurs
centres essentiels d’exploitation ou de
fabrication les produits du sol ou de
1 industrie. Nous y voyons schématique-
ment représentés les deux bassins fon-
damentaux du Brésil : les plaines immenses et
basses du nord-ouest baignées par l’Amazone et
ses innombrables affluents ; les régions mon-
tagneuses du sud et de l’est. C’est le superbe
bassin de l’Amazone présentant sur presque
toute sa superficie le luxuriant aspect d’une
immense forêt vierge ; c’est l’étendue énorme
des pampas méridionales ; c’est aussi le long
développement des côtes océaniennes, zone d’une
incomparable fertilité où toutes les cultures don-
nent des rendements sans pareils.
Quelques chiffres concrétisent ce que le gra-
phique ne fait qu’indiquer : ramenons-les à ces
deux conclusions éloquentes : la valeur des pro-
duits importés au Brésil en 1909 fut de 63
millions 724.440 livres sterling ; celle des pro-
duits exportés par le Brésil dans le courant de
La même année fut de 37,111,748 livres
sterling.