ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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L’EXPOSITION DE BRUXELLES 439 fort bien, à l’époque, par des liaisons de plume. Planofficiel de l’Exposition ! Nos camelots ont eu fort à faire avec les étrangers ; par la force des choses, ils ont appris les langues ; la plupart d’entre eux ne sont plus, aujourd’hui, bilingues, mais tri et quadrilingues ! J’ai fait à ce propos une singulière remarque : les jours où, pour des raisons qui ne regardent personne, je paraissais mélancolique et plus sé- rieux que nature, les camelots m’offraient leurs plans avec des paroles allemandes ! Au contraire, si le soleil me rendait la face joyeuse et la dé- marche allègre, les plans m’étaient présentés avec des mots anglais ! Je me garderai bien de la moindre conclusion dont mon cosmopolitisme — quel qu’il soit - ne saurait s’accorder ! Mais finissons-en de cette nuée de marchands de plans généraux et de souvenirs de l’Expo- sition, qui ont assiégé tous les voyageurs de trams portant l’X prophétique de leur destina- tion, et forment en face des portes ce joyeux charivari de cris qui annonce une grande chose. Les portes franchies, nouvelle suggestion, attrayante, séduisante, les petits billets rosés ! « Les voilà, les voilà, les bons billets de la tom-bo-la ! 200,000 francs pour un franc ! c’est é-pa-tant ! » En effet, ce serait épatant, si c’était toujours vrai ! Mais le vendeur vous clame cela avec une conviction, une mine si réjouie, que vraiment sa confiance vous gagne ! 200,000 francs pour un franc ! Phrase lapidaire, qui est de l’or, et, comme dirait peut-être Boileau, vaut seule un long poème ! Chacun, heureusement, sait ce que parler veut dire, et prend, avec calme, son billet, sans s’imaginer qu’il est entré dans une nouvelle Babylone où l’on jette l’argent au premier venu par portes et fenêtres I Tout le long de votre promenade, deux fac- tions rivales, la Blanche et la Jaune, se disputent l’honneur de vous cirer les bottines ! Cirage en boîte blanche et cirage en boîte jaune. La plu- part du temps, c’est la langue anglaise qui sert de truchement. « Sir ! » Est-ce à la bottine amé- ricaine ou anglaise, très à la mode, que l’on juge de votre nationalité ? Peut-être ces industriels oublient-ils de regarder les visagesi et ne s’in- quiètent que de l’état de propreté des chaussures qui défilent tout le jour devant leurs yeux ? Pour eux veille la Providence. Par Les temps clairs et secs, elle envoie la poussière des petits quenast sur les cuirs les plus brillants et vous êtes fait comme un carrier ; par les pluies, il y a les flaques inévitables, et la bénédiction du ciel sur les cireurs, fortune pour eux, Leur arrive sous la forme de passants englués qui vous marchent sur les pieds. Il n’y a plus qu’à les leur livrer. Les nègres surtout font à ce métier merveille ; ils sont nés cireurs, frotteurs ; qui ne sait que pour faire à un nègre le plus grand plaisir, il faut, dans le service de la maison, lui donner à frotter tout ce qui est susceptible de reluire ! Il y retrouve l’éclat disparu du soleil, la case, les palmiers, et, qui sait, peut-être toute la famille, le petit frère, la petite sœur ! N’oublions pas les pous-pous japonais, tonki- nois, siamois, comme vous voudrez, tout cela n’est qu’un ! La question de nationalité du conducteur ne ferait qu’embrouiller la question. Sous le grand chapeau de planteur de riz, nous avons reconnu un aimable garçon, nègre du Brésil ; un autre, cow-boy sans doute teint, du Far-West et aussi quelques Belges, mais qu’im- porte ! Avec le mélange des races, bien rare qui n'aurait dans les veines assez de sang tonkinois pour mener convenablement un pous-pous. Mais nous voici à Tunis, à Brousse, à Téhéran, à Constantinople. « Pardon, lecteur, arrête, par ici !» La méthode change, la suggestion par autorité, fi I Cela est pour nous, acheteurs qui nous laissons mener, camelots qui nous comman- dent, bon pour les barbares d’Occident, France, Angleterre, Allemagne, Belgique, Hollande et quelques autres. Les peuples raffinés de l’Orient contraire, c’est la voix qui accroche, qui cloue sur place. « L’avantage de notre produit, sa raison d’être, c’est qu’il enlève les taches sans détériorer le tissu I De l’encre, de la graisse...» Le public s’arrête, se rassemble et les boîtes s’en vont porter... l’économie et la blancheur dans les LES VENDEURS D’ALBUMS. possèdent la suggestion par affabilité. Leurs tapis, leurs parfums, les objets d’art, tout est à vous ! « Pardon, monsieur, par ici, entrez voir I Vous n’êtes pas obligé d’acheter, c’est seulement pour regarder ! » S’ils ne vous offrent pas le café — comme les marchands d’Orient le font en réalité, — c’est peut-être que nous sommes des barbares, je l’ai dit, qui abuserions de la politesse — en nombre, — et, pensez donc, toute l’Exposition serait chez eux ! — Mais s’ils n’écou- taient que leur penchant naturel ! Je crois que personne de chez nous ni d’ailleurs n’a jamais épuisé la générosité d’un Oriental, ni encore moins sa patience. En voilà, des maîtres de phi- losophie. A vos plus vives impatiences ils oppo- seront toujours le calme et le sourire. Ils ne prennent pas, plus qu’il ne faut, le monde et ses pompes au sérieux ! Oh ! ils aiment la céré- monie et le faste, par-dessus tout, mais pour eux ce n’est jamais qu’un jeu aimable, qu’ils met- tent une incroyable souplesse d’esprit à bien jouer ! Le marchand et l’acheteur, le chat et la souris ! « Pardon, mademoiselle, avez-vous vu ça ? La pierre de Tunis, qui change de couleur quatre fois par an ? » Attendez voir, maldemoiselle ? » Pour être fils d’Allah ils n’ont pas tous le fez ou le turban ; quelques-uns qui ont une belle chevelure bouclée se garderaient bien de la coiffer. Ils s’habillent à l’européenne, encore par politesse, déférence au pays dont ils sont les hôtes. Voyez le séducteur aux yeux noirs, bottines vernies, la voix douce, Roméo oriental, couché dans son salon de tapis, aux pieds de la cliente espérée. Il fait sa cour, un tantinet même au mari. Le moyen de résister à un tel marchand ? Oui, il y a bien les quinze cents francs que coûte le tapis discuté, envié, mais est-ce un mar- chand, avec de tels airs de nonchalance, ou un prince déguisé, un marchand d’Opéra en tout cas ! Quittons à regret l’Orient et ses délicesA Ah I certes, en voici qui n’ont plus les gestes enveloppants et la voix en sourdine. Tout au sgT^a ■ 4 familles. Ceux-là, par exemple, ils s’en donnent de la peine ! A frotter, rincer, ils dépensent autant de muscles que d’esprit à parler. Leurs collègues en douleurs, qui, eux non plus n’ont pas le métier facile, ce sont les mar- chands de pierres et roulettes à aiguiser les couteaux. Bien qu’ils disent, le public n’est jamais content d’eux. Tel a acheté le produit, l’objet fameux et prétend qu’en ses mains les canifs s’émoussent et les couteaux s’ébréchent. Et cela est vrai, sans qu’il y ait de la faute du mar- chand ! « Vous faites une fois comme ceci, vous passez une fois comme cela, et c’est assez, vous avez toujours des couteaux qui coupent ! » Oui, mais va-t-en voir, aiguiseur novice, si tu fais bien comme l’habile vendeur ! Un peu plus fort, pas assez fort, trop incliné, et la lame est au diable ! A qui la faute ? Marchandise excellente, mais qui réclame une main sensible. Aussi pres- que tous finissent leur boniment, la foule partie, avec un hochement de tête: « Sale article ! » Ah I des gens qui ne se foulent rien et se fient à l’illustration, ce sont les marchands de cartes postales illustrées. Répertoire peu varié: « Dix centimes au choix.» Aussi il en pleut, il en verse ! Pourquoi se donner du mal ? Les visiteurs de l’Exposition n’écrivent-ils pas toute la journée ? A chaque table qu’ils rencontrent, ne les voilà- t-il pas envoyant de lointains bonjours dans toutes les directions ? Les marchands de cartes postales n’ont pas besoin de se donner de la peine ; c’est la manie du jour ! Enfin, je vous présente, pour finir, deux jeunes gens, sans doute rivaux, peut-être amis, qui ne sont pas des moindres de l’Exposition. L’un s’est spécialisé dans le sucre filé, — vous con- naissez cette belle pâte soyeuse qui se travaille en écheveau, qui n’est que du sucre, du miel et de la vanille, le tout mélangé d’une quantité con- sidérable d’air, par le brassage, ou si vous aimez mieux le filage ; — l’autre de nos jeunes gens a pour spécialité les caramels, et il est Anglais, comme eux.