Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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le porte. Il y a toujours à cueillir pour
l’homme !..
Il n’est d’ailleurs pas seul à reconnaître les
fruits mûrs, ni à prévoir la saison de maturité
des différentes espèces. Sur le chapitre de l’ali-
mentation, les animaux en savent autant que lui.
Les grives n’arrivent-elles pas dans les vignobles
à la bonne saison ? Ne savent-elles pas qu’en
automne la sorbe est mûre ? Quels buts ont les
grandes pérégrinations permanentes, en Afrique,
des éléphants ? Ils suivent la maturité d’un cer-
tain fruit nommé par les indigènes fouta, et dont
ces pachydermes sont friands. De leurs petits
yeux vifs ils ont vu dans telle forêt que les fruits
désirés sont encore verts ; ils n’ont garde d’y
toucher. Ils se disent qu’ils reviendront, et ils
reviennent, cette fois à temps. Non, l’homme
n’est pas seul à cueillir et à le faire à propos ;
insectes, oiseaux, mammifères émigrent vers les
banquets offerts par la nature et dont les mois
sont inscrits dans la mémoire séculaire de la race.
Quelques cueillettes, principalement, ont pris
pour l’humanité presque entière une importance
fabuleuse. Notamment la cueillette de l’olive,
celle du café et du cacao, ainsi que celle du thé.
Tout le monde en profite. Aucune région n’est
plus propre que le bassin de la Méditerranée à
la culture de l’olivier. Il est chez lui dans le midi
de l’Espagne, de la France, de l’Italie, à Bari où
les olives donnent l’huile la plus recherchée
du continent, en Grèce, en Turquie, en Pales-
tine, en Tunisie, avec Sfax qui produit l’olive
la plus réputée de l’Afrique; l’Algérie et le
Maroc ferment la boucle méditerranéenne de la
production de l’olive. Nous ne ferons pas le
relevé de l’olive dans ce vaste bassin ; nous nous
contenterons d’un chiffre local : le nombre des
oliviers en rapport qui projettent leur ombre
lumineuse et légère sur le travail diligent des
cueilleurs et cueilleuses à la belle saison, repré-
sente globalement en Tunisie seule une forêt où
le nombre des arbres s’élèverait à 12 millions.
Calchas disait : « Trop de fleurs ! » Mais
jamais le Tunisien ne dit: «Trop d’olives!»
Peut-être le dira-t-on un jour, comme on cria
parfois en France, toutes barriques pleines :
« Trop de vin ! » A propos de vin, disons que
nous n’avons pas cru devoir ici parler du raisin,
puisque sa récolte s’appelle d’un nom plus, fas-
tueux, les vendanges.
Après les champs d’oliviers viennent en bonne
ligne les champs de café. La petite cerise rouge,
à deux grains accolés dans chaque capsule, se
cueille dans une aire de dispersion beaucoup
plus étendue que l’olive. Elle réclame plus de
chaleur et descend autour de la terre jusqu’aux
tropiques et à l’équateur. Elle est cueillie par
les mains bronzées des indigènes dans les champs
de terre rouge où sont alignés les caféiers à
perte de vue. Le Brésil est le plus grand pro-
ducteur de café du monde entier, puisque sur
une consommation mondiale de 17 millions de
sacs, il en fournit à lui seul 13 millions ! On
le récolte aussi dans les Indes orientales et occi-
dentales, aux Antilles, à Haïti, dans l’Indo-
Chine, la République Dominicaine, le Congo,
Madagascar, etc. Au Brésil, la prochaine cueil-
lette se fera au mois de septembre, c’est-à-dire
au commencement du printemps brésilien. Tout
le monde sera dans les champs, hommes, femmes
et enfants, emplissant aussi rapidement que pos-
sible Valqueire, ou boisseau d’une contenance
d’environ 50 litres, des petites cerises dont la
couleur pourpre tirant sur le noir indiquera à
ce moment la maturité. Les plus diligents pour-
ront arriver à en remplir dans la journée une
dizaine, qui leur seront payés à une moyenne
d’un franc par alqueire.
Au Brésil le café mène à tout. Santos-
Dumont a rappelé que c’est en étudiant les ma-
chines de la fazenda de son père, grand planteur
de café, qu’il avait commencé de prendre à la
mécanique le goût qui devait le conduire à la
construction du ballon dirigeable et ensuite de
l’aéroplane.
Mais revenons aux cueillettes. Le cacaoyer a
CUEILLETTE DES OLIVES.
également une aire immense de dispersion ; elle
est peut-être même encore plus étendue géogra-
phiquement que celle du café, bien que la quan-
tité cultivée et la consommation soient moindres.
Comme grands producteurs de fèves de cacao,
nous retrouvons encore les Indes, Java, Bornéo,
Sumatra, puis La Martinique, la Jamaïque, la
Guadeloupe, toute l’Afrique équatoriale, Mada-
gascar, Haïti et le Nicaragua dans l’Amérique
centrale, ainsi que l’Amérique du Sud.
La banane est d’introduction courante relative-
ment récente. Elle est cueillie dans les climats
chauds du monde entier. Il ne semble pas que
nous puissions espérer de la voir jamais en
grande abondance chez nous. La raison en est
qu’elle est mangée sur place et qu’il en reste peu
pour l’exportation. Avec le manioc c’est le pain
de l’indigène. Sa culture facile convient à la
nature indolente des populations qui vivent sous
un beau ciel. Ne vient-elle pas elle-même du
ciel ? On l’appelle musa paradisea! Le fruit
présente cette particularité de ne contenir aucune
graine. On enfouit en terre une aisselle de
feuille, un fragment de tronc ; la plante est
annuelle, ce petit travail donne chaque année un
arbre nouveau, d’une belle fécondité. L’Amérique
garde presque toutes les bananes longues qu’elle
produit ; celles des Indes vont en partie à Lon-
dres ; il en vient de Madère un certain nombre
en Belgique. Tahiti et le Nicaragua ont cherché
à introduire en Europe la banane séchée, à cause
des difficultés de transport pour les grandes
distances à l’état frais. L’Amérique possède des
bateaux spéciaux pour les transports de fruits.
En dehors de l’Europe les grands fruitiers
des variétés de nos espèces, pour les pêches, les
abricots, les poires, les pommes et les prunes
— dont il existe actuellement une variété obtenue
par sélection sans noyau, — les grands fruitiers
du monde sont la Californie et le Canada. A
partir de la vallée du Saint-Laurent jusqu’au
Nicaragua, sur une distance de 288 milles, ce
ne sont, au mois de mai, que pommiers en
fleurs. L’Australie produit aussi des pommes, à
peau lisse, en abondance.
La cueillette des oranges les plus renommées
se fait à Valence. Mais les oranges et les citrons
nous viennent de tout le midi de l’Espagne, de
la France, de l’Italie, particulièrement Naples et
Messine ; puis passant en Afrique, l’Egypte, la
Tunisie, l’Algérie, le Maroc, et plus bas, comme
productrices de petites oranges un peu sûres et
pâles, Madère, toutes les Açores, Las Palmas.
Le bassin méditerranéen, si fécond, si varié,
où durant de longs siècles les peuples sont venus
se grouper à l’envi, nous fournit encore les figues,
les blanches et les noires... et surtout les sèches.
Une des cueillettes les plus délicates est celle
de la vanille. Plante aérienne, liane aimant à
s’enrouler, à flotter en festons aux branches des
arbres, elle dépérit dès qu’elle s’aperçoit de son
esclavage. Aussi l’homme a-t-il du lui faire sa
domination aussi légère que possible. Elle est
cultivée en forêt. L’obtention des gousses aroma-
tiques se complique d’une difficulté qui fut long-
temps sérieuse. Les fleurs réclament la fecon-
dation artificielle. Elles sont, sans les soins de
l’homme, peu disposées à la fécondité. La vanille
aime les chaudes forêts ombreuses du» Brésil,
de l’île de Madagascar, de l’Indo-Chine ; elle
se plaît aux îles de la Sonde, a La Martinique,
à Tahiti, à l’île Bourbon. On a cherché à satis-
faire à ses exigences dans certaines forêts du-
Congo, notamment à la station de 1 Equateur.
Les plantes pharmaceutiques, médicinales, sont
innombrables autant que la flore elle-meme.
Toutes les plantes ont chacune quelque vertu
médicinale. Celles qui sont le plus généralement
appelées médicinales sont souvent celles qui
n’ont pas d’autre emploi. Sont medicinales les
bruyères, les pivoines, le sureau, les tulipes, le
mélilot, le laurier - cerises, etc. Leurs bien
proches parentes sont les plantes aromatiques, le
vétiver, le patchouli, la fève lonka, etc. Ces
herbes, ces plantes, ces graines étaient cueillies
dans les forêts, les landes, les campagnes, les
rochers par des femmes qualifiees jadis de sor-
cières et qui sont, de nos jours, la plupart du
temps des jeunes filles, avenantes paysannes. En
est-il du moins ainsi en Europe, mais aux Indes,
en Afrique, dans les forêts du Brésil, l’opinion
populaire veut qu’il y ait tout de meme un peu