Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
recouverte de fleurs des parterres, et la cendrée
des chemins.
Le 14, les wagons grincent, les locomotives
sifflent avenue des Nations ; d’autres voies des-
cendent vers le pavillon du Brésil ; d’autres, plus
loin, contournent les pavillons de l’Allemagne.
Tout cela c’est le départ, oui ; mais, en somme,
AVENUE DES CONCESSIONS.
ce départ n’a rien de l’aspect navrant dont les
esprits mélancoliques nous ont fait le récit. Toutes
ces caisses entassées, en pimpant et lustré bois
de sapin ; tous ces véhicules, véhiculant tout ce
qui peut être véhiculé ; ces rames de wagons,
n’ont pas l’air bien tristes 1 C’est le départ, mais
ce n’est pas la fin du monde ! Tous ces objets
s’en vont pour vivre ailleurs ; ils ont accompli
leur rôle de parade ou d’agent de propagande,
avec des mérites et dans des buts différents ; ils
rentrent dans les fabriques ; ils vont travailler,
de nouveau, sérieusement, chez d’autres clients ;
les bonnes et braves machines, inlassables et
puissantes, se feront des amis nouveaux. Il faut
voir l’empressement que ce matériel met à filer I
Toute la France est casée, emballée dans ses
caisses ! C’en est une véritable marée ; dès l’en-
trée vous les apercevez jusqu’à l’horizon, peut-on
dire, dans l’enfilade des salles ! Elles grim-
pent les unes sur les autres, bouchant les pas-
sages, vous contraignant à des escalades ; tout
à coup vous vous trouvez être parvenu, de caisse
en caisse, comme par les marches d’un escalier,
au sommet d’une pyramide de hauteur inquié-
tante !
La hâte est moins marquée en ce qui concerne
le démontage des machines du grand hall inter-
national. Ici, les moyens préhistoriques semblent
encore avoir cours. Douze ouvriers s’emploient
péniblement au transport d’une énorme conduite
d'eau ayant appartenu à une chaudière ; une
autre douzaine déplace, avec non moins d’efforts,
l’axe d’acier d’une pesante dynamo, qui s'élève
péniblement au grincement d’un crick, installé
dans un équilibre alarmant.
Et les ponts roulants, qui roulaient si bien
jadis l’après-midi avec le bruit lointain du ton-
nerre ? Eh bien ! maintenant qu’il y a quelque
chose à faire, ils ne roulent plus !
Nous assistons à la mise sur wagon d’une ma-
chine agricole de 4,000 kilogrammes. La voiture
monte, avec quelle peine, le plan incliné qui
mène à la plate-forme du wagon. La force en
usage ? Une vingtaine d’hommes, par devant,
tirant sur un câble ; une dizaine d’hommes, par
derrière, poussant les roues et l’arrière-train de
la machine. Que le câble rompe ? Ah ! fatale-
ment les hommes qui poussent à l’arriére seraient
écrasés par les 4,000 kilogrammes et ceux qui
sont aux roues auraient les bras rompus ! Quand
fuyaient les Barbares devant Attila il devait se
voir des scènes analogues quand on hissait de
lourds colis dans les chars !
*
* *
Le déménagement, en Allemagne, nous pré-
sente un admirable spectacle d’ordre, de pré-
voyance, avec l’application la meilleure du cé-
lèbre principe du moindre effort.
Le grand hall allemand des machines cachait
sous le plancher deux voies de chemins de fer
que l’enlèvement des planches a mises à jour :
l’une traverse le quadrilatère dans sa longueur,
l’autre dans sa largeur et coupe la première à
angle droit. Voilà quant à la circulation des
trains.
Voyons comment on charge ces trains. Les
superstructures du hall comportent trois voies
latérales de ponts roulants. Ces ponts roulants
sont composés d’un chariot aérien qui se déplace
d’un bout à l’autre du pont, et le chariot lui-
même porte à sa partie inférieure une plate-
forme suspendue tournante qui porte la grue
mobile. On a obtenu ainsi un appareil élévatoire
électrique d’une extraordinaire souplesse de ma-
niement, et qui peut être amené au-dessus de
n’importe quel endroit du hall. Vous me direz
que tous les ponts roulants peuvent faire |de
même ! D’accord, mais encore fallait -il le faire
savoir aux nations qui, travaillant encore à force
de bras, semblent ignorer les progrès de l’in-
dustrie 1
Voyez ici, pas un ouvrier ne fait d’efforts ;
aucune théorie d’hommes ne traîne lamentable-
ment quelque lourde pièce ; pas un seul trans-
port ne met en péril les membres ou la vie des
manœuvres ; quelques boulons à dévisser, quel-
ques fiches d’acier à faire sortir. Les pièces des
machines à démonter une fois libres, la grue
est amenée, la poulie descend avec son câble,
l’attache est faite, la pièce est enlevée, elle part,
le pont docile va la déposer soit dans la caisse
où elle sera emballée, soit directement dans les
wagons du train central.
Le pénible et harassant labeur humain est
remplacé par la méthode élégante des machines
qui suffisent à tout.
*
* *
Nous passons dans le hall international des
locomotives. Comment vont-elles s’en aller, les
lourdes machines ? Oli ! sans grand embarras.
On leur fait la toilette pour le départ et on leur
enlève un organe.
La toilette, pour ces monstres d’acier, c’est le
graissage de toutes les parties métalliques nues
que l’humidité pourrait abîmer. En effet, tout
simplement elles s’en iront sur leurs propres
roues. Cependant, elles partiront sans vapeur,
machines inertes, intercalées entre les voitures
d’un train. Pour éviter, autant que possible,
l’usure, on a démonté les bielles, qui sont, en
marche normale, actionnées par le piston.
*
* *
Et les antennes, les mâts de la télégraphie
sans fil ? Le 7 novembre l’entrepreneur de dé-
montage de ces hautes tours ajourées décla-
rait qu’il en avait pour quatre jours. Il avait
compté sans ses ouvriers. Le lendemain, au pied
de l’ouvrage à faire, les ouvriers se mettaient en
grève. Quinze francs de salaire par personne
ne leur suffisaient pas pour courir la chance
d’une chute, là-haut, à soixante mètres du sol !
La vérité, c’est que le vertige les effrayait un
peu ! Il fallut en chercher d’autres.
Ces ouvriers une fois trouvés pour le démon-
tage des tours, lequel dura un. peu plus de quatre
jours, on n’en trouva plus pour le démontage des
appareils intérieurs du poste. Alors, on vit un
exemple de belle vaillance, intelligente et cou-
rageuse. Le jeune ingénieur, chef de poste, seul
avec un camarade, se mit en blouse à déménager
et à démonter tous les appareils. Il y avait là
des pièces qui pesaient des 300 et des 500 kilos
qu’ils parvinrent à deux à transporter sur des
rouleaux et à emballer pour les camionneurs.
Tous les jours leurs vêtements étaient un peu
plus délabrés, salis à outrance, mais la besogne
avançait, sans aide ! Ils n’en étaient pas à leur
début dans le rude labeur de s’en tirer seuls
et avaient déjà vu des jours semblables dans
des installations antérieures d’autres postes, en
Chine.
*
* *
Les marchands d’Orient et d’Extrême-Orient,
qui furent la joie de l’Exposition, méritent bien
aussi de notre part un souvenir. Turcs, Persans,
Japonais, Tunisiens, parfums, broderies, tapis,
porcelaines, laques, bronzes et soies ont fait
régner chez eux une activité fébrile du 8 au 12
novembre. On se souvient que l’on avait pro-
longé jusqu'à cette dernière date l’entrée du
public, pour permettre à ces pittoresques négo-
ciants d’écouler le plus possible de leurs mar-
chandises restantes. De ces marchandises, il en
est resté, malgré tout, et il en serait toujours
resté, eut-on prolongé l’exposition d’un an
entier !
Ils connaissent les tours et ils aiment leur
profession, ces Orientaux ! Un marchand orien-
tal n’est jamais las de manipuler les objets de
son négoce, ni de les vanter, avec un amour
sincère et qui fait sa force, à l’acheteur euro-
péen.
Au fond, leur amabilité est une science pro-
fonde du cœur humain. On ne prend pas les
mouches avec du vinaigre ! Et comme ils se
jouent de nous avec leurs paroles affables ! Sans
doute, leurs marchandises sont curieuses, leurs
tapis magnifiques. Pourquoi les laisseraient-ils à
« bon marché », comme ils disent ? Ecoutez-