Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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— Alors, poursuit notre éminent maître, cet
animal éprouve donc une satisfaction. Par consé-
quent, il n’agit pas, il réagit.
Voilà qui est parfaitement déduit ; nous res-
tons bouche bée devant l’évidence ! Une réaction
précède et occasionne l’action. Mais alors qu’cst-
Chat effrayé par un chien et de mauvaise
humeur. Les êtres vivants n’agissent point,
mais ils réagissent. Le libre arbitre est
une utopie. (Dr Jules Félix.)
ce qui peut bien agir, si ce n’est pas là une des
fonctions qui semblent les plus propres et spé-
ciales aux êtres vivants ?
Ce qui agit ? Ce sont les forces. La pesanteur,
l’attraction, la chaleur, le magnétisme, l’électri-
cité. Ce sont ces forces qui sont la vie, la source,
le fleuve, le torrent universel des puissances, les
créatrices des mouvements de l’ensemble, elles
qui créent les formes sous lesquelles nous appa-
raissent, groupés ou dispersés, les atomes. Ces
forces nous traversent, agissent sur nous à notre
insu comme l’aimant avec le fer. Pour prendre
une comparaison plus sensible, disons que nous
sommes plongés dans ces forces comme le
poisson dans l’eau. Elles sont l’ambiance univer-
selle qui baigne les choses, les êtres, les mondes.
Ciel, docteur, que devient là-dedans notre chère
liberté ?
Sa voix nous répond : Le libre arbitre est une
utopie. Après les remarquables expériences de
Schroen, de Harting, de Leduc, de Dubois, de
Herrera (de Mexico), de Van Bemmelen, de
Quincke, de Bütschli, il faut conclure de cet
ensemble de travaux, dit le docteur Félix, que
l’Univers éternel et incréé doit être considéré
comme un seul organisme, un grand tout har-
monique en mouvement perpétuel et dont toutes
les molécules, composées de groupements divers
d’atomes et non pas de groupements d’atomes
divers, remarquez-le bien, puisqu’il n’y a qu’une
seule espèce d’atomes, forment les cellules, les
organes, les êtres, y compris les astres, planètes,
soleils, comètes et nébuleuses, en un mot tout
ce qui existe et peut exister, naissant, évoluant,
mourant sans cesse dans l’éther, protoplasme de
l’infini, d’où ils viennent et où ils vont.
Cellules et tissu artificiels produits sponta-
nément par la diffusion d’une solution de
ferro cyanure de potassium dans la gélatine.
Nous faisons partie du corps d’un géant, dit
quelque part dans ses œuvres le poétique et
prestigieux astronome Flammarion. Les planètes,
les étoiles, les soleils sont des globules qui cir-
culent dans ses artères ! De telles images d’un
illustre savant venant appuyer dans le même
sens les théories du docteur Félix sont bien
faites pour mettre à mal tout à fait ce qu’il peut
nous rester d’illusions sur notre liberté ! Parle-
rions-nous de la liberté d’agir et de penser des
globules de notre sang ? Si cependant nous
n’étions que cela pour le géant Univers 1
Les théories, les exemples pour nous le dé-
montrer ne manquent pas I II en a existé déjà
dans l’antiquité. Mais ces âges lointains n’avaient
que l’affirmation, parce que l’on ne possédait pas
le microscope. La petite lentille, la mince goutte
de verre est devenue prophète ! Elle a, par ses
révélations, révolutionné non pas le monde, peut-
être, mais la science. Elle est devenue l’épou-
vante pour de nombreux philosophes dont elle a
mis dans les rangs serrés de leur argumentation
le désarroi, la déroute !
Distinctions entre les divers règnes de la na-
ture, minéral, végétal, animal, ne sont que des
conventions théoriques, dit le docteur Félix, des
conventions plus ou moins nécessaires à l’en-
seignement classique, mais peu en rapport avec ce
qui existe réellement. En effet, reportons-nous
aux expériences si retentissantes de Stéphane
Leduc, à la conférence du docteur Kraff, sur
la vie de la matière. La vie de la matière est
constante, générale, perpétuelle et universelle et
non point l’apanage momentané et fugitif des
plantes et des animaux. Il n’y a pas de matière
morte ; toute matière est vivante ! telles furent
ses déclarations.
Le docteur Delowitz n’avait-il pas démontré
expérimentalement déjà, bien antérieurement à
cette conférence, que dans une solution concen-
trée de sulfate de soude, si on jette subitement
un petit cristal du même sel, immédiatement
toute la solution se cristallise ; d’amorphe et
fluide qu’elle était, elle prend forme et se pré-
cise ; le petit cristal projeté en a engendré un,
celui-ci un troisième et toute une famille est née.
C’est donc la production d’une génération cris-
talline. N’en est-il pas de même de la multipli-
cation de quantité d’autres cristaux ? Une par-
celle d’eux-mêmes vient-elle à tomber dans une
solution saturée, tous les atomes accourent et le
cristal générateur leur rend l’être, la forme
propre à leur espèce. Ils étaient dans les limbes,
ils en sortent au contact de la forme « adulte »
et prennent consistance.
Demandons au microscope les révélations dont
nous parlions plus haut. A Naples, le professeur
Schroen, en étudiant la formation des cristaux
(remarquez que nous sommes ici exclusivement
dans le monde minéral), a montré que des cris-
taux accompagnent toujours les microbes du
choléra. Il est démontré depuis lors que des
cristaux accompagnent tous les microbes.
Il nous semble, allez-vous dire, lecteur, que
ces principes, ces découvertes pourraient bien
nous ramener à. la génération spontanée ? Un
instant. Le docteur Félix nous montre, par des
figures, qu’elle est toujours et partout présente.
Seulement, si la théorie semble, par le silence
que l’on fait autour d’elle, avoir disparu des
principes rationnels de la science, c’est qu’elle
a revêtu actuellement une toute autre forme. Il
ne faut pas oublier que de nos jours encore il
se trouve parmi nous des personnes qui croient
que dans un bocal de son, enfermé longtemps
dans une armoire, peuvent naître spontanément
des souris blanches, ou des puces d’un amas
sale de vêtements ! Une autre forme de généra-
tion spontanee est loin d’etre battue en brèche,
notre docteur l’admet et il n’est, certes, pas seul.
Le docteur Bastian, professeur à l’University
College de Londres, soutient que les expériences
de Pasteur n’ont pas été faites dans des condi-
tions qui démontrent l’impossibilité de la géné-
Cristallisation de sulfate de cuivre dans la
gélatine. Effet morphogénique de la cris-
tallisation d’un sel dans une solution col-
loïde, d’albumine, de gélatine ou de silice.
ration spontanée. Alors que Pasteur chauffait à
loo degrés les solutions à stériliser et n’y voyait
plus rien renaître, le docteur Bastian a chauffé
ses solutions de 100 jusque 130 degrés, et y a
constaté après plusieurs jours l’apparition de
différents types d’organismes, dont il en repro-
duit plus d’une soixantaine dans son ouvrage sur
l’Evolution de la vie. En résumé, il a toujours
vu les formes de la vie capables de prendre
naissance dans les milieux les plus exclusivement
dits inorganiques.
Cette théorie a pour faits des figures, des
photographies ; pour arsenal, le microscope ;
comme raisonnement ses partisans demandent,
avec beaucoup de logique, pourquoi la vie ne
pourrait pas naître aujourd’hui de corps inor-
ganiques, comme elle l’a fait en un jour loin-
tain dans le passé de la planète, ce qui est cer-
tain, puisqu’elle y est présente sur terre !
Schroen, Bastian, Harting, Leduc, Félix, que
nous avons cités tour à tour, établissent par leurs
observations l’analogie des phénomènes vitaux
dans les minéraux, les végétaux, les animaux
et l’unité harmonique et universelle de la ma-
tière vivante dans ses éternelles manifestations.
Ces découvertes sont d’une portée philoso-
phique immense, qui justifie les efforts du doc-
teur Félix pour en faire pénétrer la connaissance
dans tous les milieux intellectuels où se trouvent
des hommes réfléchis. L’atlas de figures qu’il
expose est un mode d’enseignement par la vue
qui ne restera pas sans fruits.