Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
LE MUSÉE DU CONGO A TERVUEREN
L’inauguration par le Roi, le samedi 30 avril,
du nouveau Musée du Congo à Tervueren est
plus qu’une date dans notre histoire coloniale,
car c’est la consécration officielle des brillants
résultats assurés par un quart de siècle d’efforts,
et l’affirmation victorieuse de l’inestimable va-
leur économique de ce vaste empire africain
dont nous ont doté les conceptions audacieuses,
l’énergie inlassable et la diplomatie habile du
Roi défunt et l’héroïsme de ses collaborateurs.
Le Musée de Tervueren est le logique aboutis-
sement du compartiment Belgique - Congo de
1885 à Anvers, de la section congolaise de
l’Exposition universelle de 1894, de l’Exposi-
tion de Saint-Gilles de 1895 et de la section
de l’Etat indépendant du Congo à la World’s
Fair de 1897. Déjà à cette époque l’Exposition
coloniale de Tervueren, en révélant au public
tant de richesses insoupçonnées, avait déchiré le
lourd voile de mystère soulevé par l’énergique
main de Stanley. Rompant résolument avec les
habitudes routinières qui, dans les exhibitions de
ce genre, sacrifiaient l’intérêt économique au
caractère pittoresque et visaient plus à plaire
qu’à instruire, les organisateurs s’étaient ingé-
niés à satisfaire à la fois la curiosité banale et
le désir de documentation.
C’est ce double souci que l’on retrouvera dans
la logique ordonnance et les éléments décoratifs
des nombreuses salles du Musée du Congo.
On ne verra plus, il est vrai, un village indi-
gène dresser ses^chimbecks sous les hêtres ma-
jestueux du parc, dans le prestigieux décor des
hautes futaies dont les dômes arrondis mouton-
nent jusqu’à l’horizon. Les berges gàzonnées de
l’étang ne s’animeront plus de ce va-et-vient
d’une population noire aux types divers : gail-
lards nerveux, découplés, à la crête frontalle
batailleuse, aux faces étrangement tatouées, dont
le corps a l’admirable patine de certains
bronzes ; femmes variant leurs attitudes sculp-
turales par le jeu inconscient de leurs formes
harmonieuses ; soldats martiaux au fez coquet,
LA FAUNE.
l’uniforme bleu sombre ceinturé de rouge et
gardant, l’arme au pied, la clôture en fil de fer
du village. Nous n’entendrons plus la grave
mélopée des pagayeurs manœuvrant sur la
nappe d’eau leurs pirogues effilées, ni, au soir
tombant, le bruit des tam-tams scandant quelque
danse sauvage.
Ce sera tant pis, assurément, pour les passion-
nés de l’exotisme d’importation ; mais sont-ils
sûrs qu’à revoir sous nos ciels incléments les
scènes quotidiennes de la vie congolaise ils
eussent retrouvé la puissante impression res-
sentie il y a treize ans en raison de la nouveauté
du spectacle ? Et quant à ceux qui ne les virent
point, ils ont eu depuis maintes occasions de se
familiariser avec la beauté des sites, la variété
des types et le pittoresque des us et coutumes
du Congo, grâce aux photographies rapportées
de là-bas par milliers, aux nombreux livres illus-
trés publiés en ces dernières années et surtout
grâce aux séances de cinémas.
Au surplus, on se lasse de tout, du village
congolais comme de la banale rue du Caire, qui
fut pendant quelques années l’indispensable
attraction d’une exposition universelle. A la
vision sommaire de 1897 comme au remar-
quable embryon de musée que, déjà à cette
époque on avait réussi à grouper méthodique-
ment à Tervueren, il s’agissait de substituer un
palais colonial qui, selon le mot de M. le mi-
nistre Renkin dans son discours inaugural, offrit
au public international un éloquent résumé de
l’œuvre congolaise. Léopold II le comprenait
si bien qu’il avait fait construire le Musée
actuel que l’on vient d’ouvrir solennellement
le 30 avril dernier, et dont les cadres ont- été
élargis et complétés par la section économique,
la section des sciences morales et politiques et
la section de documentation photographique et
de vulgarisation prévues par l’arrêté royal du
Ier janvier 1910.
Le monument proprement dit, dû aux plans de
l’architecte français Girault, membre de l’Ins-
titut, a fait l’objet ici même, il y a un an, d’un
article spécial qui nous dispense de toute des-
cription. Contentons-nous de dire l’impression
de grandeur et de majestueuse beauté que pro-
BARON ALPHONSE DE HAULLEVILLE
CONSERVATEUR DU MUSÉE- DU CONGO.
duit ce chef-d’œuvre du style français, impres-
sion due autant à l’élégance des proportions et
à l’harmonie des lignes qu’à la sûreté de goût
et à la simplicité des moyens. La rotonde cen-
trale, au dôme imposant, ouvre ses trois hautes
portes de bronze sur la succession en gradins
des étangs dont les eaux vont se perdre, là-bas,
dans le lac entouré de futaie, et qui creusent
leurs vasques énormes parmi la verdure et les
fleurs.
Vers la cour, les baies et les portes des gale-
ries donnent sur un vaste atrium bordé sur trois
côtés de colonnades fort belles et formant un
jardin où tout l’été fleuriront des roses.
Les galeries qui occupent toute la longueur de
la façade principale vers le parc et qui, du sol
jusqu’à la naissance des voûtes, sont dallées et
lambrissées de marbres superbes d’une extra-
ordinaire richesse de tons, constituent la partie
intérieure la plus remarquable de l’œuvre de
M. Girault, et comme elles sont consacrées à la
section ethnographique il n’est point douteux
qu’elles captivent principalement, à ce double
titre, l’intérêt du gros public.
Il est entendu, d’ailleurs, que cette section
formera une sorte de cours permanent d’ethno-
graphie congolaise comparée, car les collections
qui y sont méthodiquement groupées par régions
seront renouvelées tous les trois mois, de façon
à entretenir la curiosité et à permettre à ceux
que la chose intéresse l’initiation graduelle au
degré de civilisation des principales races de
notre empire colonial.
Actuellement, l’une des galeries est consacrée
au district de l’Equateur et l’autre au district
des Bangala.