Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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Dans des vitrines très pratiquement conçues,
toute la vie indigène s’évoque par les vêtements,
les parures, les armes, les outils, les meubles
rudimentaires, la vaisselle, les instruments de
musique.
Voici les pagnes en fibres teintes de ngula ;
UNE FAMILLEJüE SINGES
les bonnets en lannières tissées à jour, en peaux
°u en fibres, ornés de plumes, de perles, de
cauris ; d’autres portent le panache dit Mang
bawa et l’aigrette ou s’agrémentent de touffes
de plumes de pintades ou de perroquets. Voici
es ceintures de guerriers à multiples rangées de
coquillages, d’autres faites en bandes de peaux
antilopes, ou en cuir d’hippopotame. Les bras-
sieres, les jambières en métal voisinent avec
es bracelets de fibres, des colliers faits de
Cents, de griffes, de cornes, des peignes, des
oucles et des anneaux d’oreille. Ces rondelles de
ois élargissent démesurément les lobes troués
es Bondjo aux tatouages en losange et aux
1n ^lsijtes houppes de cheveux persistant sur
a e.e rase. Parmi les colliers, on en remarque
uu énorme en laiton massi' à section circulaire,
qui pèse près de vingt kilos. Les femmes con-
amnees à porter cette parure écrasante ne peu-
'cut plus s’en débarrasser. Après décès, on se
contente, pour l’enlever, de couper la tête du
Propriétaire.
Ig a. va:sseHe est abondamment représentée dans
S vitrines, et nous révèle toute l’originale fan-
*810 de ces potiers indigènes, habituellement
es femmes, dont les casseroles, les plats, les
J les grandes jarres aux formes imprévues
ont souvent enjolivés par d’ingénus motifs dé-
oiatifs. Des plats en bois qui remplacent aux
^epas de famille les primitives feuilles de bana-
ler, les gargoulettes faites de calebasses, les
ortiers et les pilons s’alignent auprès des
mers en éclats de rotang, des trépieds, des
nattes, des tamis, des boîtes en écorce, des
objets de vannerie, des allume-feu, des torches
faites de résine de copal enveloppée dé feuilles
de bananier.
Voici les oreillers de bois servant à reposer
la nuque, les chaises aux formes étranges, fa-
çonnées dans une branche d’arbre
d’une planchette plus petite qui,
tée et ajourée — parfois de di-
mensions extraordinairement ré-
duites — et munie, par le milieu,
d’une planchette plus petite qui,
avec l’une des extrémités du siège,
sert de pied. Puis ce sont des
peignes, des sandales de bois, des
sachets tissés, des chasse-mouches-,
des hochets d’enfants, des pipes
aux énormes têtes de terre cuite,
aux lourds tuyaux recouverts de
peau ; un sarcophage de grand
chef, sorte de couvercle sculpté
représentant le défunt.
Mais ce qui abonde surtout -
en dehors des pagaies, des filets,
des nasses et des pirogues en
réduction, — ce que l’on retrouve
dans toutes les vitrines sous les
aspects les plus variés, ce sont
les armes et les lances, les haches
et les couteaux, tout ce qui cons-
titue la sauvegarde de l’être pri-
mitif contre le fauve ou contre
le voisin, souvent plus féroce
encore, et lui assure à la fois la
liberté et la vie. Comme tous les
peuples chez qui la force brutale
a gardé son prestige, les Congo-
lais apportent un réel souci d’art
dans la confection de leurs armes,
et certaines régions — par exem-
ple, celle de l’Ikelemba, repré-
sentée au Musée de Tervueren, —
se distinguent par le degré de
perfection de l’industrie du fer.
Les lances, sagaies, arcs, flè-
ches, boucliers sont de modèles très élégants et
très variés. Voyez les lances des Mongo à la
coupe gracieuse, la sagaie des Wongata au fer
allongé, à la hampe striée en spirale, la pique
des Bangala dont le fer au long col se termine
vers le bas par un renflement ciselé, les lances
à grand fer du Bas-Oubangi, les boucliers en
paille tordue, en fibres de .joncs tressées, agré-
mentés de jolis dessins et souvent bordés de
peau de chèvre. Voyez le couteau des Wangata
à large fer, en forme de feuille, à poignée et
grine de bois, le couteau Mongo à poignée de
cuivre massif, le « mbulu » à lame en cercle,
servant aux exécutions, cet autre avec gaine en
peau de serpent, cet épieu à bout ferré façonné
en lame de couteau et servant de piège de
chasse. Certes, l’aspect de ces armes nous a été
rendu plus familier grâce aux expositions pré-
cédentes, aux panoplies privées et aux étalages
des marchands de curiosités ethnologiques ; mais
ce qu’il importe de préciser ici, c’est l’intérêt
qui réside surtout dans leur classement par
régions et par race et dans les comparaisons
instructives qui résultent de l’examen comparé
des vitrines.
Signalons enfin le stock important d’instru-
ments de musique, l’un des attraits les plus
captivants des galeries de Marbre. « Quand le
soleil se couche, toute l’Afrique danse », dit un
proverbe sénégalais ; de là vient peut-être la
grande diversité d’instruments : tam-tams, gongs,
tambours faits de troncs évidés ou de sections
de calebasses recouvertes de peaux, sifflets, gre-
lots, trompes en corne d’antilope ou en bois,
cithares, timbales formées d’une plaque de fer
munie de grelots et de mitakos, guitares, man-
dolines grossières, harpe, et plusieurs espèces
de marimba, parmi lesquelles un spécimen très
rare, à lamelles vibrantes en cuivre, montée sur
planchette de bois dur, ornée d’une tige sur-
montée d’une section de calebasse faisant office
de caisse de résonnance.
Passons à la faune, qui n’accapare pas moins
de quatre salles. Dans celle des mammifères
apparaît dès l’entrée, reposant à même le sol,
l’énorme tête de rhinocéros blanc, à deux cornes,
rapportée par M. Solvay de ses premières chasses
dans l’enclave du Lado. Un autre rhinocéros, un
buffle, une girafe, un éléphant occupent la
rangée centrale avec l’okapi, cet animal extra-
ordinaire, découvert il y a quelques années dans
les forêts de l’Ituri et de l’Uellé et qui rappelle
à la fois, sous sa robe bizarrement colorée, le
zèbre, la girafe et l’antilope. Le musée en pos-
sède deux autres exemplaires, plus un squelette.
Dans les grandes vitrines qui garnissent les
murs de la salle, des centaines d’animaux font
défiler devant nous les principaux spécimens
de la faune africaine. Depuis le lion sans cri-
nière, au pelage pâle et miteux, jusqu’aux petites
genettes mangeuses de serpents et d’œufs de
crocodile, que de types singuliers ou gracieux,
amusants ou féroces, répugnants ou sympathi-
ques dans cette ménagerie de bêtes empaillées
où l’on peut contempler de près, sans émoi, le
léopard, l’hyène, le chacal ou le phacochère,
examiner à l’aise la cuirasse d’écailles imbri-
quées du pangolin ou l’élégante robe noire à
camail blanc du colobe et admirer sans crainte
de les effaroucher les zèbres aux rayures invrai-
semblablement nettes et le troupeau charmant
des gazelles et des antilopes.
Dans le pavillon d’angle où gambadent chim-
panzés, macaques, cercopithèques, dix gorilles
du Kivu installés dans des branches d’arbre
nous évoquent la monstrueuse bestialité de ces
anthropomorphes, d’autant plus hideux qu’ils
semblent l’effrayante caricature de l’homme.
C’est également une impression de répugnance
instinctive et de malaise intonscient que beau-
coup ressentiront dans la salle des reptiles et des
poissons où parmi les grands bocaux pleins de
formol baignant des poissons d’apocalypse, les
sauriens s’allongent, en des poses inquiétantes :
crocodiles,, gaviols, varans du Nil, près des
lézards inoffensifs, des iguanes vert-olive et des
caméléons à jamais figés — eux, les prismes
vivants — en leur robe d’écailles vaguement
grises.
CROCODILES.