Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Mais, entre ces deux salles, celle des oiseaux
apporte une joyeuse note fanfarante. C’est toute
une animation d’ailes ouvertes, avec la gaieté
des couleurs vives et l’imprévu des silhouettes
bizarres. Près des aigles, des vautours, des éper-
viers et des faucons, voici les hérons, les cigo-
gnes, les ibis, les marabouts, les pélicans. Ici
vous requiert le touracco à l’admirable plu-
mage ; là le calao grotesque à l’énorme crête
cornée ; les toucans, les perroquets, les perru-
ches voisinent sur leurs juchoirs, et; emplissant
toute une vitrine de l’arc-en-ciel de leurs plumes,
les passereaux d’Afrique, bengalis, cardinals,
martins-pêcheurs, engoulevents, oiseaux de miel,
et les jaunes tisserins et les merveilleux folio-
tocoles entr’ouvrent leurs ailes d’or, d’azur,
d’émeraude ou de flamme, comme s’ils voulaient
s’enfuir vers ces paysages congolais si artistc-
ment brossés, en manière de frise, aux murs de
la salle.
(A suivre.)
Auguste Vierset.
A LA MONNAIE
Les représentations extraordinaires, organisées
par le Théâtre de la Monnaie, pendant l’Expo-
sition, ont commencé mardi: la troupe du
théâtre de Monte-Carlo, dirigée par M. Guns-
bourg, a chanté Mefistofele, de Boïto, en italien.
L’œuvre, interprétée par MM. Chaliapine et
Smirnow et Mrae Edith Delys, a obtenu un
énorme succès. M. Chaliapine est un Mefistofele
incomparable.
On attend avec impatience le Vieil Aigle,
de Raoul Gunsbourg, et surtout le Don Qui-
chotte, de Massenet. Don Quichotte n’a encore
été joué qu’à Monte-Carlo.
Le génie de M. Massenet a une singulière
vitalité. ' Dans cette nouvelle partition, nous
retrouvons l’extraordinaire force de jeunesse et
d’invention qui nous avait tant séduit dans
le Jongleur de Notre-Dame, dans Chérubin,
œuvres dont nous devons aussi la révélation à
M. Raoul Gunsbourg.
M. Massenet a prêté au « Chevalier, de la
Triste Figure » la perfection et, aussi, la fin
de la Chevalerie, une noblesse de langage
incomparable. Sancho Pança, Dulcinée ne sont
pas moins bien venus. Et, à chaque moment de
cette œuvre rare, c’est une trouvaille où le
génie éclate, Le troisième acte, — celui où Don
Quichotte impose et convertit les brigands, —■ le
dernier acte, — où le pauvre héros meurt dans
l’apothéose intacte de son rêve, — sont d’une
inoubliable émotion.
Cette œuvre nouvelle est, au résumé, un véri-
table enchantement. Toutes les séductions y
sont présentes : l’héroïsme, la passion, le pitto-
resque, la couleur. On s’émerveille, en vérité,
d’une si prodigieuse invention épanouie par la
science musicale la plus aimable et la plus sûre.
La valeur mélodique y est très grande et renou-
velée sans cesse par les inépuisables imagina-
tions du génie. Cela n’étonnera aucun des
innombrables admirateurs de Massenet, le plus
charmeur des musiciens. Tout y est aussi régi
CHALIAPINE DANS «DON QUICHOTTE
par un tact, une mesure vraiment incomparables.
N jus n’insisterons pas sur la valeur harmo-
nique de l’œuvre, M. Massenet est un des
maîtres de l’harmonie ; et dans cette œuvre
nouvelle, il demeure égal à soi-même.
Nous louerons beaucoup le parti que M. Henri
Cain a tiré, pour la réalisation de ce drame
lyrique, du drame excellent du pauvre Jacques
Le Lorrain, qui n’aura guère reçu de son vivant
la caresse de la gloire.
La fortune lui fut presque toujours contraire.
Il avait dû, même, à une époque critique de sa
vie, se décider, nouvel Hans Sachs, pour la
profession de cordonnier. Les gazettes firent
quelque bruit alors autour du cordonnier-poète.
Enfin, le jour de gloire brilla pour le pauvre
Jacques Le Lorrain. Au théâtre Victor-Hugo, à
Paris, M. Bour donna la première représentation
de Don Quichotte. Le succès fut très vif. Jacques
Le Lorrain ne le savoura point longtemps ; il
mourut quelques jours après sa révélation au
grand public. On retrouve dans l’adaptation
scénique qu’il a faite de Don Quichotte, le
généreux signe des misères qui peuplèrent sa
vie. Son Don Quichotte n’a peut-être point tout
le prestige épique que lui conféra Cervantès,
mais il est plus près de nous, intégrant de notre
vie, participant à ses luttes, à ses déboires. Et
l’on comprend très bien, écrit M. Balsan de la
Rouvière, qu'il ait séduit l’inspiration d’un musi-
cien, d’un cœur tendre comme Massenet. Il l’a
humanisé plus encore par les effusions de la
délicieuse sentimentalité qui est la sienne, par
cette sensibilité de l’amour qui demeurera le
caractère le plus significatif de tout son œuvre
et lui assurera une place toute particulière dans
la postérité.
Œuvre de grand musicien et, aussi, de grand
poète. Don Quichotte, 1 ms sa forme nouvelle,
est promis à une longue fortune. Il faut savoir
gré à M. Gunsbourg et à MM. Guidé et Kuffe-
rath de nous l’avoir révélé.
DON QUICHOTTE ET SANCHO PANÇA DEVANT LES MOULINS A VENT.
LE^« P1ACO » DE DULCINÉE (4e ACTE).