ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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494 L’EXPOSITION DE BRUXELLES LE DERNIER DIMANCHE. UN GRAND JOUR Naturellement, ce n’était plus que de la grande Exposition qu’il était maintenant question au vil- lage chaque fois qu’on se rencontrait, à la rue et à l’estaminet ! Le maître d’école disait que quand on avait vu cela, on pouvait bien attendre tranquillement sa bonne mort. Ce qu’il y avait là de gens de toutes les couleurs et de tous les pays ! Le maître d’école, qui était savant, avait pu en trois jours repasser toute sa géographie. Et du plaisir ! Ils avaient, le second jour, tant mangé de saucissfes servies toutes grésillantes dans les bierbrauerel qu’ils en étaient restés enflés jusqu'au lendemain. On aurait eu de la peine à reconnaître le petit homme un peu gauche d’autrefois dans celui qui se trouvait là, debout ou assis, et parlait, riait, expliquait, en frappant ses cuisses du plat de ses mains. Les autres se taisaient, les yeux ronds, en tirant sur leur pipe. Il arriva que, petit à petit, le notaire, le percepteur, le receveur des impôts, le pharmacien, partirent comme lui-même était parti. Sur la vente d’une vache ou d’un veau, les grands fermiers, à leur tour, prélevèrent le prix du voyage. On en avait pour des semaines à ra- conter des histoires au retour. Le Roi leur avait fait, en passant, un petit signe de tête amical. Jamais ils n’avaient vu de plus belles femmes que dans les kiosques où se vendaient des cigares, des glaces, des charcuteries et des gobelets de champagne. Ceux-là aussi frap- paient leurs cuisses du plat de leurs paumes ; il y en avait qui parlaient bas derrière leurs mains, confidentiellement. Poppe Snol, domestique à la ferme des Snutze- Snew, entendait parler de toutes ces merveilles depuis près d’un mois. Comme c’était un taiseux, il ne disait rien et écoutait. Il ne passait pas pour être très esprité. Chacun son métier, du reste, et le sien consistait à soigner les chevaux et à mener les attelages. C’était un bon sujet. Eh bien, ne voilà -t-il pas que Poppe Snol, tout à coup, se sentit pris, lui aussi, de la petite folie qui avait pris tous les autres ! Il allait par les routes au pas de ses bêtes, tête basse, quelque- fois manquant de se faire écraser sous les roues, dans son grand rêve éveillé d’aller voir cette chose qu’ensuite on ne verrait plus jamais. A table, en coupant son chanteau avec son eus- tache ; à l’écurie, en remplissant les auges, et puis la nuit, couché, les yeux ouverts, sur son grabat, il ne cessait plus d’y penser. Même à messe, le dimanche, tout droit contre le pilier, son feutre mou dans ses mains jointes, l’idée ne le quittait pas. Ce n’est pas qu’il eût une grosse réserve d’argent, mais ce qu’il possédait était bien à lui : il y avait près de trois mois qu’il avait commencé à mettre ses économies à re- motis, dans la vieille chaussette qui était cachée sous le plancher de la soupente où il couchait. Personne ne le savait, pas même Annah, la petite servante. On ne pouvait pas dire, d’ailleurs, qu’ils s’étaient promis, et cependant il existait quelque chose entre eux. Quand Annah chantait en revenant de traire ses dix vaches, il savait que c’était pour lui. Deux ou trois fois déjà, ils étaient allés ensemble, le long de l’eau, en se tenant par la main. Poppe Snol choisit son moment pour parler au fermier : il ne demandait que son dimanche ; il partirait dans la nuit du samedi, après avoir soigné ses chevaux. Le lundi, il reviendrait prendre son service. Nand, l’autre valet, ferait le nécessaire dans l’intervalle. Le fermier voulut savoir si du moins il avait de quoi payer son train, une somme, fichtre ! Poppe baissa les yeux et se mit à regarder un caillou. - Oui, oui, par notre Seigneur ! fit-il. Le maître avait été si émerveillé, là-bas, qu’il