ForsideBøgerExposition Universelle In…e L'exposition, Vol. II

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sider: 500

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 526 Forrige Næste
L'EXPOSITION DE BRUXELLES 495 ne se sentit pas le courage de refuser à ce garçon. Il haussa les -epaules, se mit à rire et il disait : — • Eh bien, va si tu as un billet de cinquante francs à dépenser. Ça te regarde. Poppe Snol aussi riait, comme un qui a tout arrangé dans sa tête. Le soir du samedi, après avoir bouchonné les chevaux et nettoyé les auges, il passa son complet de drap noir, noua sept petits ronds d’un franc dans un des coins de son mouchoir et partit avec un pain dé cinq livres sous le bras et une paire de bottines enfi- lées à l’extrémité de son bâton. Il ne marchait bien que pieds nus ; il mettrait ses bottines en arrivant. Poppe avait tout bien calculé ; il savait qu’en se dirigeant sur l’Est, il trouverait son chemin et combien il y avait d’heures de marche. Il avait laissé croire à tous, même au maître d’école qui l’avait renseigné, qu’il prendrait le train à la prochaine ville, trois heures plus loin. Et il était parti, son bâton sur l’épaule, dans la grande nuit claire de juillet. En marchant dix-huit heures sans s’arrêter, il pourrait prendre un petit repos d’une heure : encore quatre heures de marche ensuite et il serait enfin rendu. Annah lui prêta un de ses chapelets. Elle eût voulu l’accompa- gner jusqu’à la barrière, mais elle avait son grabat dans le grenier et le fermier chaque soir retirait la clef. — Bonne route, Poppe Snol, cria-t-elle à tra- vers la porte. D’abord il longea des bois, longtemps. Une lune rouge avait l’air de toucher les arbres et puis disparut : la clarté restait la même sur la terre. Avec le claquement sourd de ses pieds dans les mousses du chemin, c’était comme si toujours quelqu’un marchait derrière lui. Il allait de son large pas égal de paysan habitué à faire des enjambées, cadencées par le fer de ses che- vaux. Quand les routes croisaient et qu’il hésitait sur la direction, il mouillait son doigt et le tour- nait du côté de l’Est. Le ciel, vers les trois heures, s’éclaira : il se trouva en plaine, sous le scintillement des dernières étoiles. Il entendit alors chanter l’alouette ; près des fermes, dans les vergers, les merles sifflaient. Les angelus tintèrent : il retira son feutre et pria : il priait à haute voix. Il pensait quelquefois à Annah : il n’y pensait pas plus qu’à ses chevaux. Maintenant les hameaux se suivaient : les hommes menaient leurs vieux ronsins prendre un bain de dimanche à l’abreuvoir. Des femmes en chapeau à fruits partaient entendre la première messe. Il eut soif en voyant s’égoutter de l’eau dans une vasque, ouvrit son bissac, se coupa un chanteau de pain et puis, la paume en cornet, but un large coup : l’eau, délicieusement, lui entrait dans les narines. Il traversa des villes, longea des champs de céréales et ensuite encore des arbres, sapinières et futaies. Il donnait le bonjour à ceux qui pas- saient ; s'ils l’interrogeaient sur sa destination, il avançait le menton : — Là-bas ! C’était la vie de dimanche partout ; les enfants en tablier blanc, les joues barbouillées de sirop, jouaient sur les portes. Les cloches sonnaient ; les gros pigeons bleus volaient comme des Saint- Esprit. Il y avait un air de bénédiction sur les champs et les maisons. Déjà, devant les cabarets, roulaient les boules abattant les quilles. Un vrai soleil dominical faisait pousser les seigles et les petits pois. Il tira sa montre. Il y avait seize heures qu’il marchait ; quand la peau de ses pieds se séchait, il la fraîchissait avec des herbes humides. Quelquefois il soufflait dans ses joues comme les ophicléides à la procession entre deux airs. Encore une fois il traversa un bois si long qu’il lui fallut près de deux heures pour atteindre la plaine, de l’autre côté. J’ai mon compte, pensa -t-il ; ce doit être l’heure. Et, en effet, .c’était la dix - huitième heure : il reconnut le bruit musical d’une source, trempa ses pieds et s’endormit. L'ombre le venti- lait d’une petite brise, très doucement. Quand il s’éveilla, il ne ressentit plus de fatigue. Il tailla dans sa miche, but une forte gorgée à la source et se remit en route. A mesure maintenant, de petites foules défilaient : tous les villages étaient en marche. Les jeunes hommes soutenaient sous les bras les infirmes. Poppe vit au loin des tours ; alors il s’assit sur le bord d’un talus et passa ses bottines. Jamais il n’aurait pu se douter qu'il y avait tant de monde sur la terre. C’est comme si la terre entière avec tous ses habitants était venue. Il fit comme il voyait faire aux autres : il tira une de ses sept pièces d’un franc et la déposa devant la buraliste. Après quoi il put respirer. C’est que c’était vrai : il pouvait voir à son tour ce qu’avaient vu le maître d’école et les gros fermiers. Il était là maintenant, stupide, avec ses yeux qui lui sortaient de la tête, comme ceux des vaches d’Annah. Les bergers aussi, autrefois avaient eu ces yeux-là quand ils avaient assisté à la Nativité. Il suivait les files, s’arrêtait devant les grosses femmes peintes des bars, demeurait planté devant les kiosques à musique, repartait par les galeries, les pavillons, les halles de ma- chines, disant intérieurement God I God ! God ! toujours, comme si quelque chose priait au fond de lui. Soudain, il se trouva face à face avec un des hommes du village sénégalais. Poppe Snol jamais n’avait vu d’homme noir. II eut un saisis- sement et il ne savait plus s’en aller, pris d un rire qui le tenait immobile devant ce masque camard, les mains sur les genoux. Il rencontra ensuite des Malais, des Chinois, des Japonais, mais l’effet n’était plus le même : il était habitué déjà. Comme il voulait jouir de tout pour son franc, quelquefois il repartait de son long pas de paysan, jouant des épaules et heurtant les gens, droit devant lui, comme avec sa charrue. L’après-midi s’acheva : une fraîcheur monta des gazons ; et voilà qu’il était repris de la grande faim des campagnes, quand le soir tombe. Il s’assit sur une marche de palais, coupa un morceau de pain, et des femmes, le voyant manger en tournant ses mâchoires comme des meules, riaient. 11 riait avec elles. Tout d’une fois des rampes de feu s’allumèrent : des cordons électriques coururent ; les jardins se criblèrent d’étoiles par milliers et une ville tout en or et en pierreries monta dans le ciel. Il sentit ses yeux se mouiller : il pensa : « Que dirait saint Joseph s’il voyait cela ? » Saint Joseph était le patron du village. Et puis on sonna la retraite : il quitta le dernier. Une fois dehors, il ôta ses bottines et il s’en allait comme il était venu, les pieds nus, avec le reste de son pain enfilé au bâton. Le vent doux des bois soufflait : il avait assez souvent dormi à la belle étoile pour être sûr qu’il trouverait le gîte et la couchée dans le taillis. Il fit quelques pas et tomba droit sous lui. Il se réveilla à l’aube, comme font les oiseaux et les bêtes errantes, prit son bâton et se remit en route, faisant à rebours le chemin qu’il avait fait la veille. Un angelus sonna ; il ôta son chapeau et fit sa prière. Quelquefois il pensait à l’homme noir et les merles, en entendant son gros rire, cessaient de chanter. Jamais il n’aurait fini de raconter tout cela à Annah et aux cama- rades et il y en aurait encore pour ses chevaux. Maintenant il était décidé : il se marierait aux Pâques pour avoir quelqu’un à qui parler de l’Exposition jusqu’au grand jour de la mort. Et du surplus de son argent il avait acheté une petite broche d’Algérie qu’il comptait bien lui donner comme gage de sa foi. Camille Lemonnier. INFORMATIONS DIVERSES Manifestation de sympathie à l’égard des deux Directeurs=généraux Au lendemain de la brillante Exposition de Bruxelles, au lendemain de son succès éclatant, s’il était deux hommes auxquels une manifes- tation de sympathie et de reconnaissance était due, c’étaient certes bien à MM. Eugène Keym et au comte Adrien van der Burch, qui en furent les deux infatigables directeurs-généraux. Ceux- ci — contrairement à ce que d’aucuns ont pu croire, — n’ont pas été seulement aux manifes- tations officielles des mois écoulés ; pendant plus de trois ans, sans cesse ni relâche, du matin au soir, ils furent à la tâche. Ils furent les organi- sateurs de la victoire, et rien ne l’attestera mieux que les marques de reconnaissance et de sympathie unanimes que les membres du comité exécutif ont voulu leur prodiguer en une mani- festation intime. LE PAVILLON DE MONACO. Il y avait là MM. le baron Janssen, le duc d’Ursel, Georges Dupret, Gustave Francotte, Georges Grimard, Delannoy et De Locht. MM.Lemonnier, Nerincx, retenus à la Cham- bre, Lepreux, absent, s’étaient associés à la fête en des lettres particulièrement cordiales. M. le baron Janssen, en des paroles venues du cœur, a rendu hommage au zèle et au dévoue- ment inlassable dont les directeurs-généraux ont fait preuve depuis le jour où ils sont entres en fonctions jusqu’à ce moment. Ce zèle et ce dévouement se sont surtout montrés dans les circonstances malheureuses que l’Exposition a traversées. Grâce à leur énergie, l’œuvre a été reconstituée, et l’Exposition fut quand meme un succès considérable qui place la Belgique au rang des nations les plus vaillantes. Mais le comité exécutif a non seulement à se