Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910,
Organe Officiel De L'exposition, Vol. II
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sider: 500
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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filet carré et broderie au plumetis, dû à MIIe
Parmentier, et qui n’est pas seulement un mi-
racle de patience, mais une véritable pièce de
collectionneur ; d’autres ouvrages à la main, en
dentelle, broderie blanche et broderie de soie,
filet, guipure ; des peintures "au pochoir et au
procédé dit bachlique mériteraient une mention ;
ils sont trop nombreux pour que je les passe
tous en revue. Dans la même salle, le compar-
timent de la reliure est fort abondant ; je citerai,
parce que sa coloration sobre, profonde et cha-
leureuse m’en a plu, la couverture en cuir re-
poussé faite par Mme Larthy-Beckers, pour un
volume des Ténèbres de l’Afrique, de Stanley.
Le projet de frise pour papier peint exposé
par Mlle Germaine Cassiers nous montre des
dames en chapeau à bavolet, étalant de vastes
falbalas mauves et jaunes dans une prairie semée
de fleurettes et close, sur un horizon bleu, par
une suite d’arbres en espaliers, piqués de fruits
rouges. Cela est origital, spiri uel, joliment in-
venté, dessiné et colorié.
Il y a encore au Labeur féminin une foule de
bibelots d’art en métal, en marqueteri :, en céra-
mique, et des éc 'ans, paravents, cabi tels, coffrets,
vases, garde-livre, buvards, porte-cartes, et enfin
des éventails : éventai’s peints, éventails ciselés,
éventails découpés à jours dans des bois pré-
cieux, dans de l’ivoire, de l’écaille, de la nacre ;
éventails en dentelle... Parmi ces derniers, l’un
des plus remarquables a été exécuté d’après un
modèle de Mil® Irène Dolsowska.
Je vais retrouver cette excellente praticienne
au stand des Arts de la femme ; de la dentelle
au point à l’aiguille exposée là a été faite
d’après deux de ses compositions. C’est avec
une joie sans mélange que j’ai admiré la per-
sonnalité ingénieuse, vivace et forte de Mlle
Dolsowska dans cette double création ; des
oiseaux : paons d’une part, hi"ondelles de l’autre,
l’ont inspirée, et elle en a obtenu des effets de
la distinction la plus raffinée, pleins de style
et, par-dessus tout, imprévus, sans rappel du
passé. Bien qu’elle n’ait pas cru devoir repous-
ser le principe de l’élément vivant, Mlle Dol-
sowska se montre ici novatrice et moderne dans
le sens le meilleur, le plus frais, le plus juste
de l’expression.
J’en dirai autant de Mln® Montald, peignant,
sur des étoffes souples, soyeuses, vaporeuses,
de la nature du crêpe de Chine et à l’aide
PALAIS DES ARTS FÉMININS. — OUVRIÈRES AU TRAVAIL.
d’un procédé dont elle garde le secret, des
dessins qui lui appartiennent et ne sont d’au-
cune école connue ou que l’on puisse nommer.
Ces dessins sont éminemment décoratifs, et la
palette de Mm° Montald, qui marie judicieuse-
PALAIS DES ARTS FÉMININS.
ment, sur des fonds gris taupe et gris souris,
des tons verts et violets ou violets et chaudron,
relevés d’une flamme noire, est d’une harmonie
intense. Voi'à, en vérité, de l’art nouveau. Et
combien savant, et combien séduisant !
Les vases en pâte de verre qu’un alliage
métallique a rendus scintillants et qu’exposent,
en collaboration, M1’®5 Sterpin et Van Biesbrocck,
me plaisent surtout quand la chaleur du four
les a bronzés plutôt que cuivrés, argentés ou
dorés. Légèrement assombris par la morsure
profonde de la flamme, leur coloration, souvent
trop pâle, est alors opulente et curieuse.
Des grappes de glycines sur une tablette
d’érable poli, et c’est le guéridon charmant qu’a
envoyé à cette exposition Mm° Bernard ; des cor-
bei'les de forme, de coloration, d’ornementation
aussi délicates qu’inattendues, et ce sont les
travaux de vannerie de M11®» B. et M. Ronner :
d’une étrangeté un peu préméditée, un peu
voulue, frappante néanmoins, et digne d’éloges.
Mais nous voici devant la vitrine des reliures :
comme au Labeur féminin, il en est de fort
belles, d’une exécution inpcccable, d’une com-
position habile. Je me permettrai toutefois de
faire à leurs auteurs une observation : il me
paraît que ces dames, en général, n’ont pas été
fort soucieuses d’accorder aux livres qu'elles
allaient vêtir de cuir repoussé la robe adéquate
au caractère de ces livres, à leur genre, à leur
sujet. Ce sont, pour la plupart, des spécimens
d’éditions de luxe ; il en est quelques-uns dont
on peut dire que ce sont des merveilles, non
seulement de bibliophilie, mais de littérature ;
tel est le volume de la Vie des Abeilles, de
Maurice Maeterlinck, appartenant à la reine
Elisabeth de Belgique: exemplaire numéroté,
sur papier du Japon, d’un chef-d’œuvre des-
tiné à la bibliothèque d’une souveraine, il mé-
ritait évidemment une reliure sans banalité. Il
l’a ; mais cette reliure, décorée, sur le plat, de
quelques fleurs roses symétriquement disposées
dans un fond paille, et, sur le dos, d’un titre
en lettres d’or, pourrait être aussi bien celle de
tout autre ouvrage.
Un certain in-8°, sur papier de Hollande,
portant ce titre : Légendes et signé d’un nom
d’auteur qui m’est trop intime pour que je le
mentionne ici, a reçu de MIIe Weiler, et pour
un amateur follement prodigue qui m’est in-
connu, une couverture en cuir repoussé dont le
dit in-8° pourra paraître indigne, car elle est
fastueuse. Cependant, les touffes de roses rouges
qui ornent cette reliure nous diront-elles quelque
chose de la matière toute de fictions qui remplit
le livre lui-même ? Non, vraiment. Or, n’est-ce
pas le rôle de la reliure historiée d’un volume
de suppléer et, en quelque sorte, de remplacer sa
couverture brochée en nous disant d’avance de
ce volume quelque chose de révélateur et d’ex-
pressif ?
C’est ainsi que l’a compris MIle Nillès, don-
nant à un exemplaire de la Cité ardente, de
M. Carton de Wiart, une enveloppe vert et feu,
sur laquelle des pignons liégeois se détachent
en noir parmi des lueurs d’incendie. J’en dirai
autant de M1^ Madeleine Cassiers et Suzanne
Dumont, sans oublier Mlle Rolande de Heusch,
fort bien inspirée quand elle a fait apparaître
des canaux, des gondoles et le campanile de
Saint-Marc sur la couverture d’un livre consa-
cré à Venise.
Depuis la Renaissance, l’art du relieur était