Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
123
i3 hectares environ. Avant de quitter la gare à
bestiaux, signalons que la Société, qui se pré-
occupe autant de l’hygiène que de l’organisation
LA EUE DES ÉTABLES
de ses services, fait désinfecter à fond, par des
aspersions créolinées, les six cents wagons tou-
chant barre à Cureglrem, toutes les semaines.
Quinze cents mètres cubes d’eau sont employés
chaque jour de marché au lavage des locaux et
du matériel quelconque.
En observant, en causant, j’étais parvenu à la
rue des étables, qui s’allonge tous les ans. Les
dix-huit halls, cependant si spacieux qui existent,
ne suffisant plus, deux étables nouvelles vont être
construites; ces vingt locaux pourront alors
héberger quinze cents têtes de bétail! Chaque
année d’ailleurs, la Société fait exécuter pour
i5o,ooo à 200,000 francs de travaux d’agran-
dissement.
*
* *
Mais « Cureghem » a peut-être donné la plus
large mesure de cet esprit d’initiative, si profon-
dément raisonné et à la fois si vaillant que lui
inculque, depuis seize ans, son administrateur-
délégué, M. Ropsy-Chaudron, dans la création et
les agrandissements du frigorifère, qui ne coûte pas
moins de huit cent mille francs et constitue, je
crois, une des curiosités de Bruxelles. Après avoir
rappelé ce que la colossale entreprise de « Cure-
ghem » doit à son administrateur émérite, citons
ses collaborateurs de la période des plus grands
efforts : MM. Courtois, ex-professeur à l’Ecole
vétérinaire; Corcmans, directeur décédé, et enfin
le très actif directeur actuel, M. de Luyck.
Visitons à présent l’installation où les appli-
cations industrielles ont apporté à la fois des
perfectionnements et des innovations heureuses.
Voici le vaste échaudoir du système allemand,
installé pour l’abatage de deux cent cinquante
têtes par jour et où des bêtes entières sont élevées
Grand échaudoir moderne
par des poulies facilement maniables, pesées
par des bascules-penderies et enfin dirigées, au
moyen d’un chemin de fer aérien, de n’importe
quel endroit du hall, dans les locaux du frigorifère,
situés dans un bâtiment distinct. Dans cet échau-
doir, où les guides du chemin de fer forment dans
les frises un formidable réseau métallique, des
garçons bouchers armés de haches, grandes comme
des avirons, procèdent à la toilette d’immenses
quartiers de bœufs.
*
* *
Une porte poussée et nous voici dans le do-
maine du froid. Les briques de verre creuses qui
garnissent les doubles fenêtres de l’antichambre
atténuent la lumière du dehors. Dans ce local,
qui ne mesure pas moins de 170 mètres carrés,
pendent les quartiers entiers de bêtes fraîchement
immolées et qui sont soumises à un premier
refroidissement, sous une température de 5° à 8°
centigrades au-dessus de zéro, avant leur dépôt
dans les salles de conservation proprement dites.
Celle affectée plus particulièrement aux viandes de
boucherie développe ses installations sur une
superficie de 620 mètres carrés.
Une partie de cette vaste chambre est divisée en
124 cages en métal déployé, dans lesquelles
les bouchers peuvent mettre, au froid, 80,000 ki-
M. ROPSY-CHAUDRON
Administrateur-Délégué
logs de viande. Ces garde-manger de grande
dimension, que l’on peut comparer aussi aux
coffres-forts mis à la disposition des particuliers
dans les banques, puisque les locataires en em-
portent les clés, regorgent de marchandises fraî-
ches — est-il besoin de le dire? Il y a dans le
compartiment des penderies numérotées comme
les crochets d’un vestiaire, des quartiers de bœuf
pénétrés de froid depuis une quinzaine de jours et
dont la succulence, ainsi que l’expérience le
démontre, est allée croissant. Des champignons,
des fruits sont encore conservés dans ce lieu, où
règne une température de 20 à 3° centigrades au-
dessus de zéro et dont l’air est entièrement renou-
velé dix fois par heure !
Il ne peut y avoir un endroit plus salubre à
Bruxelles, aussi dans cette sorte de « Davos » de
la mangeaille ne respire-t-on 'aucune impureté.
Pas la moindre odeur non plus ne se dégage de
ces amas pantagruéliques.
De ce refroidissement tempéré, nous passons
ensuite dans l’atmosphère polaire, que les serpen-
tins d’ammoniaque compressé maintiennent, dans
le local où séjournent pendant des mois, dans le
givre, des pièces de boucherie, de charcuterie et
aussi de volaille et de gibier de toutes espèces. On
distingue, entassés sous des résilles de glace des
têtes, des foies et des cœurs de veaux, des pieds de
porcs. Dans une des loges grillées c’est une héca-
GraNDE PORCHERIE
tombé de faisans qui, après la fermeture de
la chasse, apparaîtront « profitablement » et
impunément sur les tables princières. Voilà les
spéculations légitimes que permet de réaliser le
progrès.
Le temps d’éprouver un agréable petit frisson de
réchauffement et nous voici dans l’énorme salle
aménagée pour la conservation des viandes de
charcuterie. Dans les 172 bacs de salaison en
faïence qui garnissent les « coffres-forts » de ce
compartiment, baignent les produits les plus
variés de l’excellente charcuterie bruxelloise. Les
10,000 kilogrammes de salaisons qui s’y trouvent
constituent pour notre appétit une respectable
réserve !
Vous ai-je donné une idée suffisamment com-
plète de ces ingénieuses installations, où l’industrie
défie les ravages du trépas et fait régner l’hygiène?
Les lampes électriques, qui venaient de s’illu-
miner dans ces lieux étranges, m’apprirent que
ceux-ci pouvaient être même fréquentés la nuit.
On devine que, pour obtenir ces résultats, « Cure-
ghem » possède une machinerie modèle : chaudières,
moteur à vapeur, dynamos, etc Ajoutons que
comme pour toutes les installations de cette Société,
ici aussi l’extension inévitable et heureuse a été
prévue.
*
* *
Mais si le froid suspend l’œuvre de la vie, il
n’arrête pas l’heure, et déjà la tuerie des bestiaux
conduits, après le marché, aux abattoires avait
commencé. Devant les bâtiments, auxquels notre
imagination prête une physionomie sinistre, s’ali-
gnent, tête basse, les animaux qui vont périr. Que
de trépas dont les âmes sensibles voudraient voir
Intérieur d’un échaudoir 'a porcs
adoucir les souffrances ont eu déjà pour décors
ces murs de briques, puisque dans cette seule
année de 1907 on a abattu à Cureghem