ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

Søgning i bogen

Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.

Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.

Download PDF

Digitaliseret bog

Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.

Side af 462 Forrige Næste
144 L’EXPOSITION DE BRUXELLES ventre de femme hydropique, couchée la tête en bas, élevant en l’air deux maigres jambes chaussées de bas à jour et de mules d’or. » Le fougueux auteur de A rebours avait, du reste, proféré les mêmes imprécations contre tous les monuments classiques de Paris. C’est tout juste s’il avait manifesté quelque indulgence pour la Bourse, à cause des innombrables tuyaux de poêle qui cou- vrent son toit et modernisent sa colonnade grecque. Le futur amant des cathédrales était alors le plus moder- nisant des esthètes. Aussi aurait-on pu s’attendre à ce que l’architecture moder- niste du fer fît sa conquête. Il n’en fut rien. Il saisit sa meilleure plume, donna li- bre cours à sa plus mauvaise humeur et produisit un mor- ceau dont la verve amuse encore : « Tous les dithyrambes ont sévi, dit-il. La Tour n’a point, comme on le crai- gnait, soutiré la foudre,mais bien les plus redoutables des rengaines : « arc de triom- » phe de l’industrie, tour de » Babel, Vulcain, cyclope, » toile d’araignée du métal, dentelle de fer. » En une touchante unanimité, sans doute acquise, la presse entière, à plat ventre, exalte le génie de M. Eiffel. » Et cependant sa tour ressemble à un tuyau d’usine en construction, à une carcasse qui attend d’être remplie par des pierres de taille ou des briques. On ne peut se figurer que ce grillage infundibuliforme soit achevé, que ce suppositoire solitaire et criblé de trous restera tel. » Cette allure d’échafaudage, cette attitude inter- rompue, assignées à un édifice maintenant com- plet, révèlent un insens absolu de l’art. Que penser VAN DEN BULCKE Secrétaire adjoint du Comité Exécutif d’ailleurs du ferronnier qui fit badigeonner son œuvre avec du bronze Barbedienne, qui la fit comme tremper dans du jus refroidi de viande? — C’est, en effet, la couleur du veau « en Bellevue » des restaurants; c’est la gelée sous laquelle appa- raît, ainsi qu'au premier étage de la tour, la dégoû- tante teinte de la graisse jaune. » La tour Eiffel est vraiment d’une laideur qui Travaux du prolongement de l’avenue Louise déconcerte et elle n’est même pas énorme! — Vue d’en bas, elle ne semble pas atteindre la hauteur qu'on nous cite. Il faut prendre des points de comparaison, mais imaginez, étagés, les uns sur les autres, le Panthéon et les Invalides, la colonne Vendôme et Notre-Dame, et vous ne pouvez vous persuader que le belvédère de la tour escalade le sommet atteint par cet invraisemblable tas. — Vue de loin, c’est encore pis. » De près, de loin, du centre de Paris, du fond de la banlieue, l’effet est identique. Le vide de cette cage la diminue; les lattis et les mailles font de ce trophée du fer une volière horrible. » Enfin, dessinée ou gravée, elle est mesquine. Et que peut-être ce flacon clissé de paille peinte, bouché par son campanile comme par un bouchon muni d’un stilligoutte, à côté des puissantes cons- tructions rêvées par Piranèse, voire des monuments inventés par l’Anglais Martins? » De quelque côté qu’on se tourne, cette œuvre ment. Elle a 3oo mètres, et en paraît 100; elle est terminée'et elle semble commencée à peine. » A défaut d’une forme d'art difficile à trouver peut-être, avec ces treillis, qui ne sont, en somme, que des piles accumulées de ponts, il fallait au moins fabriquer du gigantesque, nous suggérer la sensation de l’énorme; il fallait que cette tour fût immense, qu’elle jaillit à des hauteurs insensées, .qu’elle crevât l’espace, qu’elle plantât, à plus de 2,000 mètres, avec son dôme, comme une borne inouïe dans la route bouleversée des nues ! » Pourquoi s’arrêter à 2,000 mètres? Pourquoi ne pas pousser jusqu’à la lune? » Peut-être la diatribe est-elle trop violente. Nous avons fini par nous habituer à la tour Eiffel. Elle ne gêne plus dans le paysage de Paris; on ne l’y voit pas plus qu’une cheminée d’usine ou un de ces mâts téléphoniques dont l’Administration a gratifié Bruxelles. Mais il est incontestable que ce n’est pas, esthétiquement, un modèle. Il y avait, du reste, à cette Exposition de Paris, un type d’architecture du fer qui, d’abord, fit moins d’effet, fut moins populaire que la tour Eiffel, mais qui avait une beaucoup plus grande valeur architec- turale : c’était la galerie des machines. Ici, Huys- mans approuvera sans réserve du reste. « L’intérieur de ce palais est superbe, dit-il. Ima- ginez une galerie colossale, large comme on n’en vit jamais, plus haute que la plus élevée des nefs, une galerie s’élançant sur des jets d’arceaux, décrivant comme un plein cintre bri- sé, comme une exorbitante ogive qui rejoint sous le ciel infini des vitres ses vertigi- neuses pointes, et, dans cet espace formidable, dans tout ce vide, rapetissées, deve- venues quasi naines, les énormes machines, malheu- reusement trop banales, dont les pistons semblent paillar- der, dont les roues volent. » La forme de cette salle est empruntée à l’art gothi- que, mais elle est éclatée, agrandie, folle, impossible à réaliser avec la pierre, ori- ginale avec les pieds en ca- lice de ses grands arcs. » Le soir, alors que les lampes Edison s’allument, la galerie s’allonge encore et s’illimite; le phare situé au centre apparaît ainsi qu’une ruche de verre poin- tillée de feux; des étoiles fourmillent, piquent le cristal dont les tailles brû- lent avec les flammes bleues des soufres, rouges des sarments, lilas et orangés des gaz, vertes des torches à catafalques; l’électricien braque ses lentilles, darde des pinceaux de poussière lumi- neuse sous le ciel vitré qui se mue en une nappe d’eaux. Des ruisseaux de pierres fines semblent alors couler dans un rayon de lune et les lueurs du prisme surgissent, se promènent autour de la salle; comme en une procession, automatique, réglée, elles passent lentement le long des murs, tantôt informes ou semblables à de légers frot- tis, tantôt s’évasant en des tulipes de feux, se FRANCIS WIENER Secrétaire du Comité Exécutif touffant en des végétations inconnues de flammes! » La souveraine grandeur de ce palais devient féerique; l’on reconnaît qu’au point de vue de