ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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168 L’EXPOSITION DE BRUXELLES tions, déjà très originales; on feignit d'oublier de lui donner le salaire mérité. Un jour, las des mau- vais: traitements dont il était l’objet, Adrien Brouwer quitta Harlem et s’en vint à Amsterdam tenter la for- tune. Celle-ci ne se fit pas prier. Le peintre fut rapide- ment appré- cié. Une com- mande impor- tante lui fut faite et payée; mais alors ce fut bien autre chose. Les exemples dont Brouwer avait été pendant si longtemps le témoin n’é- taient pas de nature à affer- mir son carac- tère. Frans Hals s’adon- nait à l’ivres- se, dans les loisirs que son artlui laissait. Et auprès de lui, le jeune Frans Snyders — Fruits, légumes et gibier Adrien n’avait pas puisé exclusivement des ensei- gnements de peinture et de dessin. Brouwer mena une existence de débauche. On le rencontrait sou- vent ivre-mort dans une taverne de bas étage, cuvant son vin, dégradant son cœur et son esprit. Un jour, à bout de ressources et d’expédients, le peintre quitta la métropole néerlandaise. Il erra sur les grands chemins jusqu’à ce qu’il vint échouer à Anvers. Mais là une mésaventure l’attendait. L’artiste avait négligé de se munir d’un passeport. Le pays n’était pas sûr; la guerre grondait aux portes de la ville. On se défiait des gens venant de l’étranger. Sans autre forme de procès, Adrien Brouwer fut incarcéré dans la prison de la ville. Dans ce lieu de reclusion, le peintre fit une connaissance tout au moins inattendue, celle d’un prince d’Arenberg que les hasards de la politique avaient amené là pour quelque temps. L’aristocrate s’in- téressa au sort de l’artiste et, rendu à la liberté, il obtint la grâce de son protégé. Il fit mieux encore : il le recommanda à Rubens, et le grand artiste, appréciant le talent de son jeune confrère, l’hospi- talisa chez lui, l’aida de ses conseils et de sa bourse. Mais Brouwer ne tarda pas à oublier que l’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. Il fut repris de son désir d’aventures; il quitta Anvers, vint à Paris, y mena une existence désor- donnée, selon sa coutume, et ne revint quelques années après dans la ville illus- trée par Rubens que pour v mourir misérablement. C’était en 1688. Il avait 32 ans à peine. Et pourtant cet homme à la volonté faible et incertaine créa de petits chefs- d’œuvre d’observation et de lumière. Son art fut le reflet de sa vie. Nous y voyons seJdérouler sur ses toiles les scènes dont il fut si fréquemment le spec- tateur et l’acteur : rixes, beuveries, manœuvres de charlatans, pitreries de foires ou de kermesses, aspects de corps de garde. Il n’a rien poétisé de la vie qu’il mena, ni des compagnons douteux que lui choisissaient ses goûts de débauche. Il nous les montre le verre en main, la face rubiconde, les traits élargis et dilatés dans l’attente de l’ivresse prochaine; malandrins pour la plupart, aux yeux torves, aux attitudes lourdes et épaissies, hommes grossiers, femmes pareilles aux sorcières des légendes. Et cependant dans ces scènes de la bohème flamande il y a une expression de vie extraor- Adrien Brouwer — Buveurs dinaire, une puissance d’observation, une recherche du pittoresque qui furent rarement égalées. Et quel peintre, quel artiste de la couleur, qui sait si heureusement combiner ses lumières et ses ombres et mettre dans le tableau le mieux ordonné la clarté ou la nuit qui s’harmonisent dans le plus savoureux ensemble ! Adrien Brouwer eut un rival, un égal même, en Josse Van Craesbeke. Ils se connurent, se lièrent, et leur talent orienté vers les mêmes di- rections fit de l’un le maître, de l’autre l’é- lève. Lorsque Adrien Brou- wer vint cher- cher à Anvers un asile contre la fortune con- traire, il fit la connaissance d’un homme qui partageait ses goûts de dissipation : c’était le bou- langer Van Craesbeke. On dit même que ce fut l’af- fection sou- daine conçue par le peintre pour le pétris- seur de pâtes qui unit les deux hommes. Toujours est-il que Brouwer apprit au boulanger le métier de peintre, que bientôt il exerça avec une telle maîtrise qu’il fut reçu membre de la corporation de Saint-Luc. C’est chez l’élève la même recherche de pitto- resque et de vie que chez le maître. Les mêmes scènes sollicitent leur pinceau : rires ou farces de cabaret, truands qui grimacent, femmes qui sourient gauchement, mêmes laideurs, mêmes lourdeurs, même esprit d’observation aussi. Dans la pénombre d’une cave, que rend plus sombre encore le jour gai et franc tombant d’un escalier ouvert sur la campagne ensoleillée, trois hommes pris de vin luttent entre eux. L’un d’eux a déjà tiré le couteau hors de sa gaine. Dans le fond de la salle, plongée dans un de ces clairs-obscurs où se révèle l’habi- leté suprême de l’artiste, une femme s’épouvante et tente de retenir l’hôtelier prêt à se précipiter sur les combattants pour les séparer. Des enfants jouent, insouciants du danger menaçant. Et dans cette toile qui symbolise si bien l’œuvre tout entière du maître tout est ordonné selon un rythme parfait; ces groupes divers sont disséminés parmi l’ombre ou la lumière, l’agitation et le calme, image aussi de l’homme qui réalisa, en son âme troublée, cette œuvre d’ordre, de pitto- resque et de vie. Sébastien Vranckx et Snayers Mais à l’heure où les peintres fixent sur la toile les attitudes sublimes des vierges et des saints, ou d’autres, attirés par le miracle de la vie qui se révèle autour d’eux, peignent les joies bruyantes des paysans et des ribauds, la guerre est déchaînée, des scènes de tueries, de pillage se déroulent sans cesse. Et celles- ci, à leur tour, vont tenter le pinceau des artistes.