Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
181
LA PEINTURE FLAMANDE
Les contemporains et les successeurs de Rubens (Suite) — La décadence
Continuant la série des peintres de nature
morte, voici Adrien van Utrecht (Anvers,
i5gg-i652), évocateur des cuisines opulentes abon-
damment fournies des viandes succulentes, des
fruits argentés et multicolores de la mer. Il se
plaît à rendre, dans leur vérité pittoresque, la
carapace des homards, la robe bleuâtre et si
curieusement bigarrée des maquereaux, les rou-
geurs rosées des saumons. Et ce n’est pas un
caprice d’originaux qui pousse ces peintres à
peindre des choses en apparence vulgaires, c’est
une conviction de véritable artiste qui les attire
vers ces couleurs, ces nuances et ces lumières
nacrées. C’est une partie de la nature dont ils
élargissent le cadre, qu’ils ennoblissent, dont ils
révèlent la pénétrante
saveui. Là où il y a
nuance, ombre ou
clarté, il y a matière
pour le peintre. Et
quels objets sont plus
riches en nuances, que
ces viandes saignantes,
que ces animalités
monstrueuses de l’O-
céan ou des fleuves,
que ces fruits qui sont
pour ainsi dire la ma-
turité automnale des
fleurs printanières ! Un
tableau de Adrien Van
Utrecht au musée de
Bruxelles nous permet
d’apprécier la manière
de ce peintre. Cette
toile est intitulée Inté-
rieur de cuisine. Elle
nous montre trois per-
sonnages, sains, vigou-
reux et beaux, une do-
mestique et ses maîtres
sans doute, auprès
d’une table chargée de
reliefs magnifiques,
pièces de viandes, fruits
de la vigne, légumes appétissants dont les couleurs
vives tranchent sur la matité des riches hanaps et
des verres aux reflets cristallins. Il y a autre chose
en cette œuvre que la représentation de victuailles,
il y a l’interprétation délicate, disons le mot, de
beautés naturelles inappréciées, une idéalisation
d’objets en apparence vulgaire auxquels un artiste
a su s’intéresser et qu’il présente en un cadre
élégant.
Par sa piété ardente, par la vocation religieuse
qu’il s’était choisie, par un goût très prononcé pour
son art, David Seghers, d’Anvers (i5go-i66i) rap-
pelle Fra Angelico. Mais le moine florentin peignait
sur les murs du couvent de Saint-Marc les épisodes
de la vie du Christ ou sur la toile l’apothéose
triomphale de la Vierge. Le jésuite David Seghers
se borne à déposer aux pieds de Marie et de
Jésus des fruits et des fleurs. Il n’aborde pas les
grandes compositions religieuses. Autour d’un
groupe pieux, peint par un de ses collègues en
art, Rubens, Van Dyck, Corneille Schut, Quellin,
Van Thulden, il dispose les guirlandes des fleurs
multicolores, des fruits brillants de toutes les cou-
leurs de leur maturité. Un abîme sépare Fra
Angelico de Daniel Seghers sous le rapport de
l’inspiration : le sentiment religieux, l’amour
profond de l’art cultivé dans la retraite, à l’ombre
du cloître, les rapproche étroitement. Loin du soleil
de Toscane, dans son couvent de Malines, le
peintre flamand et réaliste, qu’émerveille la
beauté des fleurs magnifiques, donne à la mère de
son Dieu l’hommage timide des fruits de la terre.
Pierre Neefs. — Intérieur de la Cathédrale d’Anvers
Et de ce simple fait la renommée de l’humble
jésuite malinois devient universelle.
Daniel Seghers eut un élève, Philippe Van
Thielen (1618-1667) et de nombreux imitateurs
dont l’énumération serait trop longue. Nous cite-
rons cependant les Breughel, Ambroise, Abraham
et Jean Baptiste, qui puisèrent aussi d’utiles en-
seignements auprès de Breughel de Velours dont
nous avons parlé précédemment ; Jean Van Kessel
(1626-1679), Nicolas Van Verendael (1640-1691),
Elie Van den Broeck (1653-1711), etc., etc.
Partout où la lumière du soleil tomba et fit
vibrer la couleur les peintres flamands s’arrêtèrent.
La nature fut pour eux comme un vaste temple,
avec de vastes et multiples autels, au pied desquels
ils s’agenouillèrent dans l’adoration d’un dieu
distinct. Plusieurs artistes se plurent à reproduire
sur la toile les caprices des architectures de la
Renaissance. Nous avons vu déjà ce goût spécial
chez les romanistes, chez Gossaert et Van Orley.
Nous le retrouvons plus caractérisé encore au
XVIIe siècle. Imitant des peintres hollandais, les
Van Steenwyck, le Gantois Lievin De Witte, puis
Pierre Neefs (1578-1656), peignirent des intérieurs
d’églises Et ce ne sont point des toiles banales que
créa cet artiste. De larges perspectives de colonnes,
de voûtes, d’escaliers s’ouvrent devant le specta-
teur. L’imagination du peintre supplée souvent à
celle de l'architecte, qui n’aurait pu exécuter dans
la réalité ces vastes palais où les fidèles se pressent
sous la protection de Dieu. Car l’artiste les anime,
les peuple de tout un monde^actif, préoccupé. Les
uns prient, les autres
s’entretiennent. On s’y
rencontre comme dans
un lieu de bonne so-
ciété; un prêtre, ac-
compagné d’enfants de
chœur, porte le via-
tique; et le réalisme
flamand ne pouvant
manquer de s’accuser,
un chien, étonné lui-
même de se trouver en
cet endroit, semble
chercher son maître
avec anxiété.
Le spectacle de la
mer inspira peu les
peintres flamands. Il
n’y a dans ce genre
que peu de noms à
citer, ceux d’André
Van Ertvelde, de Gas-
pard Van Eyck et des
Peeters.
Plusieurs artistes se
firent les interprètes
des élégances flaman-
des, comme Netscher,
en Hollande, avait été
celui des distinctions
néerlandaises. Christophe Van der Lamen (1606-
i651) peint des concerts et des banquets ; l’Anversois
Jérôme Janssens (1624-1693) nous montre de beaux
seigneurs et de belles dames se livrant aux plaisirs
de la musique et de la danse; Gonzales Coques,
d’Anvers, montre également de la fantaisie et un art
délicat dans la représentation des fêtes mondaines;
Charles-Emmanuel Biset peint, dans des sites
solennels, les membres non moins graves des
confréries flamandes.
*
Nous n’avons pas épuisé la liste des élèves et des
successeurs de Rubens, de tous ceux qu’enflamma
son génie créateur, à qui il communiqua l’étin-
celle de son art. Ce sont des noms surtout qu’il
faut citer. Nous voulons dire ainsi que ces épi-