Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L'EXPOSITION DE BRUXELLES
i83
charme des vastes cieux bleus aperçus à travers
les frondaisons sombres, et Jean-Baptiste Huys-
mans (1654-1716), élève du précédent.
Nous ne rencontrons plus ensuite que des paysa-
gistes italianisant ou francisant, qui ont perdu
toutes les qualités de sincérité et d’observa-
tion de leur race. Ce sont Gaspard de Witte,
Abraham Genoels, Pierre Spierinckx, etc., etc.
Certes, ils possèdent encore un
charme d’art, mais ils reflètent
la beauté vers laquelle ils aspi-
rent comme un large vitrail ren-
voie autour de lui les rayons du
soleil.
La décadence
Le XVIIIe siècle est pour l’art
flamand l’époque de la décadence.
Celle-ci eut des causes diverses :
d’abord la situation politique,
désastreuse pour la Belgique, la
ruine de son commerce, la sujé-
tion que lui imposaient les Autri-
chiens, ses nouveaux maîtres. Puis,
après une période de floraison
aussi intense que celle que l’art
flamand venait de traverser, il
fallait innover, trouver des voies
nouvelles. Les peintres de la
grande renaissance du XVIIe siècle
avaient produit tout ce que pou-
vaient concevoir des esprits dirigés
parles magnificences et les empha-
ses rubéniennes. Celles-ci avaient
elles-mêmes été inspirées par
l’Italie, et l’Italie était en déca-
dence. Le réalisme du Nord s’était
assimilé l’emphase du Midi, et il
avait créé dans la majesté tout ce
qui dans la vérité et la nature
pouvait réaliser un idéal de
beauté. L’art flamand était comme épuisé d’un
aussi grand effort et d’une aussi vaste production.
Les mamelles de la Flandre étaient taries.
Les artistes de notre pays ne pouvaient prendre
à l’étranger aucune inspiration nouvelle. En Italie
la décadence était complète, quelques maîtres
encore comme Guardi et Tiepolo rappelaient les
gloires passées. En France un art mièvre et char-
mant reflétait les mœurs élégantes et frivoles du
temps. Watteau, Chardin, Boucher créaient un
monde délicieux de mythologies ou d’arlequi-
nades. Mais les Flamands n’avaient rien à
apprendre de cet art léger. Il leur fallait une nour-
riture plus consistante, une plus exacte conception
de la nature et de la vie. Leur réalisme répugnait
à ces afféteries. Et ailleurs, dans les autres contrées,
le goût français dominait. La Flandre ne pouvait
suivre ni les enseignements du fade Allemand
Chodowieki, ni ceux de la Vénitienne Rosalba.
L’art se traîna donc misérablement, ressassant
sans enthousiasme les formules anciennes, épelant
comme des mots incompréhensibles les phrases
J. d’Arthois — Paysage
puissantes et majestueuses des vieux maîtres. Il faut
citer des noms et ne plus indiquer de tendances. Il
faut recueillir des noms épars, ramasser des répu-
tations tombées dans l’oubli. Voici Gille Smeyers,
qui, bien qu’il vécut à la fin du XVIIe siècle et à
peine au début du XVIIIe, se rattache à l’époque
de la décadence (Mort de Saint Hubert au Musée
de Bruxelles,) Egide-Joseph Smeyers, Henri Herre-
gouts, Victor-Honoré Janssens (1664-1739), peintre
bruxellois qui perdit pendant son long séjour à
Rome ses qualités natives et qui à Vienne, auprès
de l’empereur, dont il était le peintre, composa ses
vastes et froides compositions; Jean Van Orley,
un peintre de portraits qui ne fut pas sans mérite;
Pierre Verhaeghen (1728-181i), en qui reste un
reflet du génie de la grande époque (Disciples
d’Emmaiis, au Musée de Bruxelles); le Namurois
Nicolas La Fabrique, peintre de genre à qui l’on
doit, croit-on, le Compteur d’argent, du Musée de
Bruxelles; Balthazar Van den Bossche, les Van
Bredael, André Lens, qui tenta un moment de
rénover l’art décadent, mais ne réussit qu’à peindre
de froides allégories inspirées par le goût d’une
stérile académie; le paysagiste Balthazar Omme-
ganck, d’une nature distinguée, amateur des
bergeries, à qui manquent le souffle et le goût de
la nature simple et vraie.
Les sources sont taries; les flammes sont éteintes;
mais à l'aube du siècle qui va naître une vie
ardente ressurgira. Une Renaissance est proche,
des tendances nouvelles créeront des formes encore
inconnues, et l’étude fidèle de la nature, de nouveau
reprise, orientera l’art flamand sur des voies lumi-
neuses.
Arthur De Rudder.
ANVERS
Combien ce nom, Anvers, évoque de prospérités
et aussi de tragédies!
Nous ne nous représentons jamais la reine de
l’Escaut que sous les traits épanouis et les plas-
tiques atours des superbes femmes de Rubens et du
Titien, adulées par les « magnifiques », entourées
de richesses, mais exposées aussi aux violences et
aux pillages des soudards; cent fois livrées au
supplice, égorgées, dépouillées, ensanglantées, et
renaissant chaque fois plus belles, plus désirables,
plus florissantes!
Au contraire de Bruges et de Gand, ses sœurs,
qui ne recouvrèrent jamais leur ancienne fortune,
Anvers a étendu et encore augmenté la sienne, en
dépit des catastrophes et des persécutions qui
l’éprouvèrent sans cesse au cours des siècles. Elle
a résisté aux incendies et aux massacres de la Furie
espagnole, aux horreurs du siège que lui fit subir
Alexandre Farnèse, aux effets peut-être plus
funestes encore du traité de Munster.
Depuis ce fatal 5 juin 1648, jusqu’à la révo-
lution brabançonne, l’histoire de la ville d’Anvers
se résumait en deux mots : décadence, sommeil.
L’Éveilleur de cette Belle au Fleuve dormant,
le Siegfried de cette Walkyrie fut Napoléon
Bonaparte.
En i8o3, étant premier consul, le conquérant fit
sa première visite à Anvers et fut douloureusement
impressionné au spectacle de la décadence où était
tombée une ville qu’on appelait jadis la Reine du
Nord. Il fit même part de ces impressions aux
conseillers de la commune : « J’ai parcouru votre
ville, leur dit-il, elle ne présente que des décombres
et des ruines. Elle ressemble à peine à une cité
d’Europe; j’ai cru me trouver ce matin dans une
ville d’Afrique. Tout y est à faire, port, quais,