Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
bassins; tout se fera, car il faut qu’Anvers mette à
profit les avantages immenses de sa position cen-
trale entre le Nord et le Midi, de son fleuve
magnifique et profond. »
Et aussitôt, bâtisseur non moins diligent qu’in-
trépide exterminateur, il se mit à l’œuvre.
Un décret daté de Bruxelles, le 26 juillet i8o3,
ordonne la création d’un port d’échange et d’un
bassin à flot avec écluse à la suite de ce port, ainsi
que de quais le long de l’Escaut sur une étendue
de dix-huit cents mètres
Ce fut le signal d’une nouvelle ère d’abondance.
Aux bassins et aux docks créés par Napoléon
s’en ajoutèrent d’autres, tels le Kattendyck-Dock,
qui mesure neuf hectares et qui fut inauguré
en 1869.
Deux ans après ces bassins étaient insuffisants,
car pendant les mois de février et de mars 1871
près de trois cent cinquante navires furent forcés
vieux Burg ou château d'Anvers, enclavés dans le
Steen, la célèbre bastille de l'Inquisition, restaurée
et convertie aujourd’hui en un musée d’antiquités.
La ville contemporaine de la domination espa-
gnole et même bourguignonne, qui formait un
savoureux dédale de rues étroites, aux maisons très
élevées, terminées par des pignons à gradins, a
presque entièrement disparu. Çà et là il en subsiste
encore un échantillon. Ainsi, rue de la Chaise
perdure une admirable maison au revêtement de
bois.
C’est dans cette région abolie que, contraste
piquant avec les architectures sévères et les san-
glants souvenirs historiques, s’agglomérait la Cité
de Joie, le Riet-Dyk, tant célébré par delà les
frontières et les océans, et qui rappelait à la
fois les voluptés romaines et les raffinements
orientaux.
C’était, le soir, à la rue, le long des rez-de-
misme qu’il les proclama « beautés dignes du
meilleur monde »!
Non loin de feu le Riet-Dyek, au bout de ce qui
subsiste de l’ancien Fossé du Bourg, s’élève un des
beaux monuments de l’époque communière : l’an-
cienne Halle aux Viandes, avec ses clochetons et
ses élégantes lignes architecturales. On ferait même
bien de la restaurer au plus vite,si l’on ne veut qu’elle
aille rejoindre trop de merveilles archéologiques et
artistiques tombées sous la pioche des démolis-
seurs ou livrées aux déprédations lentes des utili-
taires.
Ah! ce qu’on a déjà entamé le patrimoine
monumental de la noble cité! Les commerçants
paisibles, mais souvent ignares, lui ont fait encore
plus de tort que les soldatesques et les iconoclastes
déchaînés pendant les guerres de religion ou la
Terreur jacobine. Que d’attentats sournois, lente-
ment consommés; que de vandalismes et de sacri-
AnVERS — La RADE
de rester échelonnés sur une ligne immense dans
la rivière.
Avec les travaux de rectification des quais, les
installations maritimes ont encore été complétées.
Comme l’a dit l’auteur de la Nouvelle Carthage :
« A peine inaugurés, les docks se trouvent insuf-
fisants pour les flottes marchandes qui s’y ren-
contrent des cinq parties du monde, et, derechef,
la métropole, la Mère généreuse du négoce, s’élar-
git les flancs pour mieux recevoir ces arches
d’abondance, et toujours stimulée, lutte d’expan-
sion et de vigueur avec ses nombreux titulaires. »
Avec celui de 1869, le dernier, Anvers a subi
sept agrandissements depuis son origine. Sept fois
la florissante Pucelle a fait craquer sa ceinture de
forts et a enjambé les fossés qui contrariaient son
expansion victorieuse.
Du tout premier Anvers, de celui qui remon-
terait à la période romaine, il reste quelques pans
de murs et une partie de donjon, vestiges du
chaussée illuminés, un va-et-vient de kermesse,
une flâne polissonne, une badauderie rutilante.
C’était, à l’intérieur, ostensiblement, en guise de
parade préludant aux mystères cythéréens, des
libations et des musiques. Des ombres — pas
chinoises, mais jeunement anglaises — passaient
et repassaient devant les carreaux mats garnis de
rideaux rouges. Sur les seuils, des vierges folles,
vêtues de blanc. D’autres, outrageusement fardées,
se balançaient au bras de leurs seigneurs de
hasard! Aquariums très dorés, que hantaient les
sages Ulysses du commerce et leurs précoces
Télémaques, desservis par des sirènes et des
Calypsos très consolables.
Jusqu’à il heures les pensionnaires de ces
Venusberg avaient la permission de circuler dans
le quartier et même d’aller danser au Waux Hall
et au Frascati, deux salles de bal mémorables.
C’est là que les vit cet exquis fantaisiste Gérard
de Nerval, et qu’il les vit même avec tant d’opti-
lèges imputés à la faulx du Temps et à la dent des
Ages, mais commis bel et bien par des conserva-
teurs placides mais béotiens!
Heureusement, la population commerciale
actuelle réagit contre cette funeste tendance à
démolir des antiquités pour édifier de banales et
insipides bicoques.
Puis, le trésor artistique d’Anvers est encore si
gros!
Que de belles églises : la cathédrale avec sa tour
altière ciselée comme un chef-d’œuvre d’orfèvrerie;
Saint-Jacques avec ses autels et ses statues de
marbre; Saint-André avec ses étonnants bois sculp-
tés; Saint-Paul aux curieux calvaires et aux con-
fessionnaux des Quellin; Saint-Charles, ce remar-
quable modèle du style jésuite, ce style cher à
l’auteur des Fleurs du Mal, etc., etc.
Et, à côté de ces temples qui sont autant de
musées richissimes, les musées pour de vrai, non
moins bondés de joyaux artistiques, ces musées où