Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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BRUXELLES-EXPOSITION
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leurs œuvres le reflet de l’inspiration du maître.
Roger Van der Weyden semble être le successeur
le plus immédiat de Jean Van Eyck,
continua fidèlement' sa tradition. Il
celui qui
naquit à
lournai vers 1400. Il séjourna quelques années à
Bruxelles; de là il passa en Italie, où il étudia l’art
des peintres florentins. II revint à Bruxelles, où il
s établit définitivement. C’est de cette époque de
sa vie que datent ses œuvres capitales.
La renommée et l’influence de Roger Van der
Weyden se répandirent au loin. Pendant le séjour
qu il fit en Italie, sa réputation s’était affirmée
paimi les peintres de la péninsule; plus tard, elle
s etendit non seulement aux Pays-Bas, mais en
Alsace, en Souabe, en Franconie. Nommer ses
clèves, c’est en quelque sorte indiquer sa manière.
Jl forma Memling, il fut l’initiateur de Martin
Schoengauer, de Colmar, le peintre des vierges
couronnées de roses.
Roger Van der Weyden est le peintre ému des
Adorations des mages, des Descentes de croix et
du Jugement dernier. Il possède la richesse de colo-
ris des artistes flo-
rentins; comme
eux il sait grou-
per ses personna-
ges en de pitto-
resques attitudes;
il est surtout l’in-
terprète de la
Piété ardente de
son siècle. Il ex-
prime avec une
tendresse pathé-
tique l'affliction
de la Vierge, la
douleur des sain-
tes femmes pen-
chées sur le corps
du Christ. Il
joint la somp-
tuosité à la ten-
dresse, l’émotion
3ü pittoresque.
Voici un autre
peintre d’une
allure plus tour-
mentée et plus
inquiète : c’est
Hugo Van der
Goes. Il naquit
à Gand; if vécut
jusqu’en 1476-,
tantôt dans cette
ville, tantôt à
Bruges. A cette
époque il entra
dans les ordres
Van Eyck — La Viergi: glorieuse
et se letira au monastère de Rouge-Cloître, où il
moulut en 1482, atteint, dit-on, de folie.
Hugo Van der Goes est un génie souffrant,"à la
recheiche d une beauté qu’il ne croit pas atteindre?*
a de la grandeur du sentiment, de l’originalité,
est un des plus grands parmi les successeurs des
an Eyck; i],participe de leur technique; il est,
comme Jean Van Eyck, un portraitiste de premier
ordie, il rend dans la physionomie humaine les.
Limités, les profondeurs dont son àme. inquiète
pouvait lui faire saisir le secret. On connaît son
P ^eau célèbre de l’hôpital Santa Maria Nuova de
oœnce, le triptyque des Portinari, son Adoration
es bergers, du Musée de Berlin, sa Mort de la
de J Académie de Bruges.
lene Chiistus, peintre minutieux et impression-
ant de la Naissance du Christ, de l’Annoncia-
on, teiiifiant déjà a la façon d’un Jérôme Bosch
Jans son Jugement dernier-,Josse de Gand, l’au-
cui de la Cène conservée à l’église de Sainte-
Agathe, à Urbino; Van der Meire, le peintre du
fameux triptyque de Saint-Bavon; d’autres, moins
illustres, forment la chaîne qui réunit les Van Eyck
à Hans Memling. Un nom doit nous arrêter
encore : c’est celui de Thierry Bouts.
Thierry Bouts était le fils d’un peintre de Har-
lem. Cette ville était alors le siège d’une école de
peinture dont les maîtres avaient été Albert Van
Ouwater et Gérard de Saint-Jean. Thierry Bouts
subit leur influence; vers 1449 il quitta sa ville
natale et vint s’établir.à Louvain, où il exécuta ses
principales œuvres.
Thierry Bouts apporte dans la peinture flamande
quelque chose d’âpre et de brutal, qui y était
inconnu jusqu’alors. 11 recherche les sujets où la
barbarie de son temps s’exerce. Dans la Sentence
inique de 'l’empereur Othon les personnages sont
raidis, dans des attitudes compassées; les visages
sont empreints d’une sévérité ou d'une impassible
cruauté. Dans son Martyre de saint Erasme deux
bourreaux arrachent les entrailles du saint. La
peinture de Thierry Bouts se revêt d’un symbo-
lisme; ses figures sont caractérisées, les vêtements
de ses personnages sont d’une splendeur sans égale,
les verts et les rouges s’y allient heureusement. Son
coloris est puissant et révèle quelque chose de fort,
de puissant; ses tableaux donnent tout à la fois
une impression d’austérité cf de magnificence.
. bu Rio
tlqmoiil
Hans Memling
1
Hans Memling vint d’Allemagne en Flandre.
On ne sait pas exactement la ville ou le village qui
le vit naître vers iqJo. Ce fut, croit-on, une petite
localité du nom de Mumling, située près d’Aschaf-
fenbourg. Memling fit son apprentissage chez un
peintre de Cologne ou de Mayence. Il fut l’élève
de Roger Van der Weyden. Il vint à Bruges et s’y
établit. C’est là qu’il passa là plus grande partie de
sa vie, qu’il exécuta ses œuvres capitales. Memling
mourut dans cette ville vers 1480.
Il est impossible de séparer le nom de Memling
de celui de Bruges. Le peintre et sa ville de prédi-
lection ou de travail se sont imprégnés l'un de
l’autre. On peut se demander si sans Memling
Bruges conserverait ce parfum de mysticisme et de
recueillement qui l’enveloppe tout entière. La
splendeur de la grande cité flamande vers laquelle
affluaient les caravelles du monde lui a donné le
goût des somptuosités. C’est de la richesse de
Bruges qu’il revêt ses madones, ses vierges, ses
anges jouant du luth en écoutant des voix célestes.
C’est à Bruges qu’il prend ses magnifiques archi-
tectures de portes, de clochers, de palais, et il lui
donne sa douceur, sa tendresse, son rêve mystique
et sanctifié. Il crée un type de femme qui disparaît
après lui, une beauté faite de pureté, de simplicité
et de candeur. Memling introduit dans la peinture
flamande la tendresse des peintres de l’école colo-
naise. Une douceur eucharistique est empreinte
sur le visage de ces jeunes hommes ou de ces anges
qui tiennent, pressés entre leurs mains les calices
d’or. Sur les épaules de ces madones tombent les
longues tresses blondes des vierges de maître
Lochner. Les do-,
nateurs recueillis
prient auprès du
trône où la mère
de Dieu épèle à
l’enfantJésus une
fervente prière.
Le réalisme fla-
mand n'est pas
aboli, cependant,
au profit d’un
trop exclusif
mysticisme. Par-
fois les anges de
Memling laissent
tomber la viole
où leur piété
murmurait une
prière; ils tendent
au fils de Marie
une pomme que
celui-ci tente de
saisir d’qne main
avide : c’est la ti-
mide malice que
le pieux Mem-
ling se permet à
l’égard des sujets
sacrés. Son pay-
sage est idéal, un
chemin serpente
à traverses prés
en fleurs et con-
duit vers quelque
burg; par-dessus
le mur d’un cou-
vent la perspective d un large fleuve se dessine;
des vaisseaux amènent dans une ville opulente les
richesses ^ç l’Orient; des bois profonds et mysté-
rieux appellent au recueillement; une sérénité, une
douceur austère descend des cieux profonds, endort,
et divinise la, terre. La sublimité s’allie ici à la
tendresse.
Bruges conserve comme un trésor précieux les
œuvres de son maître de prédilection. L'hôpital.
Saint-Jean garde ses principales compositions : le
Mariage mystique de sainte Catherine, l’Adora-
tion des mages, la Châsse de sainte Ursule, vaste
épopée chrétienne où Memling reprend avec l’au-
dace d un artiste sur de sa manière le procédé des
vieux maîtres, de reproduire dans ses minutieux
détails une légende complexe et multiple; mais
avec quelle science, quelle perfection de la tech-
nique unie à la plus pure inspiration!
(A suivre.) ARTHUR De RuDDER.