Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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BRUXELLES-EXPOSITION
Constantin Meunier — Le Monument ou 1 ravale
LA BELGIQUE AU TRAVAII
La Belgique est par excellence la terre du tra-
vail : depuis trois quarts de siècle qu’elle s’est
conquise, elle est devenue une des firmes renom-
mées dû monde. Tranquillement, continûment,
sans une heure de défaillance, ses marteaux au
poing, elle a prouvé qu’elle savait faire ses affaires.
Elle a fait mieux : elle a pris sa part des grandes
réalisations de cette époque.
Telle qu’elle est aujourd’hui, elle offre un rac-
courci des énergies violentes du travail moderne.
Les bras, les muscles, les intelligences, d’un effort
têtu, travaillent pour ses fins mystérieuses : ce
sont celles qui élèvent des peuples, petits par leur
territoire, quand d’autres, aux limites reculées,
graduellement décroissent et s’obscurcissent.
Toute son histoire antérieure, après des vicissi-
tudes sans nombre, aboutit à cette fortune actuelle
d’un petit peuple qui, sorti du sang et toujours en
proie à l’appétit glouton des princes, finit par être
honoré comme un des centres de la vie universelle.
C’est merveille, dans le passé, de le voir à mesure
réparer ses désastres sous la gueule même des ca-
nons. Ecorché, traité comme un bétail humain par
la ligue des grands bouchers royaux, il se refait,
avec ses morceaux, le muscle et la viande des
grands organismes qui ne doivent point disparaître.
Aujourd’hui la sève à gros bouillons parcourt le
tronc national : elle circule par la large artère de
ses innombrables industries; elle vivifie les pou-
mons que sont ses grandes villes ; elle rebondit du
cœuraux extrémités, multipliant partout le miracle
d’une vie qui laboure, sème, tisse, bat les métaux,
cargue la voile, draine l’Océan, extrait la houille et
fait son pain quotidien avec son âme et son sang,
pain du corps, pain des âmes, pain des peuples forts.
Des villes qui semblaient pour jamais avoir filé
leur linceul se sont remises à leurs métiers : elles
ont renoué la trame où la mort avait taillé avec ses
ciseaux. Chacune œuvre avec confiance, propor-
tionnant la tâche à sa mesure : chacune espère le
retour de la fortune qui la visita autrefois. En-
semble, elles tiennent leur place dans le cycle des
activités générales.
Tous ces foyers diminutifs maintenant se ratta-
chent à l’énorme forge qui halette d’un bout à
l’autre du pays, sous les ciels noirs des villes
manufacturières aussi bien que les ciels roux des
centres métallurgiques.
Comme les hautbois et les violons parmi l’oura-
gan des sax, ils mêlent leur note au tintamarre en
tous sens des fabriques, des exploitations et des
usines.
Des semailles d’âmes, d’énergies, de vaillances
ont fait lever à la longue, de cette terre fécondée
avec un engrais d’héroïsme, la forte humanité qui
lui fait aujourd’hui ses destins. Une des plus
jeunes dans l’ordre social et politique, elle a pris
conscience d’elle-même et déjà peut envisager
l’horizon rapproché où s’élaborera l’âme future.
La parole d’un glorieux apôtre du Nouvel
Evangile des peuples , nous en est garante. « La
Belgique, disait Elisée Reclus, sera le champ d’ex-
périence.de l’Occident... » C’est qu’elle doit tout
à son génie d’ordre, de persévérance et de travail,
qui est le génie même des sociétés nouvelles.
On peut dire que, dans tous les domaines d’ex-
périmentation, elle a fait l’essai de quelque décou-
verte importante et la preuve de quelque vérité
essentielle. Si elle invente moins qu’elle n’applique,
elle n’en participe pas moins par un travail sans
relâche à cette loi des peuples qui ne supporte plus
nul arrêt et lui fait reculer toujours plus avant
les limites des connaissances et l’emploi des forces
humaines.
Il faut se représenter, à côté de l’ancienne Belgi-
que un peu épaissie de sensualité physique, en rap-
port, au surplus, avec la condition même de la vie
matérielle parmi des terreaux riches suant la
graisse et l’or, la beauté réfléchie de cette autre
Belgique, celle d’aujourd’hui, studieuse, concen-
trée et qui, non sans quelque dédain, regarde pas-
ser, dans nos derniers ommegancks, le flot attardé
des festoiements de jadis.
Celle-là, sortie d’une des quatre grandes uni-
versités, sources et réservoirs du savoir natio-
nal, précieusement cultive la multiple sphère des
activités intellectuelles. Louvain est toujours
illustré par ses théologiens; Gand est une des
lumières du Droit; Liége s’honore de ses philolo-
gues et de ses ingénieurs, et une université nou-
velle s’est affirmée, orientée vers la science inté-
grale. Les instituts polytechniques abondent, et
même de petites villes provinciales ont des écoles,
des académies, des salles de conférences où s’en-
seignent les arts graphiques et manuels, les sciences
et les rudiments d’instruction supérieure. C’est le
savoir généralisé et, plus encore, c’est le goût de
cette culture toujours plus étendue qui modèle
l’âme nouvelle et formera la tradition que cet âge
laissera aux générations à venir.
La terre belge est féconde en germinations de
caractères et d’esprits, si par ailleurs elle est
féconde en énergies appliquées au travail. Qu’on
se tourne vers l’art : on sent bien qu’il est resté
comme l’une des formes naturelles du génie de la
race. Faut-il rappeler le goût splendide de la cou-
leur, qui, avec les grands peintres 'de l’Art Libre,
fit circuler le riche sang originel dans l’art dévasté
par l’anémie et les chloroses? Depuis, l’évolution
n’a plus cessé, subtile, déliée, reflétant la mobilité
et les variations de notre sensibilité.
Presque parallèlement on vit se propager, jus-
qu’aux confins, dans cette Belgique de toutes les
traditions, hormis la tradition des lettres, la pousse
et la floraison d’une âme littéraire, après quelle
séculaire attente! Toute la contrée natale, la
flamande et la wallonne, tressaillit d’un enfante-
ment de poètes et d’écrivains en qui recommença
la vision de l’univers.
Le livre, cette force ailée s’ajouta aux autres