Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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BREXELLES-EX POSILION
Constantin Meunier — La: Monument du Travail
et répandit la haute vie d'un peuple. 11 y eut
^es fontaines pour toutes les soifs; les maîtres
abondèrent. On pensa, on sut, on voulut : on
but avidement l’inconnu du monde; ce fut un
immense effort collectif pour sortir de l’ombre et
s intellectualiser.
Il sest trouvé que le sol, avec ses montagnes,
ses plaines, ses fleuves, ses admirables ressources
naturelles, travailla, de son côté, à la grande œuvre
de nos tormations sociales. Il sembla qu’elle eût
mis elle-même aux poings des titans les outils qui
devaient lui percer les entrailles. A coups de ton-
neire et d’éclairs, la haute industrie, celle du fer,
de la mine et du feu, déchira les ciels. La région
longe et la région noire
éruptèrent en cratères, vo-
missant les soufres et les
teux. Mons, Liège, Ver-
viers sont aujourd’hui les
eieusets où les énergies
humaines, comme au se-
c>et des alchimies, se
Bansmuent en ou.vivant,
i ai tout les charbonnages,
les hauts fourneaux, les
ateliers métallurgiques hé-
rissent de leurs installa-
tions des paysages stig-
matisés des blessures que
le travail des hommes fait
à la nature. Ailleurs les
verreries flambent, les
trous de mine éventrent
æs carrières, l’eau fait
vironner les roues des po-
lissoirs. Le Borinage et le
Centre sont le double cœur
sonore dont les pulsations
retentissent au loin.
Au doux pays flamand la vie agricole, l’industrie
du lin, les lentes activités du batelage se modèlent
sur le dessin d’une contrée plane, égale, coupée
de canaux, nourrie de limon maritime. C’est la
contre-partie de la grande dépense de sèves vives
et des fracas de la terre wallonne : aux cornues
de la fortune publique, toutes les activités se résol-
vent en équivalences.
Le ronflement des filatures en Flandre répond
aux fracas d’artillerie qui nous viennent des monts
de la Meuse. Si Gand n’est plus, comme au temps
d’Œneas Sylvius, « une des trois grandes villes »
de la chrétienté, elle continue a mériter son renom
de Manchester flamand.
Constantin Meunier — Le Monument du Travail
Et voici que Bruges revit. La ville des ombres,
la grande pleureuse du passé, a desc^lp les
plombs sous lesquels parut s’expier une splendeur
séculaire. Par ses darses, ses écluses et son chenal,
la mer, revenue, charrie au cœur des pavs les
épices, les cuirs, les guanos et les forêts des îles.
Zeebrugge est la prise de possession de l’espace,
dans un de ces corps à corps géants où il faut
finalement que les éléments acceptent d’être asservis
à l’homme. Il semble que le prodige d’Hercule
soit renouvelé et que, d’un effort vertigineux, cette
fois encore les bornes du monde soient reculées.
Ce fut certes là l’une des manifestations les plus
grandioses du génie e
du travail sur la planète :
la Belgique v réalisa un
effort surhumain.
Anvers garde toutefois
sur cette fille cadette des
mers la supériorité de sa
gloire et de sa prodigieuse
fortune. Elle est la Cali-
fornie flamande qui s'a-
joute à ces Californies
wallonnes, Liège, Serai ng,
Mariemont, Marchiejmes,
Charleroi, Mons,alvéoles,.,
au dedans, de l’immense
ruche au travail. Mais la .
mère patrie, à l'étroit dans,
ses limites anciennes, s’est
déportée vers la virginité
farouche des terres incon-
nues; ceux qui viendront
après nous auront, pour y
abreuver leur soif, la dou-
ble mamelle, blanche et
noire.
Camille Lemonnier.