Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
LE PAVILLON DE LA VILLE DE BRUXELLES
La ville de Bruxelles se devait de prendre une
part brillante à l’Exposition qui va lui amener une
foule compacte de visiteurs. Elle ne pouvait faire
moins que ce qu’elle avait fait en 1897; elle décida
de construire un édifice spécial dans les jardins de
l’Exposition et d’y concentrer la
participation de ses services admi-
nistratifs.
En 1897, on s’en souvient, on
avait pris comme thème du palais
de la Ville l’art ogival du début
du XVIe siècle, ce gothique fleuri,
d’ornementation abondante et ingé-
nieuse où se sent déjà l’esprit de la
Renaissance et dont notre Maison ■
du Roi est une des plus jolies pro-
ductions.
En igio il a semblé qu’on pou-
vait rompre avec la période et l’art
gothiques, et s’inspirer d’une époque
où nos artistes créèrent un art
national, en adaptant au goût et au
tempérament flamands le style de
l’architecture française de l’époque
de Louis XIV.
C’est de cette architecture que
s’inspirèrent les constructeurs des
maisons de la Grand’Place, dont le
merveilleux ensemble est presque
Le Pavillon De la Ville de Bruxelles, d’après la maquette de M. Van Neck
unique,ç’est'de cette architecture que naquirent les
innombrables constructions qui s’édifièrent à Bru-
xelles après les désastres du bombardement de 1 6g5.
Il était intéressant de rappeler l’une des productions
de nos artistes bruxellois de la fin du XVIIe siècle
au moment même où les grands travaux de voirie
entrepris à Bruxelles font disparaître précisément
une notable partie des quartiers réédifiés sur les
ruines causées par les boulets du maréchal de Vil-
leroi.
Le Collège échevinal choisit pour servir de base
à une étude de reconstitution la maison que l’ar-
chitecte-sculpteur Cosyns construisit en 1697 a
côté des dépendances du couvent de Jéricho, pour
un magistrat bruxellois et qui est enclavée dans
une propriété de la rue de Flandre, dont elle est
devenue une annexe. A cause de sa situation,
elle est peu connue et ce fut l’ar-
chitecte M. Auguste Schoij qui
attira l’attention, en 1878, sur
cette œuvre de Cosyns, dont l’or-
donnance architecturale — dit-il
1, — est une des plus remarquables
du célèbre architecte et sculpteur
t bruxellois.
On sait que c’est à Cosyns que
*1^ l’on doit la « Maison des Bou-
langers », qui forme l’angle de la
Grand’Place et de la rue au
Beurre et dont la façade est l’une
des plus belles et des plus riches
de la Place.
Le style de ce temps prête au
faste et à la pompe, il étale avec
complaisance de nombreux élé-
ments décoratifs; ses accessoires,
ses draperies, ses trophées, ses
figures se sertissent harmonieu-
sement dans ses lignes d’archi-
tecture classique. Il est solide,
massif et l’on conçoit qu’il devait plaire à nos
artistes, qui, exagérant encore sa matérialité
lourde, en firent ce qu’un de nos architectes a bap-
tisé du nom de « Louis XIV flamand ». Ces termes,
qui jurent de se trouver ensemble, caractérisent
bien cependant la conception décorative des
artistes d’alors à qui nous devons la partie posté-
rieure de l’Hôtel de ville, ses salons luxueux et la
plus grande partie des maisons de la Grand’Place.
Ce fut donc la maison de Cosyns, rue de
Flandre, que le Collège échevinal proposa comme
thème à M. P. Van Neck, le jeune architecte qu’il
chargea d’édifier le Palais de la Ville à l’Exposi-
tion.
Le choix, hâtons-nous de le dire, fut excellent.
M. P. Van Neck est un de nos plus brillants parmi
les jeunes maîtres d’œuvres. Il est âgé de 29 ans à
peine; ancien élève de l’Académie Royale de Bru-
xelles, il obtint en 1902 le premier prix d’architec-
ture; en 1903, le prix de 1,000 francs pour le grand
concours d’architecture lui fut attribué et en 1904
il était lauréat du concours Godecharle, ce qui
lui permit de poursuivre ses études à l’étranger et
notamment en Italie.
Rentré en Belgique, il s’attaqua à un gigan-
tesque projet, celui d’un Palais de fêtes et d’ex-
positions à édifier rue de la Régence. Les palais
de fêtes sont un peu la rougeole des architectes à
Bruxelles, il faut que tout le monde yjpasse; mais
cette fois, l’architecte réussit à en faire une œuvre
hautement intéressante et telle que tous ceux qui
l’ont étudiée gardèrent le regret d’en sentir la réa-
lisation impossible, à cause de l’élévation de la
dépense.
Mais c’était déjà quelque chose que de l’avoir
osé tenter.
L’homme est d’ailleurs tenace; il y a sur le
visage de ce Flamand à la barbe blonde, dans ses
yeux méditatifs, sur son front où se creuse sans
cesse un pli, la marque d’une volonté persistante,
la trace de l’entêtement de sa race. C’est l’hommede
son œuvre, de son idée, de sa forme, de son rêve.
Aussi ce ne fut peut-être pas sans une petite
révolte intérieure qu’il se vit contraint de traduire
l’œuvre d’un autre, fût-ce Cosyns lui-même. Mais,
la réflexion aidant, il se dit qu’il y avait dans cette
traduction même un beau champ laissé à sa per-
sonnalité et que le tradutiore pouvait créer sans
pour cela trahir la pensée maîtresse et devenir le
iradittore du proverbe italien.
Il sut, en effet, faire œuvre personnelle, et c’est
avec enthousiasme qu’on accueillit la maquette
qu’il avait fait faire de son projet et qui réalisait
si ingénieusement le programme imposé.
Dès son entrée à l’Exposition, le visiteur aperce-
vra devant la façade principale, à droite de l’entrée
centrale, le Palais de la ville de Bruxelles. Il
s’élève sur une petite éminence, au milieu des par-
terres fleuris; il occupe une superficie de près de
i,5oo mètres carrés.
La façade principale, divisée par des pilastres,
se termine par un pignon élégant que domine un
coq aux ailes déployées, symbole de la vigilance.
L’entrée, qu’encadrent deux colonnes supportant
un entablement, est surmontée d’une grande figure
du saint Michel terrassant le dragon.
Deux statues, représentant l’une le Pouvoir com-
munal, l’autre Bruxelles en fête, complètent l’orne-
mentation de la façade.
Toute cette partie sculpturale a été confiée à
M. J. Marin; le jeune artiste vient de terminer les
esquisses, qui promettent des œuvres intéressantes.
La façade a, jusqu’au sommet du pignon, une
hauteur de 25 mètres.
A la droite de la façade est placée la Tour, de
5o mètres de hauteur. M. Van Neck a très ingé-
nieusement interprété la tour de l’ancienne église
Sainte-Catherine qui se profile si joliment dans le
panorama de Bruxelles. C’est le campanile de la
vieille église, rajeuni, s’harmonisant parfaitement
en ses lignes simples, ses surfaces discrètement
mesurées, avec les somptueuses décorations des
facades. C’est un repos destiné à atténuer et à faire