Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
flamands rugueux et opiniâtres, le mouvement
magnifique de l’agitation' populaire, les célèbres
fresques de l’hôtel de ville d’Anvers en témoigne-
ront toujours. Il nous fait pénétrer au cœur même
des siècles qu’il débarrasse de la poussière des
temps, qu’il rajeunit sous la teinte délicate de son
coloris, vivant, harmonieux, pittoresque. L’émo-
tion vous saisit en contemplant ces œuvres si déli-
cates dans leur apparente rudesse, cet admirable
tableau des Femmes catholiques par exemple où
Henri Leys unit à un sentiment si profond, si
vibrant ;de la dévotion le goût du décor, le sens
de la vérité, la recherche de l’imprévu. La lour-
deur des maîtres allemands dont Henri Leys
s’inspira dans sa jeunesse s’est changée en dou-
ceur, en tendresse, en une expression de vie
intense et délicate. Quelle émotion digne et pro-
fonde il sut communiquer à ces toiles célèbres des
Trentaines de Bertall de Ha^e, de la Promenade
hors des murs, où passe, comme un écho char-
mant, le souvenir d’une des plus jolies inspira-
tions du Faust de Gœthe! Quel sentiment du
pittoresque, quelle maestria, quelle vie intense il
donne à ces scènes de la Furie espagnole! A l’ha-
bileté de la composition, au sens de la vérité, il
joint la variété et la puissance du coloris. A cette
époque, qui semble oublieuse de la vieille tradition
flamande et vouée à d’autres adorations que celles
des vieux maîtres, Henri Leys est vraiment un
peintre de sa race. Et lorsqu’il meurt en 1869,
dans cette ville d’Anvers dont il avait exprimé les
splendeurs et les souffrances, un grand artiste des
Flandres, un des derniers peut-être, disparaît.
Arthur De Rudder.
Spa — Le Tonnelet
SPA
Bientôt, quand vous quittez à Pepinster la voie
ferrée vers l’Allemagne pour suivre les méandres
capricieux de la Vesdre que vous sillonnez depuis
Liége, au milieu d’un pays enchanteur; après
avoir décrit un crochet vers Franchimont, cette
antichambre de l’adorable villette des Bobelins,
où les princes, les ambassadeurs, les gens de
Cour faisaient étape au temps d’Ernest de Bavière,
passé la Reid, une allée de grands arbres sert
d’entrée à la coquette cité de Spa. La nature
pompadourée, jolie, riante, fignolée comme un
nid de verdure, évoque immédiatement le souvenir
des belles années du XVIIIe siècle, quand les mar-
quises poudrées, lassées des cotillons, gravissaient
nonchalamment alanguies, au bras de leurs galants
chevaliers, la côte toujours verdoyante de ses mon-
tagnes, aspirant à pleins poumons l’air âpre mais
souverainement réparateur du pays ardennais.
Car ce petit paradis terrestre, accessible l’hiver
comme l’été à la mondanité insatiable, était déjà
au siècle de Mme de Pompadour, de la duchesse
du Maine et de Marie-Antoinette, l’Eden cosmo-
polite vers lequel convergeaient les élégances
du monde entier; les dix dernières années du
XVIIIe siècle portèrent à son apogée la prospérité
spadoise; dans les Salons de la Redoute, rendez-
vous de toutes les aristocraties, on ne rencontrait
que têtes couronnées et célébrités diverses,
amenées par une poussée excessive de vie mon-
daine que n’inquiétait même pas le grondement
lointain des troubles révolutionnaires.
A Paris, on détruisait la Bastille, l’échafaud
était dressé en permanence sur la place de Grève;
à Spa, ont cotillonnait avec entrain au Waux-
Hall ou dans les Salons Levoz, dont les bâtiments
subsistent encore comme les fantômes d’une gloire
disparue, tant cette ensorcelante cité semble avoir-
été créée pour une ville de plaisir.
Cependant le progrès des armes républicaines
finit par diriger l’émigration du côté du Rhin, et il
faut les premières années de l’Empire et le séjour
à Spa de plusieurs membres de la Famille impé-
riale pour remonter le courant; le congrès d’Aix-
la-Chapelle amène, avec l’empereur Alexandre et
le roi de Prusse, une foule de hauts personnages;
le prince d’Orange prend le séjour en affection et
fait construire un monument au Pouhon; en 1848
et i85i les listes d’étrangers publient les noms les
plus illustres de la proscription française. Spa
triomphe toujours de toutes les cités balnéaires du
monde: on y va l’été, au sommet de ses mon-
tagnes, aspirer l’air vif et pur, se refaire les organes
de la respiration, de la circulation, de la digestion,
ou simplement demander à son atmosphère bien-
faisante ne fùt-ce qu’un peu de trêve aux fatigues
de la lutte quotidienne; on y va l’hiver, s’emmi-
toufler dans sa vallée, demander à ses eaux merveil-
leuses la guérison de toutes les affections chloro-
tiques, de toutes les anémies qu’engendrent et la vie
turbulente des agités de toutes les professions et la
vie infernale des surmenés de toutes les oisivetés.
En décembre comme en juillet, en avril comme
en septembre, à pied, à cheval, en voiture ou à