Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
Søgning i bogen
Den bedste måde at søge i bogen er ved at downloade PDF'en og søge i den.
Derved får du fremhævet ordene visuelt direkte på billedet af siden.
Digitaliseret bog
Bogens tekst er maskinlæst, så der kan være en del fejl og mangler.
L’EXPOSITION DE BRUXELLES
233
Voici, dans la blondeur lumineuse, d’un des
multiples halls, les amas de matières premières
formant des tas distincts : le « bail clay » terre
plastique légèrement jaunâtre et la « china clay »
blanchâtre, dont l’établissement se pourvoie en
Angleterre. Ces terres fines et généreuses sont
additionnées de silex dont la propriété est de les
« dégraisser ». Un quatrième corps intervient dans
l’amalgame, le « feldspatli » de provenance norvé-
gienne qui cimente le tout, donnant aux produits
la solidité et la sonorité. La chaleur produite par
le charbon transformera par la suite ces matières
de peu de valeur commerciale en ces innombrables
objets d’utilité et de luxe qui emplissent nos inté-
rieurs. Aussi le combustible et la main-d’œuvre
sont-ils en faïencerie, les facteurs les plus impor-
tants du coût de la fabrication.
Mais occupons-nous, chronologiquement, du
traitement de la pâte. Les argiles sont délayées à
présent — les anciens outils, si primitifs, sont
abolis — dans des cuves à palettes actionnées
mécaniquement et appelées suggestivement
Un monteur.de pièces df. fantaisie
« patouillards ». Des tambours contenant des
galets de silex et baptisés de l’appellation alle-
mande « trommels » broyent le silex et les
feldspaths.
Enfin, après le passage dans ces différents
appareils, rangés dans plusieurs ateliers, le pré-
cieux limon, dosé et tamisé avec un soin extrême,
est épandu dans un réservoir avant d’être injecté
dans les filtres-presses. Ces ingénieuses mécaniques,
comme leur nom l’indique, condensent la pâte en
la débarrassant d’une grande partie de son eau.
Des malaxeurs compressent et pétrissent ensuitela
matière et lui donnent toute l’homogénéité dési-
rable. Le sirop laiteux est devenu de la pâte a
faïence. L’œuvre des « moulins » est terminée.
*
* *
Dans les ateliers de moulage, où cette belle
matière plastique est transportée sur railway, la
physionomie change profondément. Ici com-
mence en réalité la main-d’œuvre, dont la pres-
tesse et l’habileté extraordinaires étonnent tous les
visiteurs. Dans toute la longueur d’un hall
immense, des mouleurs, chacun servi par deux
gamins, forment au tour, mu mécaniquement,
des bols. Cette opération s’accomplit avec une
rapidité inouïe, puisqu’il est des tourneurs qui
confectionnent 3,5oo"et jusqu’à 4,000 bols en une
journée! L’aide des
gamins consiste à
s’emparer des bols
qui viennent d’être
tournés et à les dé-
poser, sans les défor-
mer, sur les rayons
des séchoirs circu-
laires à vapeur. Ces
appareils, enfermés
dans des cages en
bois,pourvues d’une
ouverture, ont été
rapprochés autant
que possible des tra-
vailleurs afin d’é-
pargner leurs peines
dans une certaine
DES IMPRESSIONS SOUS VERNIS
mesure. Qu’on
songequ’un peuplus
d’éloignement force-
rait chaque apprenti
à faire quatre mille
pas ou sauts de plus
en une journée..
Mais le galbe d’un bol n’est pas obtenu par cette
seule opération. Une autre équipe d’ouvriers et de
petits servants forme ensuite le bord et le pied de
l’objet, et le polit. Tel est l’ouvrage des « tournas-
seurs ». Il faudrait voir avec quelle habileté les
gamins posent sur les engins faisant deux cents
tours à la minute, les bols dont ils lissent la sur-
face, puis les retirent.
Mais autant que cette rapidité, cette sûreté
d’exécution qui font songer au talent des acro-
bates extrêmes-orientaux, la quantité des objets
manipulés, formés magiquement, semble-t-il,
stupéfie ceux qui la première fois assistent à cette
métamorphose industrielle. « Keramis » semble
confectionner en une seule journée toute la vais-
selle nécessaire au pays entier! Dans les ateliers où
l’on tourne les assiettes, un seul ouvrier en fait mille
ou quinze cents par jour!
*
* *
Imaginez-vous que je vous aie tout dit du mode-
lage s’y attachant de tous les objets de faïence qui
vous entourent et suivez-moi dans la division des
fours. Les produits séchés qui vont subir une pre-
mière cuisson sont « encastés » dans des boîtes en
masse réfractaire, ovales ou rondes. Les dites
boîtes qui doivent en réalité servir de cuirasses
contre les. ardeurs du feu pourraient s’appeler
cassettes-, dans tous les pays du monde, explique
qui pourra, on prononce et écrit : cadettes...
Mais n’insistons pas et montrons l’enfournement
des « cazettes » emplies des objets à cuire et qui
bientôt, superposées en une série de colonnes,
emplissent le dôme du four, haut de 5 mètres. La
porte de cette chambre du feu ayant été maçonnée,
les douze foyers de pourtour ne tardent pas à
envahir le four, de longues flammes qui s’élèvent
d’abord en léchant les parois et plongent ensuite
entre les « cazettes ». Quarante-huit heures de
cette fournaise dont la température est d’environ
i,3oo degrés sont nécessaires pour cuire « en
biscuit ». Neuf fours de ce genre sont continuelle-
ment en activité. C’est après cette cuisson qui
livre un produit poreux que les objets sont trempés
dans une solution de verre broyé. Cette opération
effectuée par les jeunes filles s’appelle le « don-
nage en vernis », et ces ouvrières penchées sur les
baquets, dans lesquels elles plongent les « biscuits »
au moyen de pinces, des « donneuses en vernis »
Ainsi recouverts d’émail, ' les objets sont remis dans
des « cazettes », mais’cette fois séparés entre eux
par des supports réfractaires, des « colifichets »,
pour éviter l’adhérence.
La seconde cuisson a lieu dans un four continu
formant un tunnel de 60 mètres de longueur et
chauffé au gaz de houille. C’est le premier four de
ce genre qui ait fonctionné sans accroc. Son prin-
cipal mérite industriel consiste dans la récupéra-
tion de la chaleur enmagasinée par les produits.
Quarante chariots chargés de «cazettes» avancent
automatiquement dans cette galerie d’enfer, s’ap-
prochant ou s’éloignant du foyer central dont la
chaleur atteint au maximum 1,020 degrés.
Le trajet d’un wagon dans ce couloir prend
vingt heures. Toutes les demi-heures donc un
chariot sort du tunnel, mais ce n’est que sept ou
Jeune polisseur de bols
Inuit heures après que son chargement, enfin
refroidi complètement, peut être enlevé. Les bols,
les assiettes, les plats, les objets de toutes sortes,