Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
retirés des « cazettes », mordorées sous l’action du
feu, brillent de tout l’éclat de leur émail et font
entendre le joyeux cliquetis du couvert que l’on
dresse.
*
* *
Voilà succinctement contée la fabrication de la
faïence; mais là ne se borne pas le travail si
compliqué et si délicat qui s’accomplit à l’usine
Boch frères. Les articles les plus courants sont,
comme on sait, enjolivés d’ornements variés, par-
fois de vues, de sujets humoristiques. Les plus
humbles veulent « manger avec les yeux ». Ces
impressions sont obtenues sous vernis, c’est-à-dire
avant la seconde cuisson. L’atelier où l’on exécute
ces décalques est une des nombreuses curiosités de
« Keramis ». Deux cents fillettes environ, assises
autour de petites tables, découpent et appliquent
sur les faïences les dessins fraîchement imprimés
sur des feuilles de papier savonnées. Les impri-
meurs qui alimentent les ouvrières, travaillent
auprès d’elles. Les dessins sont reproduits au
moyen de plaques en cuivre gravées et d’encre
grasse. Les objets en biscuit poreux « boivent »
en réalité ces impressions, tandis que le papier
savonné qui transporta la reproduction est aisé-
ment lavé à l’eau tiède. Mais avant la recuisson
fondus, cossus qui tiennent de la réalité et du rêve, panneaux avec figures et dont la composition, le
Mais quoi que triomphant dans ce genre, Keramis dessin et le coloris forment de séduisantes œuvres
réalise bien d’au-
tres prodiges. Ses
taïences siliceuses
ne sont, en effet,
pas moins étonnan-
tes. Quelle richesse
de palette elles réa-
lisent! Combien
sont brillants, trans-
parents, profonds,
leurs tons turquoise
vert bleu, violet,
jaune citron! C’est
la magie des émaux
enfantée par les
ardeurs de la four-
naise. Que de féeri-
ques spécimens on
a déjà obtenus à La
Louvière par ce pro-
cédé.
Il m’a été donné
d’assister fortuite-
ment à la prépara-
tion d’un de ces
Panneau
en émail une opération intermédiaire est néces-
saire : il faut brûler la graisse de l’impression, ne
laissant subsister que la couleur. Cette élimination
Fabrication des carrelages
s’effectue dans un moufle à feu
chaleur est de 5oo degrés.
*
* *
Je crois être arrivé à la limite du domaine pure-
ment industriel de la faïencerie. Au delà s’exerce
l’art du décor qui, à certaines époques et dans
maints pays, a donné de si magnifiques résultats.
On sait que Keramis s’est créé une spécialité
de ces reconstitutions absolument parfaites de
l’ancien art céramiste hollandais. Non seulement
la technique des faïenciers de Delft fut étudiée avec
soin, mais M. Victor Boch fit venir de cette ville,
pour travailler dans ses ateliers, des fils d’ouvriers.
Les procédés, la tradition de travail des siècles
passés sont encore conservés à La Louvière, où
l’on voit d’attentifs décorateurs peindre les sujets
les plus délicats et les plus touffus parfois sur
la pellicule de vernis cru, obtenue par le trempage
de l’objet. L’ornementation généralement en bleu
— il en est aussi de polychromée — des faïences
de Delft est cuite ensuite, en même temps que la
croûte d'émail, ce qui lui donne ces tons doux,
grands panneaux
dans l’exécution desquels Keramis excelle. Dans
le calme de son atelier, M. Catteau, l’un des
artistes spéciaux et
de grand talent at-
tachés à l’établisse-
ment, étalait entre
les traits cloisonnés,
dessinant une ma-
rine sur les car-
reaux, les couleurs
auxquelles la cha-
leur donnera la to-
nalité et l’éclat.
Cette décoration
en couleurs fusibles
s’applique surtout
aux panneaux, aux
grands plats, aux
cheminées et aux
motifs d’archi
tecture.
On pratique éga-
lement dans les ser-
vices artistiques de
la faïencerie Boch
le genre si difficile
de la barbotine,dont
continu, dont la la pâte épaisse ajoute à la couleur l’attrait du
modelé; on décore en barbotine les vasques, les
garnitures de cheminée, etc.
Un des procédés de décoration les plus récents,
et qui peut s’appliquer à des articles de prix modé-
rés ou à des objets de luxe, est celui de l’aérographe,
un vaporisateur de couleurs en poudre. On forme
à l’aérographe jusqu’à des bouquets de roses!
En cheminant à travers les ateliers où chacun
s’applique, et en causant, mon cicerone et moi
étions parvenus au « studio » de M. Levallois, un
disciple distingué de l’école de Sèvres. Cet artiste
s’efforce de retrouver en ce moment la forme et la
décoration d’un service de table ancien dont il ne
possède qu’une seule pièce mutilée. Bien peu se
doutent de la difficulté d’un tel problème esthé-
tique. Ce service de table sera une reconstitution
de faïences fameuses exécutées jadis à Sept-Fon-
taines, à l’usine du grand-père du fondateur de
Keramis.
L’établissement de La Louvière recourt encore
régulièrement à une autre collaboration artistique,
celle du peintre De Geetere, l’auteur de maints
décoratives. Que de succès ont obtenu les ouvrages
prestigieux de M. De Geetere. Plusieurs des
statuaires les plus distingués de notre école ont
créé aussi des modèles admirablement traités par
Keramis.
J’avais, comme on' le voit, bien raison de dire
que l’établissement Boch frères fabrique à la fois
les articles courants et de luxe. On conçoit qu’avec
de tels éléments, embrassant en réalité tous les
genres de production dont la faïencerie actuelle
est susceptible, ces usines aient acquis une impor-
tance aussi considérable et conquis un renom uni-
versel. Il y a longtemps que Keramis s’est vue décer-
nerles plus hautes récompenses dans les expositions
internationales. En 1888 la célèbre faïencerie
Boch obtenait le Diplôme d’Honneur à Bruxelles,
et l’an suivant sa participation à l’Exposition de
Paris lui valait le Grand Prix.
J’ai dit que M. Victor Boch avait fondé et
construit l’usine de Keramis au cours de la période
Un Vase
de 1841 à 1844. Il céda en 1881 la direction qu’il
avait toujours assumée, indépendamment de sa
charge d’administrateur, à M. Charles Tock, le
père du directeur actuel et qui resta à la tête de