Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
peuplée, comme aujourd’hui, et peut-être plus
qu’aujourd’hui. Une admirable industrie d’art,
celle des dinanderies, et la fabrication des coukes
occupaient une nombreuse population ouvrière.
Les fabricants de pains d’épices ont survécu aux
dinandiers, et continuent à faire une honnête
concurrence aux propriétaires des eaux de
Hunyadi Janos. , „
La cuve baptismale de Saint-Barthélemy, à
Liège, qui a été fabriquée vers 1112, à Dinant,
par le « batteur » Lambert Patras, et dont on peut
admirer un surmoulage cuivré aux Musées du
Parc du Cinquantenaire, l’encensoir de Lille, la
cuve baptismale de Tirlemont, la cloche de Saint-
Gilles, à Liége, etc., etc., démontrent à quel haut
degré d’art et de perfection technique étaient par-
venus, déjà au XIIe siècle, les « batteurs » de
cuivre. Jean d’Outremeuse, Jean Delamare, Gau-
tier Decoux, Lambert Patras, déjà nommé, Gilles
de Dinant, qui « battait », en 1379, pour la
duchesse de Brabant, Nicolas Joseph, canonnier
en titre de Philippe le Hardi, Jean de Gerin,
l’auteur des tombeaux de Louis de Maele et de
Jeanne de Brabant, et cent autres ouvriers illustres
répandirent le renom de l’industrie dinantaise dans
tout l’univers.
Le sac de la ville par les Bourguignons marque
le commencement de la décadence de cette
antique industrie d’art. Les guerres de À
Louis XIV dans notre pays la ruinèrent
complètement.
Aujourd’hui il n’en reste plus rien,
si ce n’est un substantif, « dinan-
derie », et là où Lambert Patras,
au XIIe siècle, « battait » des
chefs-d’œuvre, on fabrique à la
mécanique des tissus dits mérinos,
qui ne passeront pas à la posté-
rite. Cependant, la population a
gardé, dirait-on, des dispositions
natives pour l'art; Dinant est
le berceau de la dvnastie des
peintres ou dessinateurs Redouté,
et a donné le jour à Wiertz et
à un sculpteur de haut mérite,
inconnu en Belgique, mais très
apprécié en Italie, où il travail-
lait, il y a deux cents ans, sous le
nom de Tabaghetti.
Les « Dinandiers », ou plus exactement les
Dinantais, portaient encore un autre nom ; on les
appelait et on les appelle encore « Copères ». D'où
vient ce sobriquet? Un des historiens les plus
récents de la vallée de la Meuse, M. H. Hachez,
prétend que copere vient de cuivre (en liant
allemand kupjer, ou, en bas allemand, coper ou
cuper). Au moyen àge, les « batteurs » de Dinant
exportaient surtout leurs produits en Allemagne.
« De là, dit M. Hachez {Histoire de Dinant, i8g3,
Court-Saint-Étienne, chez Chevalier, deux vol.
in-12; voyez t. 1, p. 96), d’abord le terme appel-
latif cuper (cuivre), attribué indistinctement à
tout objet de fabrication dinantaise. Plus tard
de même qu’on avait nommé indifféremment, en
France, « Dinan », une « dinanderie » ou un
«dinandier », de même, en Allemagne, par une
de ces abréviations si fréquentes, le peuple, con-
fondant ainsi le nom du produit avec celui du
producteur, octroya au cuper.et au cuperslager
(batteur), la seule et même dénomination de
cuper. Le mot « copère » fit fortune et passa de
la langue tudesque dans le vocabulaire d’une
partie des nations de race latine. Chose assez
bizarre cependant, à son emploi s’attacha tou-
jours une intention tout au moins désobligeante,
et cela peut-être bien parce que les ouvriers des
centres manufacturiers du pays voulaient
marquer ainsi le dédain qu’ils profes-
saient pour leurs congénères dinan- .
tais, dont la morgue et la pédan-
terie froissaient les sentiments JM&
« copère» dans
d’égalité qu’inconsciemment ils
sentaient déjà germer en eux.
C’est en iq35 que, pour la
première fois, nous trou-
vons le surnom de
Dînant — La Roche a Bayard
le sens que nous venons d’indiquer. » L’explica-
tion est ingénieuse. Est-elle complète? Je n’ai pas
l’intention de me livrer ici à cette étude.
Il est certain que les Dinantais avaient beaucoup
de « morgue et de pédanterie », comme le prouvent
toute leur histoire, leurs démêlés avec les gens de
Bouvignes et de Poilvache, leur attitude pendant
la « guerre de la Vache », leurs mutineries contre
le prince-évêque de Liège, leurs bravades en face
du duc de Bourgogne, leur animosité contre les
abbayes de leur voisinage. Ils chansonnaient
volontiers leurs seigneurs, leurs voisins et leurs
rivaux. Ils ont fini par être chansonnés eux-mêmes,
avec d’autant plus de cruauté qu’ils ne jouissaient
plus alors de leur ancienne puissance et que
l’industrie d’art qui les avait illustrés était des-
cendue au rang du métier de la chaudronnerie.
Dinant fut placée ainsi au nombre des « villes
maudites », à coté de Malines, Car-
pentras, Brives-la-Gaillarde, P
toise, Marseille, Landerneau
etc., etc. Elles sont, en effet,
innombrables, les histoires
grotesques qu’on prête
aux Copères,
Les habitants de Dinant-les-Bains ne semblent
pas en souffrir, et ils continuent à fabriquer des
« couques », sans pitié pour les mâchoires des
consommateurs; car ces pains (sans épices) sont
durs comme les dinanderies qu’on ne produit plus.
Les étrangers affluent dans la ville pendant la
bonne saison. C’est en partant de Dinant que les
touristes ont fait la conquête des Ardennes occi-
dentales, en remontant les vallées de la Lesse et de
la Semois.
Si le comte de Charolais revenait sur les bords
de la Meuse avec ses soudards, il serait reçu à coups
de bouteilles de bourgogne vides ou pleines. Le
choc de celles-ci est irrésistible dans le pays wallon.