ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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L’EXPOSITION DE BRUXELLES 249 LES ÉGLISES DE BELGIQUE Qu’est-ce qui caractérise a vos yeux nos paysages ? disais-je un jour à un Japonais. Quelles sont les images synthétiques qui vous évoquent l’occident quand, rentré dans votre pays, vous songez aux nôtres? « Ce sont les clochers », répondit-il. Et en effet si par toute la terre on trouve ces aspects invariables : des frondaisons vertes sous le ciel clair, des sentiers, des champs, des prés, deslandes, l’occident seul, de l’Italie aux légers campaniles, aux pays sandinaves, aux églises trapues, déchire le ciel de ses innombrables tours sacrées. M. Adrien Mithouard, l’auteur du Traité de l’Occident, voit là un symbole, quelque chose qui caractérise un besoin de nos races. « Dans tout l’édifice du XIIIe siècle, dit-il si scrupuleusement attentif aux besoins de l’homme, la flèche est la seule partie qui paraisse facultative. Sans doute, il s’agissait bien de faire porter au loin le son des cloches. Mais fallait-il monter si haut? Un clocher ne suffisait-il pas à ces cathé- drales dont le plan en comporte jusqu’à sept ou huit? Si c’est là cependant que les constructeurs ont mis leurs dernières habiletés, s’ils ont redoublé leurs flèches, c’est qu’il leur était impérieux, c’est qu’il leur était suprêmement humain de les dresser. De là vient que les clochers nous soient si chers et nous émeuvent si indiciblement. Une utilité suprême les commande. Notre âme s’y déclare. C’est là-haut qu’elle se réfugie et là-haut qu’elle appelle. » Pourquoi ne pas admettre cette explication psychologique? Le fait est que la Belgique, vieux pays occidental, se distingue par l’infinité des clochers qui hérissent son sol. On les aperçoit avant même que d’entrer dans le pays quand on y arrive par mer. Au voyageur qui vient d’Angleterre ils apparaissent derrière la ligne blanchâtre des dunes bien avant l’heure du débarquement. La tour de Lisseweghe, celle de Leffinghe, celle de Nieuport, celles de Furnes. Verhaeren a chanté ces phares vénérables sur lesquels se guide le pêcheur flamand. Et aussitôt qu’on a débarqué au quai d’Ostende, on voit ces tours pointues ou carrées, ces flèches légères, se multiplier le long des routes et des lignes de chemin de fer; où qu’on aille, elles se répètent à l’infini sur tous les points de l’horizon. Elles sont bien le trait caractéristique du pays. On ne peut pas dire pourtant que la Belgique soit une terre privilégiée de l’architecture reli- gieuse. Alors que nulle part en Europe on ne trouverait une aussi grande quantité de beaux monuments civils du moyen âge réunis sur un terri- toire aussi exigu, il est incontestable que nos églises, voire nos plus belles cathédrales, sauf peut-être celle de Tournai, sont inférieures aux merveilleux temples chrétiens que la France éleva du Xe au XVIe siècle. Elles ont leur pittoresque, cependant, leur pittoresque spécial et un certain charme de dévotion bon enfant et de somptuosité bourgeoise qui n’appartient qu’à elles et dont on retrouve le caractère distinctif aussi bien dans les temples gothiques que dans les églises du style jésuite. En ces monuments se reflète très exactement la dévotion nationale, sans grand élan, sans passion démesurée, mais tendre, sage, modérée, recueillie et essentiellement populaire. Sauf Tournai, aucune église belge n’a cet accent hautain, cet aspect théocratique que Victor Hugo remarquait dans la cathédrale romane. Mais, à Tournai, il est vrai, il apparait avec une decker, — et Baedecker est, en matiere de monu- puissance extraordinaire. Notre-Dame de Tournai est "une des plus belles cathédrales de la chré- tienté. M. Pirenne a d’ailleurs fait remarquer le rôle considérable joué par Tournai dans la culture artistique des Pays-Bas au XIIIe siècle — car c’est une cathédrale essentiellement romane, bien que certaines parties soient de style ogival. La nef, en effet, et les parties essentielles de l’édifice furent commencées en 1146 et cette première église fut consacrée en i2i3. Le reste, ce qui fut ajouté, disparait dans les grandes lignes de la conception primitive d’on ne sait quel grand maître picard. Car Tournai offre tous les traits caractéristiques de l’école romane de Picardie. On peut même dire qu’elle en est le prototype. Dès l’entrée, on est frappé par la majesté et l’ampleur de la nef principale prolongée entre deux rangs superposés de piliers, et débouchant, par delà un jubé de bronze et de marbre en forme de portique, dans les gloires incendiées du chœur. Chaque pilier du rang inférieur dessine les mêmes faisceaux de colonnes dont quatre cylindriques et engagées, et quatre dégagées et octogones. Les étages supé- rieurs pèsent de leur poids formidable sur les arcades en fer à cheval qui relient ensemble les piliers; puis, ces belles courbes du plein cintre sont répétées d’étage en étage à travers l’énorme mur ajouré et vont se perdre dans les altitudes de l’archivolte. « L’ensemble, dit Camille Lemonnier, fait naître la pensée d’un mystique aqueduc jeté sur les eaux vives de la Fontaine de Vérité, et déployant dans l’espace la noble symétrie de ses vastes baies, mon- tant toujours plus haut jusqu’à ces urnes ouvertes près de la voûte que sont les fenêtres, et d’où ruis- selle en larges nappes pâles la lumière du dehors. Là règne, dans toute sa rude magnificence, l’esprit de la vieille religion, et cette austérité qui se ressent encore des catacombes où, avec la mort, monts, l’expression de l’opinion courante. Mais ici l’opnion courante est pleinement confirmée par les archéologues et les artistes. Certes, on trouverait en d'autres villes et dans d’autres pays l’équivalent de cette belle basilique à sept nefs en forme de croix, et munie d’un magnifique déambulatoire, mais ce qui est vraiment unique, c’est la tour. C’est une véritable pièce d’orfèvrerie que cette voisinait la foi primitive, ardeurs plus expansives de symbolisée par les gerbes élancées et l’admirable mouvement de l’ascension du chœur. » L’esprit de la vieille re- ligion, et son austérité primitive, c’est bien le ca- ractère dominant de Notre- Dame de Tournai, bien que les siècles y aient pro- digué quelques-uns des or- nements ordinaires d’un culte moins élevé mais plus aimable. C’est un sentiment moins pur mais plus doux, plus humain, plus près de nous, qu’on trouvera, en général du moins, dans les autres cathédrales de Belgique. Au point de vue de l’art architectural, la plus belle après Tournai est incontestablement la cathédrale d’Anvers. « C’est la plus grande et la plus belle église gothique de Belgique », dit Bae- Contraste avec les la ferveur ultérieure, $.^w^.^ Ml Gand — Saint-Bavon 3; MALVAUX. SC