Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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brechts, ne consiste qu’à opérer le croisement
des fils de chaîne.
Examinons à présent Le travail exécuté, d’après
« cartons », par ces jeunes femmes attentives,
Etat d’une tapisserie avant sa restauration
tenant dans une main la petite broche en bois
destinée à soulever les fils de la chaîne et
dans l’autre les laines retirées de la boîte à
casiers, dénommée avec expression la « palette ».
Des ouvrières restaurent et amplifient une
portière. Elles ont dû confectionner dix-sept ou
dix-huit pièces pour combler autant de trous
formés par l’usure. Nul ne saurait distinguer
les parties nouvelles des anciennes. Les ouvriè-
res forment, pour terminer cet ouvrage, une
bordure où Tes fleurs, les fruits et le feuillage
marient les tons de cette vie sommeillante et
mystérieuse qui font de la tapisserie une des
choses les plus troublantes qui soient.
Sur un métier on imite avec une perfection
également absolue, le fameux « semis-gothique »
ornant le fond sombre de fleurettes rouges et de
feuilles. Les tapis en « semis-gothique », qui
présentent cette particularité d’être décorés sur
les deux faces, servaient au temps des ducs
de Bourgogne à maints usages. On en recou-
vrait les dures couchettes ; on en formait les
tentes des guerriers et on étendait aussi ces
tissus jaspés sur le parquet des intérieurs bour-
geois. Que d’évocations éveillent ce coin de
parterre, où le dessin et la « flamme » de
quelques corolles font surgir dans l’esprit tout
un monde disparu I
Mais, voici d’autres travaux plus considérables
et qui constituent une preuve plus éclatante
encore des mérites prodigieux du continuateur
de nos excellents tisserands d’art. Il s’agit
d’une série de tapisseries mettant en scène les
épisodes de la vie de Joseph. Ces compositions
bibliques furent exécutées d’après de merveilleux
cartons du peintre français Lebrun, par les Van
der Borght de Bruxelles. Nous sommes dans
tout l’apparat gracieux et la fraîcheur char-
mante du XVIIIe siècle. Or, ces tapisseries ma-
gnifiques étaient en partie détruites. Dans celle
qui se trouve, par exemple,
sur le métier, et qui repré-
sente les Greniers d’abon-
dance d’Egypte, il manquait
plusieurs personnages en-
tiers et maints autres frag-
ments. Ces lacunes ont été
comblées par M. Lambrechts
avec un art consommé ! Le
mouvement, le caractère, le
dessin et la couleur de ces
reconstitutions, de ces résur-
rections plutôt, stupéfient
par leur accent d’authenti-
cité. Ni les frères Van der
Borght ni Lebrun lui-même
ne désavoueraient ces par-
ties, grandes de plusieurs
mètres carrés, incorporées
dans leur œuvre.
Les photographies dont
les reproductions illustrent
cet article offrent d’autres
exemples de reconstitutions
fameuses accomplies par M.
Arthur Lambrechts. La ta-
pisserie à travers les brèches
de laquelle on aperçoit la
cour de l’atelier n’était plus
qu’une ruine lamentable avant
sa régénérescence. Mais le
tour de force que réalisa
M. Lambrechts dans la re-
constitution de l’autre tapis-
serie qui se trouvait égale-
ment dans un état pitoyable,
ainsi qu’on peut en juger,
fut sans doute plus fameux
encore. Il fit réapparaître
dans cette composition, qui n’est autre que celle
de VEntrée triomphale de Joseph en Egypte
- un des petits panneaux de la série dont
nous parlons plus haut, —
des figures entières dispa-
rues au cours des ans.
Et, comme dans toutes
les tapisseries qu’il restaura,
la similitude est ici absolue,
entre les nouvelles et les
anciennes parties. M. Lam-
brechts possède d’ailleurs le
don rarissime de s’assimiler
les styles les plus différents.
Il s’identifie réellement avec
le caractère de chacune des
tapisseries qu’il entreprend
de faire revivre dans leur
intégralité. Les connaisseurs
constatent, au surplus, que
les teintures végétales dont
M. Lambrechts se sert pour
colorer ses laines sont exac-
tement de la même essence
que celles employées par les
tisserands anciens. En effet,
la photographie, très sen-
sible aux sels producteurs
du coloris, ne révèle, sous
ce rapport, aucune diffé-
rence entre les fragments
nouveaux et les primitifs.
*
* *
Que de témoignages d’admiration ont déjà
manifesté à M. Lambrechts l’émerveillement que
provoquent ses travaux ! Lors de l’Exposition
internationale d’Amsterdam de 1907, la reine
de Hollande, qui avait longüement contemplé
un des grands panneaux de la jolie légende
biblique de la vie de Joseph, conféra à l’artiste
belge une distinction honorifique. La participa-
tion de M. Lambrechts à l’exposition d’Ams-
terdam fit sensation. Son atelier de tissage d’art
fut une des principales attractions de la section
belge. J’ai sous les yeux les articles de jour-
naux et le rapport de Mlle E. Rogge, inspec-
trice du travail manuel de la femme en Hol-
lande, consacrés à l’œuvre très attachante de
M. Arthur Lambrechts, qui se poursuivait sous
les yeux mêmes des visiteurs. L’étude de Mlle
Rogge est particulièrement fouillée et élogieuse.
Elle témoigne de l’intérêt considérable que sus-
cita cette admirable et décisive démonstration.
Je reviendrai tantôt sur le remarquable mé-
moire de l’inspectrice hollandaise pour exprimer
le vœu qui jaillit à la pensée en présence de la
rénovation dont on est redevable à notre com-
patriote. Mais, avant cela, je veux signaler une
autre réalisation de rêve que caressa pendant
longtemps le maître. Celui qui a consacré
une grande partie de son existence à exprimer
l’art de ses devanciers brûlait de produire une
œuvre personnelle. Il la réalise en ce moment.
La création à laquelle il travaille est une évo-
cation du domaine seigneurial d’Héverlé. Le
grand paysage à vol d’oiseau encadré d’une
bordure des plus ingénieuse et des plus intéres-
sante, montre dans la lumineuse échancrure de
deux taillis de premier plan, le manoir, son parc
verdoyant et les blondes campagnes environ-
nantes. Ce panorama, où le style gothique d’Hé-
verlé met son empreinte curieuse, donne aussi
la sensation de l’espace. La bordure que je
signalais contribue, par son contraste, au ca-
ractère de ce paysage, tout en enjolivant l’en-
semble. L’artiste a eu l’idée de tisser dans cet
encadrement les portraits de la lignée des ducs
d’Arenberg, seigneurs d’Héverlé, entourant leurs
médaillons de tout ce qui fait la vie de leur
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Après la restauration