Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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BRUXELLES-EXPOSITION
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LES ENVIRONS DE BRUXELLES
Je suis de longue date un admirateur de notre
lumineux et coloré pays brabançon. J’en revois
toujours avec un
plaisir nouveau les
beautés captivantes.
« On l’a fait re-
marquer souvent, il
y a dans le Bra-
bant comme une
synthèse de tout
notre pays.
» Au nord des
campagnes plantu-
reuses et verdoyan-
tes se déroulent, en
lignes amples et har-
monieuses, jus-
qu’aux confins du
beau pays de Flan-
dre, dont elles sont
en quelque sorte le-
prolongement; au
sud s’étend une ré-
gion plus montueu-
se, plus tourmentée,
et la nature y a des
caprices presque
comparables à ceux
de l’Ardenne; enfin, quelques coins, deçà et delà,
ont l’àpre poésie des sites campinois.
» A vrai dire, il est peu de contrées dont les pays
sages présentent une telle variété d’aspects, en
même temps qu’un tel pittoresque. »
C’est en ces termes que j’esquissai autrefois l’as-
pect si varié des paysages brabançons.
Mais les beautés réelles de ce pays ne sont pas à
la portée de tous. Elles n’apparaissent qu’à ceux
qui ont le sens du pittoresque, qui ont l’amour de
la Nature.
Taine, le célèbre penseur français, écrivit un
jour que pour l’artiste, pour le poète, les paysages
ont une âme, une passion, qu’ils doivent à la
forme, à la couleur, à l’aspect des choses. C’est
avec l’œil délicat de l’observateur qu’il faut regar-
der les sites de nos belles régions brabançonnes,
si l’on veut en percevoir
tout l’attrait, toute la
poésie.
A vrai dire, la banlieue
bruxelloise, autrefois si ré-
putée, a perdu beaucoup
de son pittoresque depuis
que la bâtisse s’y est déve-
loppée. Boitsfort, Auder-
ghem, Uccle, Linkebeek
même se métamorphosent
de plus en plus et perdent
leur caractère aimable et
rustique.
C’est maintenant plusau
cœur des campagnes, plus
loin des itinéraires battus
que l’excursionniste doit
diriger ses pas s’il veut goûter pleinement la séduc-
tion du Brabant rural.
*
* *
Ma prédilection pour les coins champêtres me
fait dévier du but que je me suis assigné : donner
a l’étranger qui viendra voir l’Exposition de Bru-
xelles en 1910 quelques notes rapides au sujet des
endroits qu’il sied de visiter, s'il veut avoir une
idée assez précise de l’aspect du pays brabançon.
La principale promenade bruxelloise, le Bois
de la Cambre, s’offre avant tout à l’attention du
touriste.
Le Bois de la Cambre est pour le Bruxellois ce
que le Bois de Boulogne est pour le Parisien. Une
superbe allée de 2 1/2 kilomètres, l’avenue Louise,
le relie à la capitale.
Ses iio hectares de futaies sont coupés de pro-
menades superbes, vers lesquelles, pendant la
bonne saison, se dirigent en masse les citadins
désœuvrés.
Au delà se déploie la forêt de Soignes, l’ancien
rendez-vous de chasse des ducs brabançons. Des
11,000 hectares qu’elle avait au XVIe siècle il
subsiste un massif de 4,200 hectares environ.
C'est une forêt sauvage et mystérieuse, agré-
mentée de vallons pittoresques. Les anciens souve-
rains du Brabant y fondèrent de célèbres abbayes
(Rouge-Cloitre, Val-Duchesse, Groenendael, Ter-
vueren, etc.), dont quelques vestiges subsistent.
Ces sites abbatiaux sont au nombre des plus beaux
de la forêt.
Le vallon romantique de Groenendael, notam-
ment, est d’une remarquable beauté, avec sa
succession d’étangs encadrée de hêtres gigan-
tesques et ses magnifiques sous-bois.
Le prieuré qui y fut fondé au commencement du
XIVe siècle, avec l’appui du duc Jean II devint, au
temps de Charles-Quint une des plus riches insti-
tutions monastiques du pays.
Autre but d’excursion très fréquenté : Tervueren,
avec son intéressant Musée colonial. C’est.un pro-
pret village, relié à la ville de Bruxelles par un
service de trams rapides. Il avoisine la forêt.
Dès le XIIIe siècle Tervueren était le séjour de
prédilection des souverains brabançons, qui y pra-
tiquaient leur sport favori, la chasse.
Il ne reste rien de la résidence des anciens ducs,
si ce n’est le parc qui entourait leur château. C’est
un beau bois de hêtres, agrémenté de vallonne-
ments et de grands étangs poissonneux.
Au sud de la forêt de Soignes se succèdent les
Waterloo — Le Lion
vastes plateaux du Brabant wallon, pays de grande
culture, auxquelles de grosses fermes donnent une
caractéristique marquée.
Deux noms, de ce côté, se détachent de la carte
par la renommée qu’ils ont acquise : Waterloo et
Villers-la-Ville.
A Waterloo c’est « la morne plaine » où sombra
Ruines de l’Abbaye de Villers
la gloire napoléonienne qui voit affluer, toute
l’année durant, des flots de voyageurs avides
de promener le regard sur le théâtre de l’épopée
de i8i5.
A Villers-la-Ville, l’esprit évoque des souvenirs
plus paisibles, plus calmes : on y va pour accomplir
un pèlerinage purement artistique. Les ruines
abbatiales de ce village sont les plus belles de
la Belgique et il en est peu qui lés égalent à
l’étranger.
Les ruines, admirablement groupées dans une
vallée boisée, se composent d’une basilique, d’un
réfectoire, d’un cloi-
tre, d’un palais ab-
batial, d’une bras-
serie, etc.
L’église, dont les
restes considérables
dominent les autres
bâtisses de leur mas-
se majestueuse, for-
me la partie la plus
précieuse des ruines,
grâce à une archi-
tecture remarqua-
ble. Ce temple a été
commencé en 1225
et terminé quelque
cinquante ans plus
tard.
Le réfectoire et le
cloître offrent un attrait architectural à peu près
égal.
Au nord-ouest et à l’ouest de Bruxelles- le
pays brabançon n’a pas autant de grandeur que les
régions que je viens de décrire en quelques mots,
mais il a plus de pittoresque, plus d’intimité.
Je crois inutile de signaler au lecteur les splen-
deurs du faubourg de Laeken, le Versailles belge :
le palais d’été de la famille régnante, construit à la
fin du XVIIIe siècle par les archiducs autrichiens
Albert de Saxe-Tesschen et Marie-Christine et
considérablement aggrandi pendant ces dernières
années par le roi Léopold I1 ; le parc public, avec
ses grandes pelouses, joliment ondulées et que
domine le monument de
Léopold Ier; la fontaine
de Jean de Bologne; la
tour japonaise ; le restau-
rant chinois, etc.
De ce côté, un village
trop peu connu, Grimber-
ghe, mérite d’être signalé.
C’est le bon village d’au-
trefois, à l’aspect paisible,
presque moyenâgeux.Avec
son vieux castel poétique,
son église monumentale,
émergeant de petites mai-
sons basses aux toits rou-
ges, son vallon verdoyant
semé de fermes pittores-
ques, c’est, à mon sens, le
plus beau village du Brabant.
Il serait facile d’allonger cette énumération. Le
Brabant est un pays éminemment pictural, où les
sites foisonnent. Mais ce serait m’écarter du but
que je me suis proposé.
Arthur Cosyn.