ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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348 L’EXPOSITION DE BRUXELLES plan de Mons, qu’il finit par qualifier de vrai plan de la tour de Saint-Rombaut. Un effort décisif se prépare en ce moment, et il n’est pas téméraire d’affirmer, eu égard aux personnalités qui s’intéressent au projet, qu’une solution favorable est proche de récompenser l’ardeur des vaillants champions de la défense de notre patrimoine artistique. L’administration communale de Malines, en effet, vient d’accorder un subside spécial au Cercle archéologique à l’effet de participer à l’Exposition internationale de Bruxelles, où fi- gurera, dans un compartiment réservé, la ma- quette du clocher coiffé de sa flèche aérienne ainsi que les documents se rattachant au mo- nument et à la ville elle-même, qui, à bon droit, peut rivaliser avec Gand, Bruges, Ypres, Lou- vain, ces refuges sacrés de l’art médiéval. L’in- tervention de l’édilité malinoise et du Cercle archéologique a un double but : mettre en évi- dence aux yeux de l’étranger les charmes de la vieille cité appartenant pour ainsi dire à la banlieue bruxelloise, et, en outre, attirer l’attention des autorités et du public sur le projet d’achèvement de la vieille tour qui en ferait l’édifice bâti le plus élevé du monde et que le célèbre maréchal Vauban salua dans son extase, comme étant la huitième merveille. Rappelons que l’érection de la tour de Saint- Rombaut fut commencée en 1552, sur le plan du célèbre architecte Jean Keldermans. La pre- mière pierre en fut posée le 22 mai de cette année et les travaux furent suspendus au début du XVIe siècle. Dans son audacieuse sécurité, l’architecte l’a laissé évidée jusqu’à la hauteur de la grande nef, à laquelle elle réserve ainsi un prolongement de 16 mètres. Sans fonda- tions préalables, le colosse ne se soutient que sur ses deux murs latéraux, auxquels s’arc- boutent dans un effort immuable huit contre- forts de structure formidable. Et elle s’élève, cette tour, point d’exclamation gigantesque sur l’azur, dans une harmonie parfaite et une homo- généité admirable, à 97 m.30 du sol. A chaque face resplendit un cadran doré, le plus grand du monde, dont le diamètre atteint 13m.50 et la hauteur des chiffres 1 m. 96. La tour recèle dans ses flancs la chambre du treuil, les forges, la chambre des cloches où, lors des solennités, se meut Salvator, le bourdon de 8,884 l<ilos, et enfin la chambre de l’horloge, renfermant le mécanisme actionnant la sonnerie des heures. Est-il besoin de parler du trésor unique qui fait de la tour le plus fantastique des musiciens, de son carillon aux 45 cloches, orchestre d’une sonorité incomparable sous le doigté délicat et sûr de l’étrange génie qu’est Jef Denyn ? Or, il lui manque, à ce colosse de granit, pour compléter son effet prestigieux, une flèche de 70 mètres. Il acquerrait ainsi la hauteur de 167 mètres sans la croix, dépassant de 7 mètres la cathédrale d’Ulm, le plus élevé des monu- ments de pierre, et de 21 mètres la pyramide de Khéops. Le monument se distingue par son imposante concordance, ses dimensions admirables, son ordonnation savante et surtout par la progres- sion décroissante de la charge proportionnelle- ment à son élancement. A ces principes prédo- minants de toute bonne production gothique, il faut ajouter la solidité et la force dans la grâce et la souplesse. Et le chef-d’œuvre ainsi bâti s’entoure, en outre, entre ses arêtes et ses grandes lignes, d’un hallucinant manteau de demi-teintes, effet troublant aux variations infinies, où se révèle dans toute sa perfection et sa puissance l’idéal architectural. Ces qualités, qui mettent la tour de Malines au premier rang des monuments du monde, se retrouvent avec une étonnante précision dans le plan de la flèche dont l’adhérence avec le torse est parfaite. En septembre dernier, au Congrès de Malines, M. le chanoine Thiéry, de Louvain, autre par- tisan non moins convaincu dans la réussite du projet, s’est étendu longuement sur la nécessité de poursuivre et de mener à bonne fin cette œuvre foncièrement nationale. C’est à son initia- tive et à son intervention que l’on doit la ma- quette de la tour actuellement exposée dans le déambulatoire de la métropole de Malines. Cette réduction, exécutée à l’échelle d’un centième, est du métier d’un artiste bruxellois, M. Cyrille De Maertelaere, qui, avec un réel souci de vérité, a reproduit tous les détails du plan afin d’initier les profanes, d’éveiller les esprits et d’ouvrir les cœurs à la compréhension de l’œuvre qui prend un caractère d’intérêt général et rencontre une approbation unanime. Plusieurs membres du gouvernement, pres- sentis au sujet de l’accueil que réserverait l’Etat à l’achèvement de la tour, ont bien voulu assu- rer qu’en présence du caractère national de l’en- treprise, le gouvernement se devait à l’inter- vention pécuniaire non pas seulement pour la construction de la flèche, mais encore pour les restaurations qui restent à apporter à l’édifice. Mais déjà la question soulève l’intérêt général et prend une allure nettement patriotique. M. le chanoine van Caster a bien voulu nous donner son avis et nous confiait, hier encore, que le projet d’une loterie nationale, telle qu’il en fut organisé en Allemagne en faveur des cathédrales de Cologne et d’Ulm, moyen assuré de se pro- curer les fonds nécessaires, rencontrait des par- tisans nombreux dans le pays. « J’ai confiance dans l’avenir, ajoutait avec un geste plein de profonde conviction l’éminent savant, car en présence de l’enthousiasme qui accueille partout le projet, il ne m’est plus pos- sible de douter encore de la réalisation du rêve que je caresse depuis plus de cinquante ans.» Quant au devis estimatif des travaux, néces- sairement établi sur des bases approximatives, M. le chanoine van Caster le fixe à environ un million cinq cent mille francs. Cependant, en raison des moyens de transport et surtout en considérant les facilités actuelles de con- struction et principalement l’élévation des ma- tériaux à l’aide de grues mécaniques, il faut, de l’avis de M. l’architecte Arthur Verhaegen, de Gand, réduire sensiblement ce chiffre. La maquette de la tour achevée sera donc bientôt exposée à Bruxelles. Chacun pourra l’y admirer, et celui qui n’a pu contempler encore la silhouette du munster malinois dans les oppo- sitions les plus saisissantes de l’équilibre go- thique pourra se faire une idée adéquate de ce que sera dans son élégante harmonie et ses proportions idéales le monument terminé. Bientôt sans doute, étonné et ravi, l’étranger, excursionniste ou artiste, visitant l’antique rési- dence des archevêques, pourra voir, se dressant au-dessus des pignons aux fines découpures des maisons proches, les lignes surprenantes de Saint-Rombaut achevé et suivre sur le ciel son aiguille ajourée — poème immobilisé dans la pierre, — profilant ses galeries, ses entrelace- ments capricieux, ses clochetons fleuronnés, s’ef- filant, dans un geste hiératique, comme pour porter à de vertigineuses altitudes l’expression d’une inconcevable témérité. M. Roussel.