Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
plan de Mons, qu’il finit par qualifier de vrai
plan de la tour de Saint-Rombaut.
Un effort décisif se prépare en ce moment, et
il n’est pas téméraire d’affirmer, eu égard aux
personnalités qui s’intéressent au projet, qu’une
solution favorable est proche de récompenser
l’ardeur des vaillants champions de la défense
de notre patrimoine artistique.
L’administration communale de Malines, en
effet, vient d’accorder un subside spécial au
Cercle archéologique à l’effet de participer à
l’Exposition internationale de Bruxelles, où fi-
gurera, dans un compartiment réservé, la ma-
quette du clocher coiffé de sa flèche aérienne
ainsi que les documents se rattachant au mo-
nument et à la ville elle-même, qui, à bon droit,
peut rivaliser avec Gand, Bruges, Ypres, Lou-
vain, ces refuges sacrés de l’art médiéval. L’in-
tervention de l’édilité malinoise et du Cercle
archéologique a un double but : mettre en évi-
dence aux yeux de l’étranger les charmes de
la vieille cité appartenant pour ainsi dire à
la banlieue bruxelloise, et, en outre, attirer
l’attention des autorités et du public sur le
projet d’achèvement de la vieille tour qui en
ferait l’édifice bâti le plus élevé du monde
et que le célèbre maréchal Vauban salua
dans son extase, comme étant la huitième
merveille.
Rappelons que l’érection de la tour de Saint-
Rombaut fut commencée en 1552, sur le plan
du célèbre architecte Jean Keldermans. La pre-
mière pierre en fut posée le 22 mai de cette
année et les travaux furent suspendus au début
du XVIe siècle. Dans son audacieuse sécurité,
l’architecte l’a laissé évidée jusqu’à la hauteur
de la grande nef, à laquelle elle réserve ainsi
un prolongement de 16 mètres. Sans fonda-
tions préalables, le colosse ne se soutient que
sur ses deux murs latéraux, auxquels s’arc-
boutent dans un effort immuable huit contre-
forts de structure formidable. Et elle s’élève,
cette tour, point d’exclamation gigantesque sur
l’azur, dans une harmonie parfaite et une homo-
généité admirable, à 97 m.30 du sol.
A chaque face resplendit un cadran doré, le
plus grand du monde, dont le diamètre atteint
13m.50 et la hauteur des chiffres 1 m. 96. La
tour recèle dans ses flancs la chambre du treuil,
les forges, la chambre des cloches où, lors des
solennités, se meut Salvator, le bourdon de
8,884 l<ilos, et enfin la chambre de l’horloge,
renfermant le mécanisme actionnant la sonnerie
des heures.
Est-il besoin de parler du trésor unique qui
fait de la tour le plus fantastique des musiciens,
de son carillon aux 45 cloches, orchestre d’une
sonorité incomparable sous le doigté délicat et
sûr de l’étrange génie qu’est Jef Denyn ?
Or, il lui manque, à ce colosse de granit, pour
compléter son effet prestigieux, une flèche de
70 mètres. Il acquerrait ainsi la hauteur de
167 mètres sans la croix, dépassant de 7 mètres
la cathédrale d’Ulm, le plus élevé des monu-
ments de pierre, et de 21 mètres la pyramide
de Khéops.
Le monument se distingue par son imposante
concordance, ses dimensions admirables, son
ordonnation savante et surtout par la progres-
sion décroissante de la charge proportionnelle-
ment à son élancement. A ces principes prédo-
minants de toute bonne production gothique, il
faut ajouter la solidité et la force dans la
grâce et la souplesse.
Et le chef-d’œuvre ainsi bâti s’entoure, en
outre, entre ses arêtes et ses grandes lignes,
d’un hallucinant manteau de demi-teintes, effet
troublant aux variations infinies, où se révèle
dans toute sa perfection et sa puissance l’idéal
architectural.
Ces qualités, qui mettent la tour de Malines
au premier rang des monuments du monde, se
retrouvent avec une étonnante précision dans le
plan de la flèche dont l’adhérence avec le torse
est parfaite.
En septembre dernier, au Congrès de Malines,
M. le chanoine Thiéry, de Louvain, autre par-
tisan non moins convaincu dans la réussite du
projet, s’est étendu longuement sur la nécessité
de poursuivre et de mener à bonne fin cette
œuvre foncièrement nationale. C’est à son initia-
tive et à son intervention que l’on doit la ma-
quette de la tour actuellement exposée dans le
déambulatoire de la métropole de Malines. Cette
réduction, exécutée à l’échelle d’un centième,
est du métier d’un artiste bruxellois, M. Cyrille
De Maertelaere, qui, avec un réel souci de
vérité, a reproduit tous les détails du plan afin
d’initier les profanes, d’éveiller les esprits et
d’ouvrir les cœurs à la compréhension de
l’œuvre qui prend un caractère d’intérêt général
et rencontre une approbation unanime.
Plusieurs membres du gouvernement, pres-
sentis au sujet de l’accueil que réserverait l’Etat
à l’achèvement de la tour, ont bien voulu assu-
rer qu’en présence du caractère national de l’en-
treprise, le gouvernement se devait à l’inter-
vention pécuniaire non pas seulement pour la
construction de la flèche, mais encore pour les
restaurations qui restent à apporter à l’édifice.
Mais déjà la question soulève l’intérêt général
et prend une allure nettement patriotique. M. le
chanoine van Caster a bien voulu nous donner
son avis et nous confiait, hier encore, que le
projet d’une loterie nationale, telle qu’il en fut
organisé en Allemagne en faveur des cathédrales
de Cologne et d’Ulm, moyen assuré de se pro-
curer les fonds nécessaires, rencontrait des par-
tisans nombreux dans le pays.
« J’ai confiance dans l’avenir, ajoutait avec
un geste plein de profonde conviction l’éminent
savant, car en présence de l’enthousiasme qui
accueille partout le projet, il ne m’est plus pos-
sible de douter encore de la réalisation du rêve
que je caresse depuis plus de cinquante ans.»
Quant au devis estimatif des travaux, néces-
sairement établi sur des bases approximatives,
M. le chanoine van Caster le fixe à environ
un million cinq cent mille francs. Cependant,
en raison des moyens de transport et surtout
en considérant les facilités actuelles de con-
struction et principalement l’élévation des ma-
tériaux à l’aide de grues mécaniques, il faut, de
l’avis de M. l’architecte Arthur Verhaegen, de
Gand, réduire sensiblement ce chiffre.
La maquette de la tour achevée sera donc
bientôt exposée à Bruxelles. Chacun pourra l’y
admirer, et celui qui n’a pu contempler encore
la silhouette du munster malinois dans les oppo-
sitions les plus saisissantes de l’équilibre go-
thique pourra se faire une idée adéquate de
ce que sera dans son élégante harmonie et ses
proportions idéales le monument terminé.
Bientôt sans doute, étonné et ravi, l’étranger,
excursionniste ou artiste, visitant l’antique rési-
dence des archevêques, pourra voir, se dressant
au-dessus des pignons aux fines découpures
des maisons proches, les lignes surprenantes de
Saint-Rombaut achevé et suivre sur le ciel son
aiguille ajourée — poème immobilisé dans la
pierre, — profilant ses galeries, ses entrelace-
ments capricieux, ses clochetons fleuronnés, s’ef-
filant, dans un geste hiératique, comme pour
porter à de vertigineuses altitudes l’expression
d’une inconcevable témérité.
M. Roussel.