Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

L’EXPOSITION DE BRUXELLES 349 LE COMITÉ EXÉCUTIF DE L’EXPOSITION EST REÇU PAR LE ROI Une délégation du Comité exécutif, composée de son président, le baron Léon Janssen, de ses deux vice-présidents, MM. Dupret et Lemon- nier, ainsi que de ses deux directeurs généraux, MM. Eugène Keym et le comte Adrien van der Burch, a été reçue en audience par S. M. le Roi le mercredi 19 janvier dernier. Ces messieurs ont été intro- duits auprès du Souverain par le lieutenant Cattoir, officier d’ordonnance. Le Roi, qui connaissait per- sonnellement les délégués, leur a serré la main, puis le baron Janssen a pris la parole en ces termes : « Sire, » La nation belge a salué l’avènement de son nouveau Roi avec un profond bonheur, né du respectueux attachement et de la patriotique affection dont le prince Albert de Bel- gique avait su pénétrer le cœur des Belges. » Et, comme le navigateur fonde sa confiance et sa sécu- rité sur la vigilance, la valeur, la clairvoyance du pilote qui guide la nef, ainsi le peuple belge a l’âme en repos et le cœur tranquille en face de l’ave- nir où le mènent les mains aimées qui tiennent ses des- tinées. » Maintes fois déjà cette pensée a dû être exprimée à Votre Majesté et, sans doute, dans une forme plus digne du Roi. » Elle ne pourrait l’être, Sire, avec plus de sincérité, plus dé fervent loyalisme qu’elle ne l’est par ma voix — fidèle écho des sentiments du Comité exécutif de l’Exposition qui va s’ouvrir à Bruxelles, — sentiments dont nous demandons au Roi la per- mission de mettre aux pieds de Sa Majesté et de notre gra- cieuse Souveraine, la respec- tueuse mais chaleureuse expres- sion. » Le Comité de l’Exposition a vu avec une profonde reconnaissance Votre Majesté daigner agréer le haut patronage à l’œuvré nationale à laquelle le comité s’est dévoué. » S.M. le Roi Léopold II, le souverain illustre dont, Belges, nous gardons avec fierté le sou- venir, avait bien voulu nous marquer le même intérêt, soucieux toujours de ce qui doit faire la Belgique plus grande. » La hauteur de vues, l’indomptable énergie, l’inlassable persévérance étaient l’apanage de son génie, qui a fait de notre pays la nation qu’elle est et lui a conquis dans le concert des peuples, une place qui ne se mesure plus à l’exi- guïté de ses frontières. » D’immenses territoires coloniaux que Votre Majesté, pour les connaître de science person- nelle, est mieux à même que quiconque d’ap- précier, sont nôtres aujourd’hui. » Si notre patrie en doit largement profiter, il faut aussi, dans une sphère plus élevée, dans Le Roi Albert. le haut domaine de l’Humanité, rendre grâces à l’action persistante, qui a ouvert à l’activité et à l’industrie des vieux continents, d’immenses contrées dont le mystère cachait des millions d’hommes, désormais en contact avec la civili- sation. » Il a fallu le recul des temps pour auréoler de gloire le nom de Christophe Colomb. »Dans les fastes de l’histoire le Roi Léopold II marquera parmi les grandes figures de la Royauté. » De leur côté, S. A. R. Mgr le comte de Flandre, l’auguste et regretté père de Votre Majesté, n’a cessé et S. A. R. Mme la comtesse de Flandre ne cesse d’encourager le mouvement intellectuel et artistique national et de pousser à son développement. » Cette action clairvoyante et sage, procède d’une haute compréhension de ce que la culture de l’esprit exerce d’influence moralisatrice, de ce qu’elle est bienfaisante et de ce qu’inesti- mable en est le prix, dans l’en- semble harmonique des forces du pays. » Toutes les grandes périodes de l’histoire des nations sont marquées par une efflorescence des arts et des lettres. » A côté du Roi, la plus gra- cieuse des souveraines nous ap- porte tous les charmes de Sa bonté intelligente — cette bonté qui est, avec la justice, parmi les plus nobles fleurons des couronnes. Elle nous apporte encore tous les charmes de Ses hautes qualités d’âme et de cœur, qualités qui captivent les plus grands, — qualités aussi qui vont aux plus humbles, les consolent, les réconfortent et les ramènent I » Et enfin, autour du trône, des enfants blonds et roses, nos princes, promesses de l’avenir, réjouissent nos cœurs et nos esprits. » C’est dans une telle am- biance, doté de ces privilèges rares, sous ces auspices glo- rieux ou charmeurs que nous apparaît, admirablement prêt à perpétuer, à enrichir ce mer- veilleux ensemble, notre Roi, vers qui montent nos homma- ges et vont nos espérances. » C’est, dire avec quelle quié- tude d’âme, Sire, la nation mar- chera vers ses destinées sous l’égide de Votre Majesté. Et c’est exprimer aussi quel prix attache l’Exposition universelle de Bruxelles au patronage que Votre Majesté a daigné lui accorder ! » La multiplicité des besoins, la facilité des échanges et des moyens de communication ren- dent de plus en plus impérieuse la nécessité du coude à coude des peuples. » Et ce n’est pas le moindre des biens des expositions internationales : elles permettent d’entrevoir une ère bénie où les rivalités ne seraient plus que les rivalités bienfaisantes de la Paix, où les luttes ne seraient plus que les luttes glorieuses du travail. » Dans les assises internationales qui vont s’ouvrir — où nombre de grandes nations sont pour la première fois officiellement représen- tées, — la Belgique va trouver une occasion nouvelle de s’affirmer, d’étendre et de resserrer ses relations extérieures. » Les Belges savent combien leur Roi s’est créé d’amitiés personnelles parmi les souverains