Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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dernes y étaient regardées comme suspectes.
Aussi Joseph II, qui voulait faire régner dans
son empire les principes de l’Encyclopédie et
n’hésitait pas à imposer la liberté d’esprit, fût-ce
par la plus rigoureuse tyrannie légale, tenta-t-il
de la mettre sous la main de l’Etat.Il la trans-
féra à Bruxelles. La Révolution brabançonne,
qui détruisit systématiquement toute l’œuvre de
Joseph II, rendit à Louvain son université ca-
tholique et médiévale, mais décidément les temps
étaient changés. La bataille de Jemappes mit
en fuite les professeurs de théologie comme les
évêques et le Directoire supprima définitivement
la vénérable et caduque fondation de Jean IV.
Napoléon ayant fait entrer la Belgique dans
le système de l’Université impériale, ouvrit à
Bruxelles une faculté de Droit, à laquelle il
adjoignit en 1810 une faculté des Sciences.
Tout cela disparut après Waterloo.
Le régime hollandais se montra plein de zèle
pour l’enseignement supérieur et il fonda, à
Gand et à Liège, des universités complètes.
Après la Révolution de 1830, ces deux grandes
écoles survécurent, mais le nouveau gouverne-
ment avait à se débattre contre des difficultés
trop importantes pour songer à s’occuper sé-
rieusement de l’enseignement public et surtout
de l’enseignement supérieur. Dans le désordre
inévitable qui suivit la Révolution, les deux
Universités de l’Etat périclitèrent et furent
même privées de plusieurs facultés. Cependant,
les hommes qui avaient fait la Révolution de
1830 s’étaient rendu compte dès l’abord de la
nécessité de développer le plus tôt possible l’ins-
truction publique et, dès 1831, un projet de loi
était déposé, qui créait une Université d’Etat
unique et dont les quatre facultés auraient été
disséminées dans le pays. Ce projet fut soumis
à une commission, qui l’amenda dans ce sens
que les quatre facultés seraient réunies dans la
même ville. Etant donné le particularisme na-
tional, il n’en fallait pas davantage pour faire
échouer la combinaison.
Deux ans après, une nouvelle commission fut
nommée, sous la présidence de M. de Gerlache,
premier président de la Cour de cassation, et
elle élabora un projet dont, après bien des vicis-
situdes, est sortie l’organisation actuelle de l’en-
seignement supérieur de l’Etat. C’est en 1835
que fut promulguée la loi qui créait deux uni-
versités officielles, l’une à Gand, l’autre à
Liége. Certes, ces deux grandes écoles eussent
amplement suffi à fournir la Belgique d’alors
d’avocats, de médecins et de professeurs ; mais,
parmi les libertés inscrites dans la charte con-
stitutionnelle, une des plus précieuses aux yeux
des Belges était la liberté d’enseignement, et il
était inévitable que les partis en profitassent
pour chercher à former la jeunesse intellec-
tuelle selon leur idéal particulier. Heureuse di-
versité par quoi s’atteste l’intensité de la vie
mentale dans un pays. L’union des catholiques
et des libéraux, qui avait fait la Révolution de
1 830, durait encore, mais on sentait la scission
prochaine, et chacun des deux partis craignait
obscurément que l’adversaire, en s’emparant du
pouvoir, ne fasse les grandes écoles officielles
à son image exclusive. Ce sont les catholiques
qui s’organisèrent d’abord. Forts de l’appui du
pape Grégoire XVI, l’épiscopat belge fonda à
Malines une université catholique, qui fut peu
après transférée à Louvain, où elle devait bé-
néficier des souvenirs et de certains locaux de la
vieille université brabançonne. « Sur notre dra-
peau, disait le premier recteur magnifique, Mgr
de Ram, est inscrit le nom d’Université catho-
lique. Jamais la moindre tache ne doit souiller
la sainteté de ce nom. Il faut que, constituée
sous cette illustre bannière, nous considérions
comme un devoir de lutter de toutes nos forces
pour défendre la religion, maintenir les saintes
doctrines, dévoiler les hérésies et les erreurs, et
résister aux novateurs ; catholiques, nous devons
accueillir toutes les doctrines émanant du Saint-
Siège et répudier de toute notre âme les doc-
Université de Louvain. — Institut de Bactériologie.
trines contraires. » La réponse du parti libéral
ne se fit pas attendre. Avant même que le
projet des évêques eut été réalisé, M. Théodore
Verhaegen avait songé à fonder une université
indépendante de toute attache officielle ou
dogmatique. Il exposa son projet à la loge des
Amis philanthropes, à Bruxelles, et on lui fit
le meilleur accueil. Une première souscription
réunit la somme de 45,000 francs. De son côté,
la Régence de Bruxelles, comme on disait alors,
et que présidait le bourgmestre Rouppe, mit à
la disposition des fondateurs de la jeune univer-
sité les locaux du Musée et leur accorda un
subside de 30,000 francs. Le corps profes-
soral fut bien réuni un peu à la hâte, mais il
comprenait déjà cependant des hommes émi-
nents, choisis dans le pays et à l'étranger:
Ahrens, le disciple aimé de Krause, dont la phi-
losophie généreuse et nuageuse animait alors le
libéralisme allemand ; Altmeyer, van Meenen,
de Roubaix, Lelewel, de Brouckere, Graux, et
l’université un peu improvisée de Verhaegen
put s’ouvrir par une cérémonie inaugurale assez
imposante. Elle eut lieu le 20 novembre 1834,
dans la salle de l’Hôtel de Ville.
« Les sciences purement humaines, sous peine
d’être imparfaites et tronquées, dit au cours de
cette cérémonie le professeur Baron, doivent
rester entièrement en dehors du catholicisme.»
Et cinquante ans plus tard, M. Léon Vander-
kindere, formulant la doctrine fondamentale de
l’Université de Bruxelles, ajoutait : « Il faut un
asile à la science, à la science pure, à la science
libre, à la science qui ne relève que d’elle-
même, qui n’accepte de mot d’ordre de per-
sonne, qui ne poursuit qu’une chose, la vérité,
la certitude. L’Université de Bruxelles n’est donc
pas une université de parti. Si les libéraux l’ont
fondée, c’est qu’ils voulaient garantir à jamais
les droits de la libre recherche. L’Université
n’est pas davantage une école d’irréligion ou
d’athéisme, elle n’a point de dogme, et la néga-
tion systématique lui est aussi étrangère que
l’affirmation aveugle et complaisante. Mais avant
tout, elle proclame l’indépendance du penseur,
elle défend les droits de la raison. »
Obéissant donc à deux principes opposés,
l’Université de Louvain et l’Université de Bru-
xelles se sont développées parallèlement, accen-
tuant, précisant, formulant le dualisme politique
de la nation et mettant dans notre culture intel-
lectuelle un principe de contradiction, qui ne
peut être que fécond si cette contradiction par-
vient à s’équilibrer. La force des choses, le bon
sens national ont fini par établir cet équilibre
et par substituer au régime du jury central
d’Etat, le régime actuel, qui fait confiance
aux universités régulièrement constituées et leur
abandonne complètement la collation des grades
académiques. Depuis lors, les deux universités
rivales n’ont cessé de progresser. L’Université
de Louvain s’est adjoint un institut philologique,
une école orientale, une école d’ingénieurs agri-
coles, un institut anatomique, un institut de phi-
losophie thomiste qui a conquis dans le monde
catholique une réputation universelle.
A Bruxelles, c’est aussi vers l’organisation
d’un sérieux enseignement expérimental que ten-
dent la plupart des mesures édictées par le
conseil d’administration : une plus grande exten-
sion est donnée aux collections universitaires ;
des laboratoires nouveaux sont créés, notamment
pour l’anatomie, la chimie, la micrographie, la
botanique, tandis que, sous l’impulsion de spé-
cialistes distingués, les cliniques prennent un
développement considérable. De cette époque
datent aussi l’érection d'une nouvelle école de
pharmacie, la création d’une école de sciences
sociales et la fondation des instituts Solvay.
Pour terminer, quelques chiffres mettront du
reste merveilleusement en lumière la prospérité
toujours croissante des Universités de Bruxelles
et de Louvain. La première, qui comptait 34
professeurs et 250 étudiants en 1835, avait
88 professeurs et 1,054 étudiants en 1905. La
seconde, qui avait 28 professeurs et 261 étu-
diants en 1835, comptait 97 professeurs et
2,148 (étudiants en 1905.
Pour terminer cette revue des grands établis-
sements libres d’enseignement supérieur, il faut
signaler encore l’Université nouvelle de Bru-
xelles. C’est une émanation de l’Université libre.
Une institution d’enseignement basée sur le libre
examen est forcément exposée à des troubles
intérieurs, chacun entendant le libre examen à sa