Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
Chavannes remit en honneur au XIXe siècle, a
été cultivée en Belgique par des artistes de
valeur.
M. Fabry, artiste au noble idéal, est l’auteur
de peintures appréciées. Ses sujets sont idéa-
listes. Son exécution, dans les tons roux et jau-
nâtres, s’adapte heureusement au genre même
qu’il cultive. Un peu d’emphase ne le dépare
pas et lui attribue une splendeur.
M. Constantin Montald, né à Gand en 1862,
a peint de grandes fresques décoratives qui
provoquent, à juste titre, une sincère admira-
tion. On se souvient encore de l’intérêt qu’excita
sa toile Sacra sub arbore, au Salon du Prin-
temps de 1908. Certes, on percevait dans cette
composition le souvenir de Puvis de Chavannes,
mais l’influence du maître s’alliait bien à la
virtuosité du disciple. C’était là la véritable
fresque, aux personnages artistement groupés,
aux belles formes harmoniques, aux justes pro-
portions. Le peintre avait rehaussé d’or les vi-
brantes couleurs mauves ou bleues dont il sait
faire un usage des plus heureux.
M. Ciamberlani est également l’auteur de
grandes fresques décoratives justement appré-
ciées. Les Femmes, couchées sur le bord de
l’Océan en des attitudes diverses qui symbolisent
toutes les phases de la passion, de la tendresse
ou de la douleur, sujet brillant où se perçoit
une influence baudelairienne, synthétisent heu-
reusement sa manière.
Enfin, un jeune artiste, M. Maurice Langas-
kens, marche avec sûreté dans la voie que lui
ont tracée ses devanciers. Ses panneaux déco-
ratifs, où s'affirment une belle idéalisation et le
sens de la couleur, ont été remarqués aux der-
niers salons.
Nous nous sommes imposé de ne parler ici
que de la peinture. Cependant, nous ne pouvons
terminer ces brèves études sans citer tout au
moins, dans les genres qui s’apparient à elle de
si près, au point que nombre d’artistes les ont
cultivés de concert, des noms depuis longtemps
consacrés. C’est dans l’aquarelle Cassiers, l’évo-
cateur pittoresque des cités hollandaises ; l'ai-
mable paysagiste Hermanus, l’élégant et soyeux
Maurice Hagemans, Henry Stacquet, Victor
Uytterschaut ; dans le dessin ou le pastel, Fer-
nand Khnopff, artiste de noble inspiration, héri-
tier très personnel des traditions du préraphaëli-
tisme anglais, le délicieux fantaisiste Amédée
Lynen, évocateur d’Yperdamme et des kermesses
bariolées, le notateur des mœurs wallonnes
Armand Rassenfosse, les graveurs et aquafor-
tistes Auguste Danse, Mme Louise Danse, M.
Marc-Henry Meunier, etc.
*
* *
La peinture belge, héritière de l’art flamand,
a parcouru une carrière glorieuse. Les critiques
les plus célèbres l’ont reconnu: Burger en
France ; Springer, Lubke, Richard Muther en
Allemagne, pour ne citer que les plus univer-
sellement connus.
Partagée au début du XIXe siècle, c’est-à-dire
dès sa naissance, entre deux courants distincts,
celui de l’ancienne tradition flamande dont Van
Brée était le défenseur, celui de l’inspiration
française, dont Navez était le représentant, elle
retrouva avec De Keyser le secret des coloris
vibrants, avec Gallait celui de la composition
savante. Elle fut observatrice et gracieuse avec
Madou, tendre et douloureuse avec Charles De
Groux, pittoresque et grave avec Leys. Coose-
mans, Boulenger, les peintres de l’école de
Tervueren la firent communier avec la nature
ardente. Un Claus saisit la lumière vibrante et
la fi xa sur ses toiles. Un Gilsoul exprima l’âme
mélancolique et rêveuse de la campagne fla-
mande. Un Courtens dévoila le secret de la
forêt mystérieuse et profonde.
Pareil à un chêne vigoureux, notre art pro-
jeta ses branches dans tous les sens, et certaines,
s’écartant du tronc, semblèrent les rameaux d’un
autre arbre. C’est Wiertz, le romantique aux
emphatiques inspirations. C’est Alfred Stevens,
artiste précieux et délicat. C’est Félicien Rops,
l’interprète des baudelairiennes névroses.
Avec les idéalistes de la fin du XIXe siècle,
l’art belge se compléta encore d’une parure de
poésie et de noblesse. Un Fernand Khnopff, un
Delville, un Fabry et un Montald sont les repré-
sentants d’une intellectualité rare et précieuse.
Leur œuvre était nécessaire pour élargir les
horizons, pour donner à notre art sa complexité
dans son unité.
Et cependant, si puissante qu’ait été sa car-
rière, si vigoureux qu’ait été son génie, la pein-
ture belge n’a dirigé aucun des grands courants
de l’art. Elle s’est assimilé les idées nouvelles
et ne les a pas imitées, elle les a assouplies à sa
personnalité, mais elle n’en a créé aucune. Elle
a suivi au début du XIXe siècle les théories de
David, d’Ingres et des romantiques. Plus tard,
elle a, à la suite des peintres français de l’école
Eue. Laermans. — Les meules en Campine.