ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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418 L’EXPOSITION DE BRUXELLES rieux château. Mais sous le charme du décor, on ne distingue rien de semblable. C’est bien le coin d’une de ces cités tragiques où des riva- lités de famille ensanglantaient les rues. Au soir tombant, le site est vraiment romantique, et il faut tâter les murs de staff pour s’apercevoir que ce n’est là qu’un illusoire décor. Mais tout à coup la ruelle obscure s’élargit et s’éclaircit. On arrive sur une petite place, et l’impression change du tout au tout. Ici plus rien de tragique, plus rien de mystérieux. On ne songe plus à Everard T’Serclaes surprenant la garnison flamande, mais à un joyeux dimanche bruxellois d’il y a cent ans. Des maisons de toutes les époques se coudoient fraternellement, comme de bonnes personnes d’âge différent, mais qui ont pris l’habitude de vivre ensemble : maisons de pierre grise, maisons de briques rouges, maisons de crépit blanc, rose ou jaune, comme on en voit dans nos vieilles villes fla- mandes. Et voici que, s’ouvrant à côté d’une de ces demeures à tourelles que l’on appelle invariablement en Flandre het casteeltje le petit château, — apparaissent les colonnes du marché. Ce marché, avec ses galeries couvertes, est une petite merveille d’architecture fantaisiste. Ce n’est la reproduction d’aucune place célèbre, et l’architecte n’a nullement cherche à faire œuvre d’archéologue : il s’est laissé aller a sa fantaisie de décorateur ingénieux, il s’est vague- ment souvenu d’une maison de Bruges, d’une maison d’Ypres, d’un coin du vieux Bruxelles, du Bruxelles disparu, et il a composé quelque chose de charmant, de gai, d’intime, où les petites boutiques des commerçants et des caba- retiers mettront de la vie. Ce marché, c’est, si vous voulez, le cœur de la ville. Mais que d’autres petites places, que de coins, que de carrefours 1 La merveille de ce plan, c’est qu’on s’y perd comme en un labyrinthe. Au fond, ce n’est pas très grand, le quartier de Bruxelles-Kermesse, et cela fait l’effet d’être énorme, et la Senne qui serpente, disparaît, réapparaît au travers des places et des ruelles, ajoute encore à cette im- pression d’étendue. Et l’un des charmes du quartier, ce qui achève de créer l’illusion né- cessaire, c’est que l’architecte est arrivé à con- server les arbres qui se trouvaient autrefois dans ce coin de terrain, et notamment dans le jardin de la villa Capouillet, qui est englobé dans Bruxelles-Kermesse. Au détour de chaque ruelle, on voit poindre un vieil orme ; les branches d’un peuplier caressent un toit moussu. Voici au fond d’une cour terminée par un petit mur, un parc entrevu. Le petit mur, c’est la clôture de l’Expo- sition ; le parc entrevu, c’est un jardin voisin. Qu’importe, l’illusion y est. Le fait est que l’illusion est partout merveil- leusement obtenue. Il y a partout d’amusants détails, une Vierge costumée dans sa chapelle, une enseigne qui grimace -au-dessus d’une porte, un meneau sculpté, une porte surmontée d’un de ces frontons absurdes et charmants comme les aimaient les bourgeois flamands du XVIIe siècle. En vérité, on pourrait se promener huit jours dans le quartier, et y faire sans cesse des dé- couvertes nouvelles. Mais en cheminant, le nez en l’air, comme il convient au touriste qui visite une ville à pignons, nous voici arrivé aux confins du vieux quartier. C’est un quai, un quai qui borde un bassin, et qui fait songer à un de ces petits Torts où les jeunes Robinsons d’il y a cent ans rêvaient de s’embarquer à la conquête des Iles bienheureuses. Tout au fond, un diorama ferme la vue et prolonge ce rêve hors du siècle. 11 forme l’autre rive du bassin qui semble avoir été délaissé par les allèges et les navires. En réalité, c’est le bassin du water-chute, une des attrac- tions principales de la plaine des jeux qui est jointe à Bruxelles-Kermesse, et qui occupe tous les jardins de la villa Capouillet. Que voulez- BRUXELLES-KERMESSE. — LE MARCHÉ. vous ? Il n’est vieille ville si retirée qui n’ait aujourd’hui son cinématographe. Pourquoi Bru- xelles-Kermesse n'aurait-il pas son water-chute, son scenic-railway, son théâtre électrique, son hippodrome, voire une ménagerie, celle de Bostock ? Et puis, si Bruxelles-Kermesse est fait pour nous évoquer la vie d’autrefois, on n y doit point trouver, n’est-ce pas ? la mélancolie des choses mortes ; on ne vient pas à une exposition universelle pour s’exalter l’imagination selon les formules romantiques. On y a donc évoqué le passé, mais le passé gai, le passé riant, le passé des vieilles chansons, des cramignons, des kermesses. Dans ces jolies ruelles qui font songer à Bruges, à Ypres, à Nieuport bien plus qu’à Bruxelles, vous pensez bien qu’on ne ren- contrera pas de béguines, mais d’accortes marchandes, de souriantes cabaretières, de joyeux aubergistes. Nous sommes dans une vieille ville, mais dans une ville en fête, dans une ville où l’on boit, ou 1 on mange, ou l’on danse, dans une ville qui fait fête à ses hôtes. De ceux-ci, les uns dînent chez le bour- geois ou à l’auberge, les autres dînent au château. Ce château, c’est le somptueux restaurant du Chien-Vert, dont les vastes salons pourront rece- voir d’innombrables convives, et dont la terrasse, dominant le bois, sera certainement un des succès de l'Exposition. Figurez-vous le quartier éclairé, non seulement par le phare électrique qui, du haut de la tour du Chien-Vert, jettera sur tous les jardins de l’Exposition le rayonne- ment de ses 45,000 bougies, mais encore, par l’illumination de toutes les façades, par les lumières des magasins et des cafés, égayé par la musique de ses orchestres, par le va-et-vient de ses marchands et de ses visiteurs. Songez aux mille distractions qu’on y trouvera: guignols, cinématographes, théâtre de polichinelles, cafés chantants, cabarets pittoresques, chanteurs de rues, la retraite, la fameuse retraite qui chaque soir, en 1897, entraîna la foule joyeuse, et vous comprendrez que ce sera nécessairement là sur- tout que se concentrera la vie de l’Exposition, quand, le soir venu, les halls seront fermés. Le quartier alors, représentera vraiment Bruxelles en Kermesse. La difficulté, dans des créations de ce genre, c’est de contenter, à la fois, les goûts d’art ou d’histoire de certain public et l'amour du plaisir d’un autre public. Si l’on se contente d’évoquer savamment le passé, au moyen de brillantes reconstitutions architecturales, bons devoirs d’école, on intéresse les gens cultivés, les gens qui ont le goût de l’histoire, mais on ennuie les autres, et les autres, c’est le grand nombre. Si l’on exagère l’aspect kermesse, on écarte ce public cultivé qui, s’il est peu nombreux, est très influent, parce que c’est lui qui donne des idées et des goûts à l’autre. Il y a là une mesure très délicate à observer. Le Comité de Bruxelles-Kermesse s'en est très bien rendu compte, et il a très heureusement résolu le pro- blème: les architectes, MM. Barbier et Van Ophem, ont dessiné d’exquises façades, mais ils se sont très bien rendus compte qu’il valait beaucoup mieux s’abandonner à leur fantaisie, à leur sentiment du pittoresque, que chercher à faire de l’archéologie. Leur ville ne reproduit exactement aucun coin du vieux Bruxelles ; mais elle évoque tout le vieux Bruxelles, tel que nous l’imaginons à la lecture des souvenirs de Joë Dierickx de ten Hamme, ou du joli roman que vient de publier M. Carton de Wiart, un vieux Bruxelles cordial et joyeux, un vieux Bruxelles où l’on regrette de ne plus vivre. L. Dumont-Wilden.