Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1
Forfatter: E. Rossel
År: 1910
Sted: Bruxelles
Sider: 452
UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel
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L’EXPOSITION DE BRUXELLES
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spéciaux, tels que coups de marteau, limes
râpant le fer, scies mordant le bois, jurons de
contremaîtres ou sifflets de moteurs.
Si nous insistons sur ce point, c’est que la
vieille charge de Jérôme Paturot est encore prise
au sérieux. On se souvient de ce compositeur
qui se vantait de tout exprimer par la musique,
qui commandait un plat du jour au restaurant
en jouant un leit-motif sur une clarinette. Et
le garçon ne s’y trompait pas. Il apportait
vraiment le fricandeau désigné.
Mais revenons à notre sujet. La forme, ou
plutôt l’architecture musicale de la symphonie
inaugurale pourrait être ainsi exposée :
i° Introduction. Ré majeur surtout dominante,
4/4 assez lent ;
20 Petite marche. Ré majeur 4/4, 12/8 mo-
déré ;
3° Intermède. Sol majeur 9/8 un peu plus
mouvementé ;
4° Danses. Si majeur, 2/4, 6/8, 3/4 (3/4 et
6/8 combinés), vif, très vif ;
5° Marche. Sol majeur, do, ré bémol, etc...,
si bémol majeur (4/4 et 12/8), modéré ;
6° Danses. Ré majeur et modulations diverses :
a) Polka 2/4 très modéré ; b) Trio (vivo), sol
majeur (6/8) vif ; c) Ländler 3/4 assez animé ;
Péroraison (3/4).
Lorsque cette œuvre remarquable sera exécu-
tée, au milieu de la cérémonie officielle, dont elle
interrompra la froideur, elle apparaîtra comme
l’hymne inspirée saluant l’apothéose de l’Expo-
sition. Il est bon, il est juste, que dans toutes
les ' manifestations de notre vie industrielle et
sociale, l’art fasse entendre sa voix, puisque lui
seul chante, élève et magnifie.
LE SALON DE LA LIBRE ESTHÉTIQUE
Montrer l’évolution du paysage pendant la
moitié du XIXe siècle comme l’a fait M. Octave
Maus, l’intelligent organisateur du Salon de la
Libre Esthétique, c’est retracer toute l’histoire
de la peinture durant cette période. Peindre la
nature sous ses plus réels aspects est devenu la
préoccupation de tous les artistes. Ils aiment à
s’approcher d’elle comme d’une source de vie
où ils puiseront à longs traits la boisson régé-
nératrice.
Et cela est si vrai que c’est dans le paysage
que se produisent toutes les réformes, c’est à
cause de lui que naissent l’impressionnisme et
le luminisme. C’est lui qui vivifie l’art que les
romantiques semblaient avoir épuisé à force de
grandiloquence et d’emphase. Dès que sa régé-
CLAUDE MONET. — LES DINDONS.
nération se fait sentir, les autres genres parais-
sent secondaires à côté de lui. C’est comme une
terre conquise après des siècles d’efforts, un
mode d’expression nouveau subitement révélé.
Diderot, dont le nom s’évoque toujours lors-
qu’on parle d’art, avait écrit au XVIIIe siècle
ces lignes si vivantes, que nous ne pouvons nous
empêcher de citer, parce qu’elles formulent avec
une si grande précision la réforme qu’allait
réaliser, un siècle et demi plus tard, les peintres
de l’école de Fontainebleau :
« Ne quitte ton atelier, écrivait-il à un jeune
peintre, que pour aller consulter la nature. Va
voir le soleil se lever et se coucher, le ciel se
colorer de nuages. Promène-toi dans la prairie,
autour des troupeaux. Vois les herbes brillantes
des gouttes de la rosée. Vois les vapeurs se
former sur le soir, s’étendre sur la plaine et te
dérober peu à peu la cime des montagnes...
Devance le retour du soleil. Vois son disque
obscurci, les limites de son orbe effacées, et
toute la masse de ses rayons perdue, dissipée,
étouffée dans l’immense et profond brouillard
qui n’en reçoit qu’une teinte faible et rougeâtre...
Tandis que tu t’occupes, pendant les heures
brûlantes du jour, à peindre la fraîcheur des
heures du matin, le ciel te prépare de nouveaux
phénomènes. La lumière s’affaiblit ; les nuages
s’émeuvent, se séparent, s’assemblent, et l’orage
s’apprête. Va voir l’orage se former, éclater et
finir ; et que dans deux ans d'ici, je retrouve au
salon les arbres qu’il aura brisés, les torrents
qu’il aura grossis, tout le spectacle de son
ravage ; et que, mon ami et moi, l’un contre
l’autre appuyés, les yeux attachés sur ton ou-
vrage, nous en soyons encore effrayés.»
Il ne fallut pas deux ans, mais bien cent
cinquante ans environ avant que fut suivi le
conseil adressé par Diderot au peintre Lauthen-
bourg. Les artistes de l’école de Fontainebleau
en France, ceux de l’école de Tervueren en
Belgique écoutèrent cette parole éloquente.
En relisant aujourd’hui ces lignes on est frappé
de l’accent de vérité qu’elles contiennent, et
l’esprit évoque presque aussitôt un de ces
tableaux des maîtres de 1860 qu’on admire sans
réserve au Salon de la Libre Esthétique, une
toile d’Hippolyte Boulenger ou de Louis Dubois.
Leur sensibilité s’était aiguisée devant le spec-
tacle des beautés de la nature jusqu’à nous
communiquer cette émotion dont parle l’auteur
des Salons. C’est cet effroi que nous ressentons
devant l’approche de la tempête. C’est cette
douceur si intense que nous éprouvons devant
la campagne aux vastes et harmonieux hori-
zons ; c’est cette mélancolie délicieuse qui nous
pénètre devant ces crépuscules dolents qui lente-
ment enveloppent le paysage de leurs ombres
rougeâtres.
Et, dans cet ordre d’idées, nous devons a 1 or-
ganisateur du Salon de la Libre Esthétique le
grand plaisir de pouvoir apprécier certains de
ces paysagistes si profondément émotifs dont le
Musée de Bruxelles, par exemple, ne possède
que des œuvres ou secondaires ou trop peu
nombreuses. Hippolyte Boulenger se révèle au
Salon dans toute sa gloire. L’Approche de
l’orage, une toile de premier ordre, appartenant
à M. Van der Straeten-Solvay, caractérise puis-
samment cet artiste. Pour produire cette profonde
impression, l’artiste n’a employé que des moyens
très simples de composition. A gauche, un bou-
quet d’arbres très verts. C’est l’Arbre, tout sim-
plement,. si vous le voulez bien. Au premier
CEE