ForsideBøgerExposition Universelle In… De L'exposition, Vo.l 1

Exposition Universelle Internationale De Bruxelles 1910
Organe Officiel De L'exposition, Vo.l 1

Forfatter: E. Rossel

År: 1910

Sted: Bruxelles

Sider: 452

UDK: St.f. 061.4(100)Bryssel

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36 L’EXPOSITION DE BRUXELLES des gloires liégeoises. Grétry n’y est-il pas né? Nos plus grands virtuoses de ce temps, un Ysaye, un Thomson, un Marsick, notre meilleur poète, Vrindts, ne sont-ils pas originaires de « Jus d’là »? Des industries et des arts s’y sont localisés jus- qu’aujourd’hui, de même que d’autres ont, dans le cours des siècles, élu domicile dans le quartier Saint-Léonard et sur le versant de la colline que couronne la vieille citadelle, maintenant déman- telée. Plus au nord et au nord-ouest, ce sont les charbonnages, qui remplacent, avec les ressources et les procédés perfectionnés de la grande industrie, et aussi les inconvénients de l’exploitation capita- liste, les petites « paires » où des compagnons syn- Portail du Palais du Gouvernement provincial diqués extrayaient pour leur compte et à leurs risques la houille, qui est connue dès Albert de Cuyck et peut-être dèsT^poque romaine. Les charbonniers sont les ouvriers les plus nom- breux de la banlieuëfindùstrielle, puis viennent les usiniers de Seraing, de Herstal et des autres com- munes industrielles. Jadis, des trente-deux bons métiers, celui des armuriers était le plus recherché, le plus prospère et le plus notoire dans la contrée, et même bien au delà. Ils se massaient surtout dans l’île (Lulay des febenes, c’est-à-dire l’îlot des arti- sans), puis ils émigrèrent vers Saint-Léonard, où on les trouve encore en grand nombre. Déjà l’auteur d’un roman de la Rose, qu’il ne faut pas confondre avec celui de Jean de Meung, Guillaume de Dole, nous montre, à la fin du XIIe siècle, son héros envoyant des lettres à Liège, A un borjois qu’il aime tant Qui li sieult fere ses créances ; Si li mande que six-vint lances Li face paindre de ses armes Et trois escuz... (1945-49). Dans les siècles suivants, la notoriété des armu- riers liégeois ne connaît pas d’éclipse'; elle n’a d’égale que celle des mercenaires envoyés par la cité à tous les princes d’Europe. Pareils aux Bra- bançons, terreur de la Bourgogne, selon un pro- verbe français, ils portent le renom des lances, puis des armes à feu de leur patrie dans les armées étrangères; encore à la fin du XVIIIe siècle, Schiller fera dire à des reîtres allemands : « Respectez-le, c’est un Wallon. » (Camp de Wallenstein.') Mais il est temps de revenir au cœur de la cité. Quatre places, à peine séparées par deux bouts de rue, y attestent par leur proximité une grande acti- vité commerciale et la rencontre usuelle de gens de toutes les classes et de tous les métiers. L’une d’elles, la plus éloignée des boulevards, qui ne sont pas un ancien rempart Comme ailleurs, mais une conquête sur le fleuve, amputé du plus faible de ses bras, s’appelait jadis Place aux Chevaux; elle n’ofire aucun caractère; la suivante n’en a pas davantage; mais la troisième, qui est la plus vaste, se déploie là où s’élevait la cathédrale Saint-Lam- bert; le vieux palais des Princes-Évêques en borne un des côtés. Enfin la quatrième, qui a bien son original aspect, porte le palladium liégeois, le perron, dont les multiples attributs — la croix, la iuisbu. , , ,, . , pomme de pin, les degres de pierre et la stele — symbolisent les âges successifs de la vie publique de la cité. C’est aussi sur cette place que la Vio- lette (hôtel de ville) dresse sa jolie façade du XVIIIe siècle; car aucun monument civil de notre lointain passé n’a survécu à nos malheurs poli- tiques. Seules les églises furent épargnées par le Téméraire, et notre XIVe siècle, admirable d’énergie démocratique et que Mirabeau et Michelet citaient en exemple aux révolutionnaires de leur temps, n’a laisse cle traces que dans nos annales; la pierre n'est plushle témoin de sa grandeur, ni même de son déclin1. Tel est, en raccourci, le Liége du passé. Celui du présent s’est développé librement sur les deux rives de la Meuse, mais plus particulièrement en amont de la vieille ville. Des hameaux, tels qu’Avroy, avaient été englobés il y a longtemps dans l’enceinte de celle-ci. Plus tard, ce fut le tour de Fragnée, des Vennes, de Froidmont, du Laveu, transformés progressivement, de villages ou de faubourgs rustiques qu’ils étaient, en des quartiers de ville, industriels ou commerçants, où les habi- tations luxueuses ne sont pas rares, et où, à défaut de monuments historiques, l’Administration communale a multiplié les groupes scolaires, d’une sévérité et d’une monotonie bien officielles, mais peuplés à certains instants, comme d’im- menses volières, de pépiements et de battements d’ailes, où s’exhale la joie pétulante des petits Wallons. Car notre gaîté n’est pas celle de nos frères flamands; notre ivresse n’est pas la leur; nos fêtes appellent d’autres accompagnements; du Gaulois nous avons l’exubérance, les échappées gasconnes, la juvénilité éternelle du regard, du verbe et du geste; notre cordialité s’affirme plus extérieurement, notre abord ignore les timidités ou les raideurs; le Français, de passage à Liége, se demande, avec un mélange de plaisir et d’in- quiétude, s’il y eut jadis une colonisation aqui- taine dans les brumes de la Gaule belgique. Et le Liége de demain? Depuis l’Exposition universelle et internationale de igo5, qui fut un succès moral et financier, on peut l’entrevoir et en dessiner le plan. Là où s’étendaient les potagers et les derniers labours des riverains d’amont, des avenues sont tracées; un pont magnifique, qu’orne l’art de Rousseau, relie les unes aux autres et faci- lite les communications avec la banlieue indus- trielle d’une part (Angleur, Grivegnée, Chênée), de l’autre avec le plateau éminent de Cointe, déjà peuplé de villas et de retraites ombreuses. De Cointe part un boulevard qui rappelle la célèbre voie de circonvallation de Gênes et qui, de colline en colline, par des pentes ménagées, peut-être par d’audacieuses passerelles, ira, d’Angleur à Herstal et encerclera la rive gauche de la ville. Enserrée entre des communes qui sont presque des villes, Liége ne peut plus guère s’étendre; l’ingéniosité de son bourgmestre a imaginé ce vaste promenoir en hémicycle, d’où l’on découvrira un des plus beaux panoramas de cité qui soient, les méandres infinis de rues grouillantes, les vieux clochers qui disent le passé vénérable, les cheminées d’usines qui ponctuent l’activité présente, enfin cette éternelle jeunesse des frondaisons et cette éternelle fraîcheur des eaux, par quoi la nature wallonne s’offre dans sa nudité de nymphe, au regard et au sourire. M WILMOTTE G. DE Vkeese — Médaille pour l’Exposition de Liége